Chemin de Fer – Traversée des Etats-Unis et du Canada

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Telle une feuille de papier prise à ses deux extrémités, le monde se déchire humainement, démocratiquement, commercialement. Justin Trudeau démissionne de son poste de Premier Ministre du Canada. Donald Trump est élu 51ème Président des Etats-Unis d’Amérique. Nous sommes en 2025, Valentine et moi avons un projet. Les Etats-Unis, le Canada, depuis un an et demi, c’est devenu notre projet. C’était fin 2023 et l’envie de trouver un dénominateur commun, une boîte à souvenirs longue durée. Pour s’aimer, rigoler, s’ennuyer, randonner, s’énerver, s’impatienter, bouder. Qui sait. Avant de penser à nos futures émotions, laissons place à nos motivations, aux réflexions sur nos destinations, à la gestion financière et professionnelle. Ces réflexions n’ont pour l’heure pas trouvé d’objection. Pour le moment. Si nous nous sommes posés des questions, votre curiosité vous demande peut-être des explications.

Prenez part à notre récit.


Préface

En savoir plus sur la durée de notre Chemin de Fer…

Notre relation a commencé il y a environ quatre ans et demi. Comme toute relation, nous nous nourrissons de projet plus ou moins complexe. Ceux d’un week-end, d’une semaine, d’une vie. Des projets discutés afin d’y trouver des compromis. Quelque chose de cohérent, viable, qui ne nous met pas en péril. Parmi ces projets, l’expérience d’un “voyage” est omniprésente. Se créer des souvenirs loin de sa zone de confort, se conformer à une société où voyager c’est “exister”. Existons et, plus positivement, profitons de nos congés payés que nous avons mérités.

Valentine a toujours souhaité avoir une expérience de voyage significative (“significative” ayant pour définition ici “longue durée”). Son semestre Erasmus à Valence remonte quelque peu et ses voyages n’ont que très rarement dépassés les quatorze journées. Cette expérience, elle m’en a beaucoup parlé, nous avons donc longuement réfléchi à sa durée. Partir six mois sans quitter notre travail, avec un prêt immobilier, c’était compliqué. Je n’avais pas assez d’ancienneté pour prendre un congés sabbatique (contrairement à Valentine) et ma prudence financière m’a fait relativiser. J’ai accepté pour deux mois en l’encourageant sérieusement à poursuivre l’aventure seule ou accompagnée si tel était son souhait. Ces deux mois prévus en mai et juin nous permettent ainsi de profiter des jours fériés de mai, bénéficier de l’acquisition de nos nouveaux congés au 31 mai et donc de mieux négocier avec nos employeurs respectifs. Résultat, deux mois de congés payés pour ma part (j’ai seulement posé quatre jours de “sans solde” pour les deux mois) et trois mois et demi de congés pour Valentine jusqu’à mi-août 2025 (deux mois de congés payés pour un mois et demi de “sans solde”). Le bilan avant de partir est le suivant : cela fait un bail que nous n’avons pas pris de congés, l’équilibre financier est trouvé en touchant nos salaires respectifs pendant ces deux mois et nous n’avons pas à nous organiser de quelconque façon au sujet de l’appartement.

En savoir plus sur la destination de notre Chemin de Fer…

Nous ne l’apprendrons à personne mais le champ des possibles pour une période de voyage de deux mois est énorme. Valentine et moi n’avons pas forcément les mêmes attentes dans l’identification de destinations de “voyage”. D’ailleurs, la définition du mot “voyage” peut être bien différente selon les personnes. Dans notre cas, je pense qu’il est différent, sans pour autant prendre la feuille de papier à ses deux extrémités. Dans le cas de Valentine, considérons la curieuse de voir des destinations significatives, connues des guides de voyages pour leur beauté et leur accessibilité. Me concernant, l’inconnu des réseaux sociaux m’attire, s’engager hors des sentiers battus m’excite.

Dans ce contexte là, il nous a fallu communiquer afin qu’aucun regret n’ait l’opportunité de pointer le bout de son nez. Les souhaits initiaux de Valentine étaient les suivants : Costa Rica et Bali. Les miens portaient sur le Canada pour y voir mon ami Yohan et retourner au Japon afin d’y contempler sa nature (pourquoi pas l’île de Sapporo). Je n’avais personnellement aucune envie d’aller à Bali donc nous avions imaginé un itinéraire débutant au Costa Rica, passant au Canada pour y finir au Japon. Cette idée a mûri quelques semaines avant que notre raison (et portefeuille) nous remette les pieds sur terre. Nous parlons ici de trois pays excessivement onéreux, sans parler des billets d’avion de transfert entre les pays. Tant qu’on y est, quitte à parler avion, cet itinéraire ne trouvait surtout aucune corrélation avec nos valeurs environnementales. Nous avons donc dû réfléchir à une alternative qui s’est finalement orientée vers la Côté Ouest des Etats Unis et le Canada. Un peu moins exotique par rapport aux destinations souhaitées par Valentine mais des pays et étapes qui semblent l’attirer et l’enjouer. Ma seule expérience des Etats-Unis se résume à New York il y a maintenant dix ans. Concernant Valentine, c’est le grand saut vers l’inconnu.

En savoir plus sur les ambitions de notre Chemin de Fer…

Comment faire pour voir le plus de choses, dans des zones où ne nous sommes jamais allés, sans avoir le sentiment d’aller trop vite ? Répondre à cette question pourrait relever d’un casse-tête. Ceux qui me connaissent savent à quel point j’ai pu être cette personne, celle à conduire des kilomètres et des kilomètres pour voir LE spot. J’essaie de changer mais il n’est jamais simple de mettre cette fougue dans la boîte à gants quand la tentation touristique est si forte. Nous avons beaucoup préparé ce voyage sous les conseils avisés de beaucoup de nos amis. Beaucoup (!) trop de lieux nous ont été notés comme “immanquables”. Notre ambition, c’est d’accepter de dire “non” à certains endroits afin de temporiser, se reposer et profiter de l’instant présent.

En parallèle, notre ambition est de prendre un aller simple pour Los Angeles et un retour “simple” depuis New York à destination de Paris. En interne, de la voiture, du train et du bus. Il n’est pas prévu de prendre un seul billet d’avion par conscience écologique. Pourtant, sans rien cacher, environnementalement ce modèle a ses limites. Je m’explique :
– prendre le train aux Etats Unis et au Canada a (beaucoup) plus d’impact environnemental que prendre le train en France. Les trains français sont alimentés par l’électricité et cette même électricité qui alimente la grande majorité des trains français est principalement produite via l’énergie nucléaire (une énergie dîtes “verte”) contrairement à ses confrères d’outre-Atlantique où l’électricité est produite en grande partie par le pétrole, le gaz ou le charbon. D’ailleurs, les trains Nord-Américain ne fonctionnent tout simplement pas à l’électrique. L’empreinte carbone d’un trajet en train en Amérique est-elle quand même moins importante que celui d’un avion ? J’aurais tendance à dire que “oui” compte tenu de l’impact CO2 d’un l’avion mais cela resterait à confirmer.

Le modèle du “sans avion” peut également être critiqué sur deux aspects:
– Le temps : le train à grande vitesse (brandé TGV en France) n’existe pas aux Etats-Unis et Canada. Ainsi, au cours de notre périple, il est prévu que nous passions beaucoup de temps dans le train. Pour dégouter la majorité d’entre vous, lecteurs, nous avons plusieurs trajets en train de prévus, dont un de 24h (Train Coast Starlight entre San Francisco et Seattle), et un autre de… 2 jours et demi sans arrêt (Le Canadien entre Edmonton et Toronto). Quand je raconte cela à mes amis, deux équipes s’opposent : une équipe de rugby (15 joueurs) étant sidéré par “cette absurdité” face à une paire de joueurs de padel (2 joueurs) qui en aurait presque des étoiles dans les yeux. Valentine et moi, honnêtement, on est plus padel. Ce voyage n’a pas pour ambition d’aller “le plus vite possible”, surtout quand l’on a conscience des souvenirs que l’on peut se créer lors d’un temps de trajet à l’étranger. Nous avons une réelle volonté de prendre le temps, profiter de ces temps calmes, faire des rencontres, se reposer. Nous avons deux mois.
– L’argent : oui, comme en France, le train coûte (beaucoup) plus cher. Du moins… le train coûte trop cher tandis que l’avion ne coûte pas assez cher : des billets d’avion à 10€ pour aller en Espagne, c’est réaliste ? Dans notre cas, cet aspect financier, nous l’acceptons. Si nous ne pouvions pas nous le permettre, nous ne le ferions pas. Notre billet de train pour le trajet de 2 jours et demi nous a coûté 1 300€ par personne tout compris (le premier prix pouvant se trouver aux alentours de 500€ par personne). Cher ? Oui, même si cela comprend les repas, la cabine individuelle et le trajet. A 300€ par personne nous aurions pu prendre l’avion et mettre 2000€ ailleurs, mais ça nous nous en fichons. Comparons une expérience par une expérience. Trois heures d’avion n’a jamais été une expérience. J’ai toujours rêvé traverser la Russie en train avec le Transsibérien, l’Orient Express n’a t-il jamais fait rêver qui que ce soit ? Des expériences, des vraies. Celle de traverser le Canada en train en sera une, inoubliable et elle a un prix, comme toute expérience.

En savoir plus sur l’itinéraire de notre Chemin de Fer…

Un Transcontinental est accessoirement plus accessible qu’une Transatlantique. Ce n’est pas faute de s’être penché sur le sujet. La démarche me plaît, ce n’est ici pas une question de budget mais de temporalité. Je doute du terme “mémorable” quand je raconterai mon vol Paris – Los Angeles, mais, qui sait.

C’est le 02 mai 2025 que nous poserons pied à terre dans la “Cité des Anges”. C’est à cet instant précis que le sablier se verra retourné. Un sablier de huit semaines, pas une de plus, où le dernier grain de sable nous mènera à l’aéroport John Fitzgerald Kennedy de New York. Si nous grossissons le trait jusqu’à surligner ce Chemin de Fer Transcontinental, nous pourrions résumer une traversée du Sud au Nord de la Côte Ouest des Etats-Unis (de Los Angeles à Seattle), avant de rejoindre Vancouver avec l’ambition de traverser d’Ouest en Est le Canada en train jusqu’à Montréal. Enfin, un dernier trajet, en bus, jusqu’à New York.

Entre nous, en image ça sera plus simple.


Partie I – Côte Ouest des Etats-Unis

Chapitre 1 – Vendredi 2 mai ; Arrivée à Los Angeles

Qui se souvient des problèmes de mathématiques de primaire ? Prêtons nous au jeu. Valentine et Axel se sont levés le 2 mai à 06h30 heure française pour prendre un train jusqu’à Paris. A 16h40 heure française, ils ont décollé à destination de Los Angeles, 09h00 de décalage horaire, pour y arriver à 19h00, heure locale. Fatigués, Valentine et Axel se sont couchés à 21h30. Combien de temps à durer la journée de Valentine et Axel ? Chiant pour commencer un article, non ? Je confirme que cette journée fût assez “chiante” et longue, mais nous n’allons pas nous plaindre de se permettre d’aller au bout du monde.

Notre trajet en avion s’est plutôt bien passé. Un trajet avec la compagnie “low cost” Norse plutôt correct. Je doute que le nombre d’enfants de moins de 6 ans dans un avion dépend réellement du statut de la compagnie aérienne. Heureusement que Valentine avait prévu les boules QUIES et les casques audio. Occupation films pour Valentine tandis que les lectures de L’Equipe et du Courrier International m’auront occupé une bonne partie du vol. Un vol d’avion reste un vol d’avion (comme exprimé dans la préface), nous aurons quand même eu la bonne surprise de voir une impressionnante calotte glaciaire devant appartenir au Groenland ou au Canada. Un peu moins d’une heure avant notre arrivée à Los Angeles, nous avons également eu l’occasion d’apercevoir quelques reliefs Etats-Uniens, enneigés pour certains. Il est 19h00 quand nous sortons de l’avion, le passage de douane est réalisé sans problématique, le douanier étant très sympa et ouvert à discuter (“two months holidays, how is it possible ? “, “you know, America is expensive”). Une fois les bagages récupérés, tentative de connexion laborieuse au Wi-Fi afin de commander un Uber, mode de transport également recommandé par notre ami douanier. Pas simple de s’y retrouver, il nous aura fallu une petite heure avant qu’Ezequiel se pointe avec sa Hyundai pour nous déposer à l’Est de Los Angeles Downtown, non loin de la station de métro Soto. Ici on raisonne en miles, le trajet nous aura coûté 65 euros pour 21 miles (environ 34 kilomètres) Il fait nuit, pas simple de jauger le quartier où est situé le AirBnB. Celui-ci est confortable semble bien desservi par les transports en commun, et très abordable au vue des prix à Los Angeles. Il est 21h30, nous partons nous coucher.

Chapitre 2 – Samedi 3 mai ; Los Angeles

Il est 04h00 du matin à Los Angeles (13h00 en France). Nous avons prévu trois nuits pour 48 heures pleines dans la Cité des Anges. Les journées vont être longues avec le décalage horaire. Valentine se réveille quelques heures après moi, vers 06h00. Bien que l’excitation monte afin d’aller découvrir la ville, nous prenons notre temps sachant que les premiers cafés ouvrent vers 08h00. Lors du trajet en Uber de la veille, nous avons pris conscience de la taille de la ville. On nous avait prévenu mais le voir en vrai est toujours plus impressionnant. C’est plus simple ce matin de jauger avec de la lumière les environs du quartier. Nous sommes dans un quartier résidentiel, avec des maisons individuelles de plein pied. C’est plutôt propre mais nous nous demandons réellement si nous sommes bien aux Etats-Unis et non au… Mexique. Le quartier ne semble héberger que des latinos, les gens ne parlent qu’espagnol. Aucune parole critique dans ce que j’écris, c’est dépaysant. En parallèle, l’actualité politique des Etats-Unis nous montre régulièrement le problème que peut avoir Trump avec les mexicains, tout ce que je peux dire c’est qu’à première vue, les gens restent très sympathiques et respectueux. Premier café sympa, passage à l’appartement pour récupérer des affaires et nous voilà officiellement partis visiter la ville.

Nous faisons le pari de visiter la ville… en métro. Je ne saurai dire si on nous l’a déconseillé mais beaucoup de personne nous ont sensibilisé sur la nécessité d’avoir une voiture pour visiter Los Angeles. Nous sommes sur la ligne directe qui nous mène à Santa Monica (1 heure de trajet depuis Soto), avec comme arrêt sur la ligne “Little Tokyo” ou encore Los Angeles DownTown. Nous prenons donc la direction du centre-ville et ses gratte-ciels, le “Financial District” comme il l’est écrit sur Google. C’est samedi, ce quartier est… vide. J’ai oublié de le préciser mais la météo est pour le moment (et le sera toute la journée) maussade, avec une petite bruine qui rend l’air humide. Ce quartier a une architecture très moderne, chose que je trouve photogénique. Nous retrouvons dans cette zone quelques lieux de renoms comme le musée Walt Disney Concert Hall. Du Nord au Sud, nous redescendons ensuite vers l’Historic et le Fashion District. Il est tôt, il y a un peu plus de monde que dans le Financial District, mais ce n’est pas la folie non plus. Nous commençons à prendre conscience des contrastes de la ville (et des Etats-Unis?) entre chaque quartier. Des quartiers latinos, puis des quartiers très “business”, enfin des quartiers délabrés où un grand nombre de toxicomanes sont présents. Et je parle de ça après seulement deux heures maximum de marche dans un rayon de deux kilomètres. Nous ne nous sentons pas en insécurité mais il est bien connu que la drogue fait des ravages et les comportements des gens semblent imprévisibles. Juste à côté de l’Apple Tower Theatre, équivalent à un Apple Store en plein milieu de New York, nous sommes notamment témoin d’un homme, malheureusement dans un mauvais état, en train d’uriner en plein milieu du trottoir. Ambiance. Ces scènes restent quand même intéressantes afin de mieux comprendre les maux des Etats-Unis, loin du côté bling-bling du cinéma, de la musique, des stars, etc. Petit café dans l’hyper centre afin de se mettre à l’abri de cette bruine, puis nous redescendons ensuite dans le Fashion District ou bien, si je me permettre, le Shein District aux mannequins aux hanches volumineuses. Nous avons vu les principaux lieux du “DownTown”, nous prenons maintenant le métro en direction de Santa Monica.

Nous nous arrêtons à mi-chemin afin de manger non “loin” de Beverly Hills à l’Aroma Café, restaurant “méditerranéen” avec des produits du Monténégro. Des cevapis et ce genre de viande au menu, original. Avec l’ambition initiale de pousser à Berverly Hills, nous rebroussons chemin vers le métro afin de se concentrer sur les bords d’océan.

Santa Monica, Venice Beach, des noms clinquants de séries américaines qui parlent à beaucoup. L’arrêt de la ligne de métro jaune de métro a pour terminus Santa Monica, c’est pratique. L’ambiance semble très différente de ce que nous avons pu voir jusque-là. Le cliché du/de la jeune californien(ne) blond(e) en short et tongues est vite confirmé. Entre nous, c’est un peu ce que nous renvoie les clichés des séries. 500 mètres séparent la station de métro du ponton bien connu où se dresse une grande roue. Il y a beaucoup plus de monde qu’en ville, certes, mais nous nous faisons la réflexion avec Valentine que l’affluence est très vivable. L’endroit regroupe quelques boutiques de souvenirs, des stands de nourriture et un parc d’attraction avec des montagnes russes (dont fait partie la grande roue). Le lieu est très coloré, l’ambiance est agréable, loin de certains hot spots touristiques angoissant que nous pouvons retrouver en Europe. Quelques pécheurs se tiennent dressés le long des quais accompagnés de leurs cannes à pêche. C’est le rendez-vous des pêcheurs anonymes de Santa Monica, nous assistons à la prise d’un beau poisson de type ‘bar”. En fond sonore, les amateurs de sensations fortes se prennent au jeu des montagnes russes. La Grande Roue, elle, bien moins impressionnante que l’image que j’en avais, fait également le plein. Face à nous, l’Océan Pacifique d’une couleur grise d’orage. Pas de pluie, il fait bon, mais le ciel reste menaçant. C’est marée basse, il y a le long de la plage les fameux postes de surveillance de baignade sont déployés tous les 200m environ. Pas de trace de Pamela Anderson ce jour-là. Nous descendons avec Valentine sur la plage prendre les postes de surveillance en photo tout en se frayant un chemin à travers les mouettes. Environ 2 kilomètres nous séparent de la promenade de Venice Beach. Nous y prenons la direction. Je cite Valentine il y a un an “je rêve d’aller faire du roller sur Venice Beach”. Ces paroles sont dans un coin de notre tête depuis quelques temps, je sais que ses attentes sont grandes envers ce lieu. Ce n’est pas aujourd’hui une météo de type “californienne” en mode sunset lover mais la promenade est sympathique, l’ambiance est paisible entre les personnes qui se promènent et les joggeurs. Après avoir traversés grands nombres de shops vendant toutes choses touristiques possibles et imaginables, nous arrivons sur l’esplanade où l’on y trouve le skatepark. Nous sommes beaucoup à l’encercler afin de regarder les “tricks” des skateurs. Nous y restons un bon quart d’heure, c’est détente à regarder. Valentine marque le pas et décide de se motiver à louer des rollers, trop cool. Beaucoup de fatigue accumulée mais tu sais, “yolo”. Les rollers chaussés, il est prévu une heure de location pour retravailler tous les techniques de danse apprises au cours des dernières années. Une dizaine de personne se partagent l’esplanade d’un béton des plus lisses. De la musique est bien évidemment projetée par une enceinte. Les vidéos souvenirs sont prises pendant ces quarante minutes de plaisir où peu de monde pourront s’asseoir à la table de Valentine en disant “j’ai fait du roller à Venice Beach”.

La journée est très longue depuis notre réveil ce matin aux aurores. Nous continuons de descendre la promenade de Venice Beach vers le Sud afin d’aller voir les Canaux. Nous passons devant le “Muscle Venice Beach”, les terrains de paddle de Venice Beach, ou encore les fameux terrain de basket. Tout est fait pour la pratique du sport de loisir, c’est carrément cool. Arrivés aux canaux, un calme plat, très peu de touristes, une ambiance d’Amsterdam où quatre à cinq canaux sont regroupés parallèlement, bordés par de somptueuses maisons pas plus hautes qu’un étage. Nous sommes fatigués, après deux canaux longés, nous reprenons la direction du Nord direction la station de métro de Santa Monica. Plus de trois kilomètres et demi nous attendent. Nous nous arrêtons boire un café sur l’Abbot Kinney Boulevard, à “l’Intelligentsia Coffee Venice”. Nous pourrions considérer cette zone comme étant le centre de Venice Beach, lieu où cafés, restaurants et boutiques de luxe s’enchaînent. Nous rejoignons la station de métro par une zone résidentielle en parallèle de la plage. Nous sommes témoins de notre premier robot livreur sur quatre roulettes qui arrive à capter tout ce qui l’entoure afin de délivrer son colis à bonne destination. Cette zone pavillonnaire est super belle et calme, les maisons, toutes différentes, sont toutes aussi sublimes les unes que les autres. Il est 18h00 quand nous arrivons au métro. Il est prévu une heure de trajet où nous sommes accompagnés par les calmes supporters du Los Angeles FC (club d’Hugo Lloris et Olivier Giroud) qui se rendent au stade pour 19h30. Passage au supermarché non loin de notre AirBnB afin d’acheter de quoi manger ce soir et retour officiel à l’appartement après une journée de près de 12 heures pour 32 000 pas. Ca commence fort, très fort, on va très vite de coucher, un nouveau programme nous attend demain.

Chapitre 3 – Dimanche 4 mai ; Los Angeles

Les yeux et l’esprit dans le brouillard. Nous dormons bien mais le décalage horaire et notre expédition de la veille se font ressentir. Aujourd’hui devrait être une journée plus “calme”, avec moins de pas. Nous avons ciblé Hollywood Boulevard avec pour ambition de rejoindre Beverly Hills à pied. Oui, encore à pied, mais sur le papier ça fera toujours moins de marche que la veille et nous devrions traverser quelques quartiers sympas. Cette bonne vieille ligne de métro nous mène jusqu’à “7th Street” pour faire un changement avec la ligne rouge afin de remonter directement jusqu’au Hollywood Boulevard. C’est dimanche, le temps est toujours grisâtre, la fréquence des métros laisse à désirer. Dix-huit minutes avant de voir notre correspondance arriver. Sortie à Hollywood Vine et première vue sur le Hollywood Signs pour une halte directe dans un café afin de prendre un shot de caféine. C’est d’ailleurs à ce moment précis que je commence à écrire sur minewhile. J’ai pris mon ordinateur.

Sur Hollywood Boulevard, plus nous nous dirigeons vers l’Ouest, plus l’ambiance cinéma se fait ressentir. Les étoiles des stars se font marcher dessus par nos pas et les grands théâtres/cinémas/centre commerciaux illuminés ne cessent de se multiplier. Nous n’avons pas prévu de faire quelconque activité ici, nous flânons et observons. Nous prenons un petit peu de hauteur dans un centre commercial afin de profiter d’une vue directe sur le Hollywood Sign. La prochaine étape nous mènera à la Pharmacie. Oui, je suis toujours malade à cause des allergies. Gorge qui pique et nez qui coule, y a pire mais pas très agréable. Valentine en profite également pour acheter quelques produits. En parallèle, à ne faire que marcher, il n’est pas simple de trouver aisément des accès aux toilettes. Nous essayons de boire le plus possible et les arrêts techniques se révèlent souvent nécessaires. Nous retrouvons donc souvent refuge dans des supermarchés où des toilettes sont constamment présentes. Présentes, elles le sont, propres, c’est tout blanc ou tout noir. Après ce passage touristique à Hollywood Boulevard, nous prenons la direction du Sud en direction de la boutique “Nike The Grove”, seule boutique officielle Nike de la ville. Lors de notre trajet à pied, nous traversons des quartiers pavillonnaires, sans immeuble, où les maisons sont toujours aussi belles. Vous savez, ces maisons comme dans les films, non clôturées, où les voitures sont garées dans l’entrée du garage avec du gazon magnifiquement bien coupés.

Revenons à notre Nike. Pour qu’un Nike soit présent quelque part, bien évidemment que nous ne sommes pas au beau milieu de Melun, mais quand même. Nous arrivons dans un village des marques, comme cela pourrait être le cas pour les “Outlet Village” en France. Appelons ça ici un Luxury Village avec tout ce qu’il se fait de plus trendy actuellement sur les réseaux sociaux. Nous sommes ici au “Grove”, nom que semble porter ce village. Petites emplettes pour ma part au Nike avec un pull et un tee-shirt achetés, s’en suit quelques passages dans des boutiques comme Alo ou Halara pour Valentine. Si nous sortons du cadre shopping, nous n’avons pas encore mangé. Une amie de Valentine nous a conseillé un restaurant, celui-ci semble très tendance sachant qu’il y a environ une heure d’attente. Petit détour pas bien handicapant pour nos jambes, nous reprenons la direction de Bervely Hills à pied où nous trouvons de quoi déjeuner healthy puis se poser prendre un café au “Blue Bottle”. Ces pauses font du bien, notre silence en dit long sur le fait que nous sommes fiers de nous à voir autant de choses, mais en termes d’effort, ça se mérite. Il nous reste moins de 3 kilomètres pour rallier Beverly Hills. Maps donne ici les distances en miles, et autant vous dire que c’est traître sachant qu’un mile équivaut à 1,65km. Après avoir traversé grand nombre de quartiers résidentiels aux si belles maisons, nous nous permettons un petit bisous plein de fierté en se disant que nous avons réussi à atteindre notre objectif de la journée. Beverly Hills est à l’image de sa réputation : chic. Le style outdoor n’a pas forcément sa place ici aha. Ça va, je n’étais pas si mal habillé que ça mais entre nous, dans plusieurs boutiques du Grove j’ai eu l’impression de ne pas être leur “cible”. A Beverly Hills (tout comme au Grove), tout semble être dans le paraître, les personnes sont très bien habillées, se font réceptionnées leurs voitures par un voiturier, etc. Ce genre de choses qui, sincèrement, ne me dérange pas, c’est une sphère comme une autre bien que je ne fasse pas parti de celle-ci. Petit passage au parc de Bervely Hills puis il est temps de rentrer en direction du métro sachant que nous avons pour ambition de voir le coucher de soleil (qui sera inexistant, nous le savons déjà) depuis le Griffith Observatory. Uber ou bus? Le bus passe au même le plus adéquate, tout comme le suivant qui nous mène directement au Griffith. Autant nous aurions pu prendre un Uber dès Bervely Hills pour monter au Griffith, autant c’est un sacré bon plan de monter en bus au Griffith depuis les stations de métro d’Hollywood, sincèrement. Pas qu’un bon plan financier, c’est surtout pratique au vue du monde qui y monte en voiture. Cela semble être une vraie galère à stationner. Ici le bus monte sans galérer, dépose les gens sans problème et a une fréquence régulière! Je recommande. Le Griffith est un Planétarium pour le grand public niché deux cents mètres au-dessus de Los Angeles. La minorité des touristes montera pour y voir l’exposition sur l’astronomie, quand la majorité y sera pour la vue sur l’une des plus grandes agglomérations au monde. Pas de coucher de soleil donc pour nous, mais nous aurons eu l’opportunité d’avoir une vue à 180°C sur toute la ville. Derrière nous, le Hollywood Sign est dilué dans une fine brume. Petit passage vers le musée pour Valentine puis retour à l’arrêt de bus afin de prendre le chemin retour pour le AirBnB. Faute à pas de chance, la dernière correspondance de métro devant nous ramener au pied du AirBnB nous aura fait défaut trois arrêts avant la récompense. Nous en profitons donc pour acheter à manger à emporter à Little Tokyo pour ensuite prendre un Uber direction le AirBnB. Quelques tensions de fatigue se font ressentir, normal. Nous avons beaucoup donné depuis deux jours, nous avons bien discuté sur les suites à donner au voyage en termes de rythme. Nous récupérons la voiture demain, les prochaines journées devraient être beaucoup plus tranquille concernant les kilomètres à pied. Bonne nuit.

Chapitre 4 – Lundi 5 Mai ; Palm Springs

Ne serait-ce pas le jour J, le “vrai”? Quand je dis ça, je parle surtout du début du road trip, celui qui va nous emmener au delà des grandes agglomérations comme Los Angeles. Avec le décalage horaire, pas besoin de réveil pour se lever à l’heure, il est prévu que je récupère la voiture dans une agence Avis à 1h30 du AirBnB. En y repensant, je ne me suis pas facilité la vie mais bon, nous n’allons pas refaire le monde. Je vais seul en métro récupérer la voiture tandis que Valentine profite d’un slow morning. L’agence Avis se trouve à Monrovia, je découvre donc de nouvelles stations de métro après celles que nous avons eu l’occasion de bien poncé jusqu’à aujourd’hui. Il était prévu d’avoir un Toyota Rav-4, nous avons finalement le droit à une JEEP Compass. Pas mal. Tout semble clean et professionnel, je croise les doigts quand je dis ça (on verra à la restitution). La boîte est automatique et conduire aux États-Unis semble relativement “simple”. J’appréhende seulement les feux de circulation car ils ne sont pas situés au même niveau que nous. Premier trajet de 25 miles pour aller récupérer Valentine et tous les bagages. En m’attendant, Valentine en a profité pour cleaner le AirBnB et tout packer, nous voilà donc officiellement lancé sur les grandes routes américaines où beaucoup de choses sont en effet faites pour la voiture. En préparant le voyage, Valentine a souhaité aller découvrir Palm Springs, dernière ville avant le Parc National de Joshua Tree (que nous ne prévoyons pas de faire) et juste à côté de Coachella. Nous y arrivons aux alentours de 11h45. La ville est très propre et elle est surtout très réputée pour l’architecture de ses maisons. Petit tour dans le centre de la ville où nous prenons le “temps” de déjeuner. Nous n’avions pas eu l’occasion de manger ce matin entre la location de la voiture et le slow morning de Valentine. Notre choix ne fut pas des meilleurs ce jour-là niveau restaurant, rien de bien incroyable dans l’assiette. Une fois le ventre plein, nous avons spotté le quartier de “Old Las Palmas” où se trouve un grand nombre de maisons de très belles architecture. Cela n’a pas manqué, les photos parleront pour elles-mêmes. A quoi bon payer pour des musées quand des lieux comme Old Palmas sont accessibles à ciel ouvert. Bon, quand je dis “accessible” nous ne parlons pas du présence de trottoir dans le quartier. A être ici avec nos appareils photos, nous passons vraiment pour de vrais touristes. Entre nous, nous n’avons pas croisé grand monde.

Retour à la voiture, nous avons prévu de faire quelques courses avant de prendre officiellement la route vers l’Utah et l’Arizona. Dans nos plans initiaux, nous avions prévus de dormir dès ce soir dans la voiture à Stewart Point (Nord de Las Vegas) mais la météo ne semble pas vraiment être de notre côté en ce début de voyage. Nous nous sommes donc rabattus sur un AirBnB à Scenic pour ce soir. Nous avons toutefois besoin de quelques équipements en prévision de nos nuits en voiture comme un matelas gonflable. Nous trouvons notre précieux sésame dans un magasin four tout du nom de “Target” dans une zone (très) commerciale proche de Palm Springs. S’en suit quelques courses dans un supermarché afin d’acheter de quoi manger pour ce soir et demain matin.

La route est prise, plus de 385 miles au programme. Il est déjà 15h00 quand nous décollons de Palm Springs. Il est très difficile de se faire une idée de la vitesse à laquelle nous roulons sachant que tout est indiqué en “Miles per Hour”. Vous me direz, il y a juste à faire ×1,65, certes, mais ce n’est pas si instinctif. Nous enchaînons donc les portions à 1×1 voie et majoritairement des 2 à 3×3 voies. Vu le temps de trajet aujourd’hui, j’ai eu le temps de cogité et la première observation porte sur les camions américains. De mon point de vue assez innocent, je les trouve carrément impressionnants ces camions. Ils sont totalement différents des nôtres et il est intéressant de noter leur vitesse ! Des semis remorques allant à près de 120km/h, ça ne rigole pas. Nous avons sur la route un avant goût de Las Vegas que nous traversons de nuit. Nous apercevons la Sphère et les principaux hôtels comme le Bellagio. Il est 21h30 quand nous arrivons à notre AirBnB. Un mobile home au cœur d’une ferme. Ce n’est pas glamour mais pour une nuit ça fait largement l’affaire. La fatigue est différente des jours précédents. Beaucoup moins de pas aujourd’hui mais beaucoup trop de kilomètres : 815. Va falloir trouver un juste milieu parmi tout ça.

Chapitre 5 – Mardi 6 mai ; North Rim

Je suis le premier à me lever. La route a bien fatigué Valentine qui a souhaité rester éveillée hier pour me tenir compagnie. Il est 06h45 heure locale, je profite de ce temps pour trier mes photos de Palm Springs et écrire sur minewhile. Je check également l’itinéraire du jour qui a pour but de nous mener au Campground de Tuweep, juste à côté du North Rim du Grand Canyon. J’avais ciblé cette partie car elle est beaucoup moins touristique que South Rim. L’un allant avec l’autre, North Rim est beaucoup plus éloigné, d’où notre périple de la veille. Je vois ce matin que la route (l’impasse) qui mène North Rim est fermée car trop de neige, pas de chance. Concernant la route parallèle menant à Tuweep, elle semble être ouverte mais c’est de notre responsabilité de la prendre (ou pas). Ce n’est pas une route en asphalte mais une belle route de sable. Je n’ai pas envie de partir sur de mauvaises bases dès le début, nous abandonnons l’idée de découvrir North Rim et de dormir à Tuweep bien que le Campground était réservé. Bilan, on va aujourd’hui retourner vers South Rim, nous aurons fait toute cette route pour “rien”.

Nous partons de notre mobile home. L’hôte que nous croisons le temps de cinq minutes nous recommande d’aller voir le village de Kanab. Il semblerait que ce soit un village atypique où de nombreux films de Western ont été tournés. Nous notons. Nous nous arrêtons à St George, Utah, pour faire des courses et acheter une bombonne de gaz pour le rechau. Dans ce même magasin, le “manager”, Graham, nous prend sous son ail et nous recommande toutes les randonnées possibles et imaginables du coin. Il en arrive même à nous inviter à dormir chez lui. Notre road trip ayant un sens géographique, nous refusons son offrande qui se verra peut-être reportée dans deux semaines quand nous reviendrons vers Zion. Nous nous sommes échangés nos Strava (seul réseau social qu’il sait “utiliser”) et nous repartons avec un discount sur notre ticket de caisse, trop sympa. Nous nous arrêtons ensuite à Walmart acheter quelques denrées alimentaires puis déjeuner dans un fast-food coréen. Nous partons le ventre plein, nous attachons nos ceintures et rentrons sur l’autoroute puis… le drame. Aussitôt redémarré que nous voilà maintenant avec un impact de caillou sur le pare-brise projeté malencontreusement par un automobiliste. L’impact qui se propage heure après heure fait à présent une rainure prenant le tiers du pare-brise. Sans commentaire. Sous les conseils de notre hôte AirBnB, nous arrivons à Kanab sans y voir des choses bien intéressantes. Peut-être ne sommes nous pas aux bons endroits du village, nous ne le saurons jamais. Quitte à être ici, nous nous arrêtons voir un mécanicien nous disant que le pare brise n’est pas réparable mais qu’il devrait largement tenir deux semaines, que dans tous les cas il ne pas va tomber. Nous en profitons également pour boire un café dans un shop avant de repartir. Nous décidons de rejoindre South Rim par la route qui nous mène initialement à North Rim (en gros, nous faisons TOUT le tour du Grand Canyon, je ne vous raconte pas les kilomètres en “trop”). Relativisons, la route est MAGNIFIQUE. L’atmosphère est aussi bien aidée par la météo capricieuse qui nous donne de magnifiques ciels aux couleurs toutes différentes à chaque quart d’heure. Il est intéressant aussi de noter que les routes sont de très hautes altitude ici. Nous sommes montés jusqu’à 2 400m aujourd’hui, pour une altitude moyenne d’environ 1 400m je pense. Nous nous arrêtons plusieurs fois sur la route prendre des photos, aux moments où des giboulées ne nous tombes pas sur le pare-brise. Nous avons envie de tout prendre en photos tellement que les paysages sont différents de ce dont nous avons l’habitude en Europe. Au cours de ce trajet, nous longeons notamment les Vermillion Cliffs, de magnifiques montages de couleurs rouges, accompagnées d’un ciel mi-orageux mi-ensoleillé. Nous avons aussi le droit à notre première vue sur le fleuve Colorado, quelques miles au Sud de Page où nous nous arrêtons prendre des photos. S’en suit quelques miles au Sud aux environs de Willow Springs où nous officialisons notre campement pour la soirée. Il s’agit d’un parking à une centaine de mètres de la route principale avec, dans notre dos, de magnifiques montagnes rouges. Je ne saurais dire quelle heure il est sachant que cela fait 24 heures que nous jouons au yoyo avec un fuseau horaire. Quoi qu’il en soit, la Jeep est aménagée en mini-van, et nous sommes aussi bien installés sur nos chaises de camping que nous avons acheté à Graham ce midi. Une légère brise est présente, nous avons fini de dîner. Nous prenons place dans la Jeep pour une première nuit de camping qui nous attend. La journée aura été beaucoup plus équilibrée d’un aspect “rythme”. Moins de kilomètres en voiture, beaucoup de moins de pas. Nous sommes sur la bonne voie.

Chapitre 6 – Mercredi 7 mai ; Grand Canyon

La nuit a été correcte. La route n’était pas très passante mais il suffisait de quelques camions lancés pleine balle pour nous sortir de notre profond sommeil. Il fait bon ce matin, le ciel est très peu nuageux. Il n’y a pas de vent, nous prenons le petit déjeuner sur nos chaises de camping. Il doit être 06h30 environ (selon le fuseau horaire choisi). Nous prenons la route vers le Sud, direction Cameron, puis, au niveau d’un des seuls rond-point du pays, bifurquons à l’Ouest en direction du Grand Canyon. Nous arrivons au poste de garde du parc après 50 miles de route environ. La route traverse de grandes plaines, puis les belles forets de Kaibab National Forest. Nous achetons via une borne notre pass pour tous les parcs américains au prix de 80 dollars. Nous voilà donc dans notre premier Parc National Américain. La route est très bien entretenue et permet de s’arrêter à plusieurs points de vue tout au long de la route. Des “Scenic Views” comme les panneaux les indiquent aux Etats-Unis.

Le Grand Canyon donc, que dire. Passage incontournable de tous les touristes aux Etats-Unis. Combien de photos avons-nous eu l’occasion de voir de nos potes en voyage aux US ? Le genre d’endroit que tu as l’impression d’avoir visité sans même y être aller. Nous nous arrêtons à une des premières “Scenic View” : le Navajo Point. Le Grand Canyon est impressionnant, je le jure. Ce “lieu” (si nous pouvons appeler ça un lieu) est d’une immensité inégalable. Que ce soit en hauteur, en profondeur, en longueur. Nos yeux ne savent pas où donner. Imaginez-vous que depuis le haut du Canyon, là où nous sommes actuellement, il y a plus de 1 500 mètres négatif afin d’aller contempler le fleuve Colorado. 1 500m de dénivelé c’est près de 5 Tour Eiffel, ou bien je ne sais combien de sommets alpins au combien difficile d’accès. Absolument incroyable d’immensité, je me répète. C’est même perturbant car tout paraît tellement loin que nos yeux ont des difficultés à prendre conscience de ce qu’ils voient. Il est assez tôt au Navajo Point, environ 08h30, nous sommes tout seul, c’est génial. Nous continuons notre route en direction du départ de la randonnée “Ooh Aah Point”, réputée comme un des plus beaux points de vue du Grand Canyon. Au parking, nous retrouvons déjà un peu plus de voitures. Un traileur nous dit fièrement qu’il a pour ambition d’aller jusqu’au Colorado, 35 kilomètres A/R pour 1 5000m de D+. Il nous demande si nous avons prévu la même chose. Bien évidemment que non. Non pas du fait que nous n’en sommes pas capables, nous avons déjà fait bien pire en France, plutôt pour des questions de temps sachant que cette randonnée nous prendrait la journée complète. Ainsi, nous longeons les crêtes du Grand Canyon avant de descendre par le Kainab Trailhead. Nous croisons du monde sur le sentier mais c’est vivable. Le côté pervers est de descendre pour voir le point de vue pour ensuite remonter. Chose inverse en France quand nous réalisons des sommets pour ensuite redescendre vers le parking. Le lieu est sublime, les lumières ne cessent de changer en fonction du mouvement des nuages. L’Ooh Aah Point regroupe un dizaine de touristes souhaitant prendre sa photo avec le Grand Canyon au dos. Je persiste à dire que le monde a un problème avec le narcissisme quand je vois des séries de vingt photos de faciès avec un semblant de Grand Canyon en arrière plan. Ces choses me désespèrent mais ce n’est que mon avis. Nous nous posons une dizaine de minutes avant de descendre 150m dé dénivelé plus bas où il est plus simple de faire une “vraie” pause. Les chemins de randonnées ici sont très propres, il y a même des toilettes sèches (sales) à certains points significatifs de la randonnée. Nous sommes à la Cedar Ridge, nous mangeons une barre et buvons un coup d’eau. Des français nous prennent gentiment en photo avec Valentine pour immortaliser le moment. 420 mètres de dénivelé nous attendent afin de regagner la voiture. Le temps est passé, il est environ 11h30 et énormément de monde descendent vers le Ooh Aah Point. Une fois à la voiture, nous faisons environ deux miles afin de jeter un œil au Grand Canyon Visitor Center où nous achetons quelques souvenirs. Le Visitor Center résume également l’histoire du Grand Canyon, les projets de barrage, la création du Glen Powell Dam qui a réduit le débit du fleuve, etc. Intéressant.

Nous nous restaurons ensuite au Grand Canyon Village à la “Yavapai Tavern” où nous prenons le temps de nous poser. C’est burger au menu. Notre objectif maintenant est de trouver un lieu où se doucher calmement en pleine nature. Dernière halte au GrandView Point pour admirer le Canyon une dernière fois puis rendez-vous à un spot de Park4Night à la sortie du parc, en pleine foret, où nous sommes au plus grand des calmes pour se faire une douche home made à base de savon de Marseille et eau chaude grâce au réchau. Nous nous débrouillons très bien. Nous sommes tout propre, quel plaisir !

Nous avons demain une activité à Page où nous avons réservé le Lower Antelope Canyon. De ce fait, nous allons faire les deux heures de route afin de se rapprocher de Page et avoir du temps pour nous demain matin. Il y a également à Page le Horsheobend qui est un point de vue très connu. Il s’agit de falaises de centaines de mètres de haut en forme de fer à cheval où le fleuve Colorado serpente. Nous en profitons pour aller y voir le coucher de soleil. Faute à pas de chance, il fait beau mais un nuage nous gâche le plaisir d’y voir un “vrai” coucher de soleil. En parallèle, il est bon de savoir que cet endroit n’est pas un Parc National mais il faut payer 10 dollars pour y rentrer. L’endroit est bondé de personne tellement qu’il s’agit d’un hot spot touristique. Nous y restons environ 30 minutes, jusqu’au moment où nous comprenons qu’il n’y aurait pas de coucher de soleil. Allez savoir pourquoi, ce lieu est aussi blindé de moucherons. Le chemin entre le point de vue et le parking doit être de 500 mètres environ. Une fois à la voiture, notre objectif est de rejoindre notre nouveau spot de camping spotté une fois de plus sur Park4Night. Nous y arrivons et la conclusion est que celui-ci est magnifique. Nous sommes au milieu de l’Utah, dans un semblant de désert. Seule une voiture est présente à trois cents mètres de nous. La température extérieure est niquel, environ 18 degrés je dirais et il n’y a pas une brise de vent. Nous dînons des sandwichs fait maison sur le capot de la voiture, bien assis dans nos chaises camping. Le ciel est dégagé, nous voyons notre premier ciel étoilé américain. La nuit s’annonce top car nous sommes propres, nous sommes seuls, il n’y a pas de route à proximité et il fait bon.

Chapitre 7 – Jeudi 08 mai ; Lower Antelope Canyon

La nuit a été très bonne dans notre Jeep Compass. Notre Park4Night (pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit d’une application collaborative où les utilisateurs partagent leurs meilleurs spots de campings sauvages) a tenu toutes ses promesses que ce soit sur la localisation mais aussi le calme de la nuit. Seule un van est arrivé et s’est stationné juste à côté de nous aux environs de 23h00. Nous sommes toujours à cheval sur un fuseau horaire, nous pensons qu’il est 06h30 quand nous nous levons. Nous prenons le petit déjeuner sur nos chaises de camping: beurre de cacahuètes, pain sans gluten et bananes pour Valentine et donuts pour moi accompagné d’une clémentine. A près de deux kilomètres se trouvent le Lake Powell, lac artificiel créé grâce aux eaux du Colorado. Pour arriver jusqu’au spot de camping, nous sommes notamment passé sur le barrage qui a créé ce lac, impressionnant. Ainsi, le plan de la matinée est d’aller se poser sur la plage de Lone Rock Beach avant de rejoindre Lower Antelope où nous avons une réservation pour 12h00.

Pour faire un focus spécifique sur la plage et l’accessibilité de celle-ci, au delà du fait que beaucoup de choses aux States sont faîtes pour la voiture, il est aussi notable que beaucoup de choses sont faites pour le camping. Tous les lieux de camping (Lone Rock Beach en est un la nuit) est d’une accessibilité et propreté significative, avec des douches et des toilettes en libre service. Les Américains sont friands de camping. Des camping-car de taille inimaginables comme dans les reportages télé où tous les spots de camping sont plein chaque soir (et encore, on nous rappelle souvent que nous sommes loin d’être en haute saison). Nous restons près de trois heures sur la plage, avec cette vue sur la Lone Rock sortant du lac comme un iceberg. Le Lake Powell semble très très prisé des touristes, notamment américain, qui garent leur camping-car au pied de la plage. J’en profite pour piquer une tête dans le lac tandis que Valentine bronze sur la plage. Une fois de retour à la voiture, nous réalisons un petit stop à la douche de plage afin de se rincer et se laver. Pour le moment, avec l’enchainement des nuits en camping le soir, nous sommes d’une hygiène remarquable avec des douches très régulières.

Nous arrivons à Lower Antelope Canyon avec… une heure et demi d’avance. Oui, nous nous sommes plantés sur le fuseau horaire, ce n’est pas grave. Il faut mieux que ce soit dans ce sens. La personne de l’accueil nous fait aimablement passer au groupe de 11h00 comme ça nous n’avons pas à attendre. Lower Antelope Canyon, peu de gens connaissent de noms, combien en connaissent les images. Tout droit sorti d’une peinture aux couleurs ocres oranges, ce canyon profond d’une centaine de mètres a fait sa renommée sur sa couleur, certes, mais surtout grâce à ses courbes uniques. Le lieu est un peu une usine à touristes mais tout est bien organisé afin de pouvoir profiter sans se marcher dessus. Les “Narcisses” restent bien évidemment présents sur ce type de lieu, nous avons du garder notre calme (et le guide aussi) face à un couple de russes ne cessant pas de se prendre en photo dans toutes les positions. Quand je dis que les gens ont clairement des problèmes avec leur égo/faciès/confiance et j’en passe. Le tour d’environ un kilomètre dure une heure et nous aura coûté 100 euros par personne. Franchement, nous en avons pour notre argent. Il est fortement recommandé de privilégier les heures entre 11h00 et 13h00 pour avoir les plus belles lumières dans le canyon. Au-delà des touristes étrangers, j’ai noté que la majorité des gens que nous croisons sont principalement américains et retraités. Nous nous posons pas mal de questions sur le nombre de congés payés que peuvent avoir les américains et leur capacité à voyager, toutefois, il est intéressant de noter la forte population touristique américaine au sein de leurs propres Parcs Nationaux.

Le Lower Antelope Canyon est situé non loin de la ville de Page, Arizona. Avant de spotter un restaurant dans la ville, nous nous arrêtons à une station service où un très beau point de vue s’est fait connaître sur les réseaux sociaux depuis cette station service. Après avoir vu Lower Antelope, difficile de s’extasier mais l’endroit et le rocher restent très beaux. Il commence à faire très chaud à Page, pas loin de 30°C au soleil, nous partons manger à un restaurant de chicken dans la ville du nom de “BirdHouse”. Nous reconnaissons des touristes étrangers dans le restaurant que nous avons vu à Lower Antelope. Il est amusant de voir certains touristes au fur et à mesure que notre road trip avance. La logique du tour des Parcs Nationaux Américains fait qu’il nous arrive de croiser les mêmes personnes.

Il est environ 14h30, nous décidons de nous rapprocher de Monument Vallée afin d’y arriver assez tôt demain matin. J’ai spotté un Park4Night à deux heures de route de Page. Il s’agit d’un Campground (lieu de camping aménagé avec toilettes à disposition) au pied du Navajo National Monument totalement gratuit. Toutefois, c’est premier arrivé, premier servi. Ces emplacements sont habituellement payant, allez savoir pourquoi celui-ci est gratuit. Après plus d’une heure et demi de route, nous nous engageons sur une route de terre sableuse qui nous permet d’identifier un lieu calme, loin de tout, nous permettant de prendre une nouvelle douche sauvage. Trente minutes après cet arrêt, nous voilà arrivé au Campground. La moitié des emplacements sont réquisitionnés, entre motards accompagnés de leurs tentes, jusqu’au camping-car plus luxueux que notre appartement. Pour nous, ça sera nuit dans notre Jeep Compass sur notre matelas gonflable. Le lieu est en pleine nature et très très calme. Chaque emplacement dispose de sa propre table de pique nique. Nous sommes à plus de 2 200 mètres d’altitude. Nous ne nous en rendons pas toujours compte, mais nous sommes toujours à une altitude moyenne assez élevée. Même en France, il est rare d’avoir l’opportunité de dormir à si haute altitude. Il est 16h00, c’est les vacances, nous prenons ainsi notre temps pour nous reposer. Nous passons notre temps entre la gestion de nos photos et de la lecture sur nos chaises de camping. Les ombres du soleil descendent sur nos livres, jusqu’au coucher de soleil. Le dîner sera fait de salade, sandwich et d’autres produits achetés en supermarché. On nous avait beaucoup prévenu sur la mal bouffe qui nous attendait et pourtant, pour le moment nous mangeons très bien et très équilibré. Valentine a notamment une certaine facilité à trouver des produits sans gluten. Les dents sont brossés, dernier passage face au coucher de soleil avant d’aller se coucher. Le ciel est des plus dégagés, les premières étoiles font leur apparition. C’est notre troisième nuit consécutive en camping sauvage et pour le moment, tout se passe bien.

Chapitre 8 – Vendredi 9 mai ; Monument Valley

Troisième nuit consécutive dans la voiture. Elle a été bonne. L’altitude et les arbres environnant ont apporté un petit peu d’humidité, chose dont nous sommes habitués en France. Le matelas lui s’est un chouïa dégonflé, j’espère que cela n’est qu’une erreur humaine liée à la mauvaise fermeture du bouchon. L’avenir nous le dira. Nous rentrons dans notre routine du matin : petit déjeuner, réagencement de la voiture en mode conduite, c’est reparti. La mauvaise nouvelle du jour c’est le voyant moteur qui vient de s’allumer. Après l’impact sur le pare brise, le voyant, ça commence à faire beaucoup. Le message “Oil Change Required” présent depuis le début de la location a peut-être un lien avec ça. L’avenir aussi nous le dira encore. Nous prenons le risque de rouler avec.

Nous avons une bonne heure de route avant de rentrer dans Monument Vallée. Il ne s’agit pas d’un Parc National, nous payons donc 8 dollars par personne l’entrée. Je ne l’ai pas signifié jusqu’ici mais il est vrai que tous les prix affichés aux Etats-Unis sont HT. Nous n’avons donc pas payé 16 dollars ici mais un petit peu plus. Si je ne raconte pas de bêtise, Monument Valley est sur le territoire des Navajos qui sont des Indiens d’Amérique. En discutant avec des américains en prenant un café au “Visitor Center” de Monument Valley, ces mêmes personnes nous ont expliqué que sur les terres des Navajos, le taux de chômage est élevé à plus de 50%. Cette conversation avec ces jeunes retraités américains de Californie fût d’ailleurs super intéressante. Sans filtre mais constructive sur la situation politique américaine, sur le fait que les Californiens se sentent plus Californiens qu’Américains. Bref, des rencontres éphémères que nous apprécions. Une fois le café terminé, s’en suit le début de notre tour en voiture dans Monument Valley. Pour faire assez simple, il n’y a aucune possibilité de sortir des sentiers battus ici. Tout est très bien organisé à travers un tour en voiture sur des routes de terres et de sables de 17 miles (faire x1,65 pour avoir la valeur en kilomètre). Nous sommes donc ici comme dans un safari mais contrairement à des animaux, ce sont des hautes falaises orangés qui nous font sortir nos appareils photo. Nous restons dans le “Parc” près de deux heures et demi. Ma seule frustration est la difficulté à voir de la faune. Nous attendons notre dernier arrêt pour y voir un semblant de lézard. Nous avons également aperçu des sortes de grands corbeaux nichés dans les falaises, ou encore des petites souris/marsupiaux capables de monter aisément sur les rochers qui sont bien trop rapides pour que j’arrive à les prendre en photo. Conclusion de Monument Valley : un lieu que je pensais “sur côté”, un “vu et revu” des réseaux sociaux, et pourtant, qu’est-ce que je suis content de m’être trompé. Le tour en voiture est à couper le souffle, magnifique. Un paysage désertique qui permet de s’imprégner du tournage des plus grands films de Western. Je recommande à 300%.

Nous quittons Monument Vallée vers 13h30, nous n’avons pas encore mangé et nous ne mangerons pas jusqu’à notre arrivée à Moab, à près de 2h30 de route. Une chambre d’hôtel permettant de faire un break dans notre expérience camping nous attend à Moab. Il s’agit d’une ville assez grande, enclavée au milieu de deux Parcs Nationaux : Canyonlands et Arches National Park. De par cette situation géographique, la ville est très attractive pour le tourisme outdoor. Nous ne voyons que très peu de touristes un peu trop guindés, l’outdoor semble être reine ici. Il y a énormément de shops de montagne ou bien de magasins de location de vélo et/ou quad. C’est donc ici que nous allons résider pour deux nuits avec Valentine. L’occasion de se doucher, faire nos premières lessives et se reposer dans un vrai lit. Une fois avoir pris possession de notre chambre et pris une douche, direction la pizzeria au coin de la rue qui propose des pizzas sans gluten pour Valentine. Les Etats-Unis semblent être quand même bien avancé à ce sujet. Après une bonne pizza, c’est un temps de repos qui nous attend à la chambre d’hôtel avant de ressortir pour aller voir le coucher de soleil. Moab est traversé par le fleuve Colorado. De ce fait, nous empruntons une somptueuse route longeant ce même Colorado, entouré de hautes falaises, afin d’aller observer le coucher de soleil depuis une Arche proche du Parc de Canyonlands. Selon Komoot (application de planification de randonnée), un chemin est censé exister pour aller à la Funnel Arch. Je confirme, il existe MAIS, disons qu’il n’était pas accessible pour tout le monde. Je rencontre quelques difficulté sur quelques passages tandis que Valentine rebrousse chemin. Dommage étant donné que l’Arche n’était qu’à 500 mètres de la voiture mais il faut reconnaître que le passage n’était pas évident. Je décide d’aller voir rapidement l’Arche en courant tandis que Valentine m’attend en contre bas. L’arche est très belle, mais ce qui me marque le plus c’est le terrain de jeu de randonnée/trail/course à pied qui est exceptionnel. Les rochers accrochent si bien aux pieds, les paysages sont somptueux, le dénivelé progressif. Quel plaisir. Je cours rejoindre Valentine qui m’attend. Nous buvons notre bière pour la fin du coucher de soleil. Nous trinquons ensemble face à cet incroyable panorama. Les lumières tombent, nous reprenons le volant pour les 10 miles qui nous séparent de notre hôtel. Nous voilà au lit, dans un vrai lit.

Chapitre 9 – Samedi 10 mai ; Arches National Park

Aujourd’hui c’est Arches National Park. Ce n’était pas notre plan initial mais un américain nous a sensibilisé hier sur la nécessité de réserver des créneaux d’entrées de certains parcs, même si nous avons en notre possession le pass annuel “America the Beautiful”. Par chance, nous avions réservé le Parc d’Arches des mois à l’avance sans avoir connaissance de l’existence du pass “America the Beautiful”. Nous avons donc une réservation pour ce jour, samedi 9 mai, avec un droit d’entrée à 07:00am (du matin). C’est tôt, oui, mais me connaissant, tout était pensé afin de profiter des belles lumières du matin. Le réveil est à 05h45, l’entrée du Parc est à seulement 15 minutes de Moab. Les sacs sont prêts depuis hier, nous avons prévu plusieurs litres d’eau au vue des fortes chaleurs des derniers jours. Nous passons le poste de ranger sans problème aux alentours de 06h30. La route est une impasse s’enfonçant dans le parc pendant près de 25 miles. Comme pour Monument Valley, il est possible de faire beaucoup de stops sur la route pour admirer de simples points de vue ou bien pour s’engager un plus profondément dans le Parc. Il semble toujours très difficile de sortir des sentiers battus, tout est très bien délimité. Notre premier arrêt est le parking de Delicate Arch. D’ici, nous avons environ 5 kilomètres aller/retour jusqu’à l’Arche. Delicate est un des lieux les plus connus du parc, le parking est déjà aux trois quart plein. La randonnée est assez simple, par moment un petit peu “aérienne”. Vraiment rien de dangereux, c’est plaisant. Les lumières du soleil ne sont pas encore bien hautes, il fait bon. Arrivés à l’Arche, nous sommes impressionnés par les montagnes enneigées en contre plan de l’Arche. Nous pouvons les distinguer de l’intérieur de l’Arche. C’est difficile à quantifier mais Delicate doit faire près de 50 mètres de haut et elle est si fine. A se demander comment elle arrive à tenir. Le soleil est d’ailleurs au bon endroit, nous ne voyons pas l’Arche à contre jour. Une file d’attente de “narcisses” s’est placée devant l’Arche afin de prendre sa photo personnelle. Quant à Valentine et moi, c’est arrêt casse croute tout en observant le chassé croisé de selfies. Relativisons, il n’y a pas trop de monde par rapport à ce que j’ai pu voir sur les réseaux sociaux. A gauche de l’Arche, nous avons le droit à un très beau point de vue sur les pleines de l’Utah. Nous sommes nichés sur une pierre rouge aux très belles formes, ça fait de très belles photos. Nous avons bien profité du lieu, nous décidons de prendre la direction de la voiture et reprendre le volant afin de voir de nouveaux lieux du Parc. Le second du nom de “Fiery Furnace” nous sera interdit par une ranger étant donné que nous n’avons pas de “permit” pour cette randonnée. Cette situation relève toute la complexité des randonnées aux Etats-Unis. Quelles randonnées sont soumises à réservation ? Quelles randonnées en valent vraiment le coup ? Tout un tas de questions qui, bien que nous avons beaucoup préparés notre voyage, se posent plus nous avançons dans le voyage. Tant pis pour celle-ci, nous profitons du point de vue sur ces canyons et arches naturelles d’une magnifique couleur. Le soleil monte petit à petit, les couleurs se font de plus en plus brûlées.

Troisième et dernier spot pour nous dans le Parc d’Arches National Park : une randonnée de neuf kilomètres afin d’aller voir “Double O Arch”. Valentine est sceptique mais je réussis à la convaincre d’initier une dernière randonnée ce matin. Le parking est assez plein, nous commençons la randonnée aux environs de 9h30. Honnêtement, j’ai eu l’occasion de le dire précédemment, mais le terrain de jeu de randonnée ici est génial. Nous n’arrêtons pas de marcher sur des nageoires de pierres naturelles rouges suffisamment larges pour ne pas avoir peur du vide. De plus, le rocher n’est pas patiné et accroche si bien à nos chaussures. Le paysage environnant est juste exceptionnel. Je suis en plein kiff et je ne manque pas de le dire à Valentine. Cela pourrait être le paradis du trail, bien qu’il ne soit pas possible de sortir des sentiers. Prenons ces interdictions comme gage de sécurité, le danger peut venir de la chaleur où il ne ferait pas bon de se perdre ici. Nous rejoignons notre objectif de la matinée qui est la Double O Arch où tout est dans le nom. Au cours de cette randonnée nous avons vu environ cinq Arches au total. La beauté de cette randonnée repose sur la capacité à faire une boucle. Le retour est tout aussi plaisant avec beaucoup moins de monde sur le sentier. Nous alternons entre marche sur le sable et sur les rochers, des dizaines de lézards nous coupent le chemin. Il est 11h15 environ quand nous nous retrouvons à nouveau au parking, nous sommes super contents de nous être motivés à se lever si tôt et à faire deux randonnées bien qu’il eut déjà fait si chaud. Nous faisons un petit tour au Visitor Center et sa boutique avant de sortir officiellement du Parc. A cette heure, la file d’attente pour rentrer dans le Parc est impressionnante, environ 500 mètres de bouchons tandis que nous sommes rentrés ce matin à 06h30 en deux minutes seulement.

Nous sommes à l’hôtel, nous mangeons nos restes de pizzas de la veille, je me douche pendant que Valentine appelle ses parents. Quand nous inversons les rôles, je me décide à aller faire un tour chez un magasin de pièces de réparation automobile à trois minutes de l’hôtel. Le hasard fait que ce matin le voyant moteur orange a disparu, allez savoir pourquoi. Le gars du magasin est de bons conseils et m’aide pas mal. Il pense qu’il s’agit soit de la vidange qui n’a pas été faite, soit qu’elle a été faite mais que le mécanicien n’a pas reset le système (d’où le message “Oil Change Required). Dans tous les cas, nous faisons un check du niveau d’huile et nous en rajoutons, ça ne fera jamais de mal. Je reprends la route en direction de l’hôtel, le message est toujours là mais le voyant orange n’est pas revenu. Je retrouve Valentine et partons flâner dans Moab. Nous faisons un premier arrêt pour manger à nouveau un bout, puis un second arrêt pour prendre un café. L’ambiance de la ville est vraiment “détente”, nous prenons beaucoup de plaisir à se poser en terrasse. C’est les vacances. Nous occupons une grande partie de l’après-midi en déambulant de boutiques en boutiques. C’est vraiment la seule ville de montagne qui offre, jusque-là, une si grande offre de magasins. Il est près de 16h30 quand nous retournons à l’hôtel. Nous partons faire nos machines à laver pour remettre les compteurs de linge sale à zéro. En parallèle, nous profitons de l’air frais de la climatisation de la chambre pour nous reposer tranquillement. le linge est propre et plié. Il est 19h00 quand nous partons dîner au “Diner Moab”, restaurant cliché (et très esthétique) de burger et d’autres spécialités américaines. Le lieu inspire Valentine qui enchaîne de tous les points de vues possibles et imaginables les photos souvenirs. Nous en rigolons. Nous finissons le dîner avec un milk-shake que nous finirons à emporter dans la chambre. La journée et notre séjour à Moab touche à sa fin, nous n’avons pas encore très bien défini le programme de nos deux prochains jours. La chaleur désertique nous effraie un petit peu dans notre capacité à initier des randonnées de plus de dix kilomètres. Affaire à suivre, quoi qu’il en soit, c’était la dernière nuit ici à Moab, dans un vrai lit. Profitons.

Chapitre 10 – Dimanche 11 mai ; Canyonlands National Park

Dernier réveil à Moab au Red Stone Inn. C’était la dernière nuit avant un retour vers l’inconnu prévu pour quatre nuits. Nous avons convenu avec Valentine de ne pas se presser ce matin. Profitons du confort de l’hôtel. Je me lève aux environs de 06h30, Valentine dort encore. J’en profite pour mettre à jour minewhile. Nous petit-déjeunons nos provisions, prenons un café en libre service à l’hôtel et packons de nouveau la voiture. Nous allons sortir de la civilisation au cours des prochains jours, nous en profitons donc pour refaire un plein de courses, dont du pain sans gluten pour Valentine.

Au revoir Moab, nous prenons la direction de Canyonlands National Park, second Parc National qui entoure la ville, celui-ci étant situé à l’Ouest de Moab. Mon ami Arthur, grand habitué du continent américain, nous avait recommandé de randonner dans la zone des Needles. Malheureusement, la zone nous éloigne trop de nos prochaines étapes. Nous privilégions donc la zone “Nord” du Parc de Canyonlands aujourd’hui. Sachant que nous savons depuis quelques jours que nous n’allons pas pouvoir visiter les Needles, je n’ai pas forcément de grandes attentes envers ce Parc (attention, les Needles ne sont qu’une partie du Parc, celle au Nord que nous empruntons est la plus connue et touristique). Nous passons le post de garde des rangers sans problème avec notre pass Interagency “America the Beautiful” qui nous permet toujours de rentrer dans tous les Parcs Nationaux pour un an pour le prix de 80$. Contrairement à Arches, nous n’avons pas eu à réserver un créneau d’entrée en plus de notre pass. Nous entrons par l’Entrée Nord de Canyonlands et roulons en direction de l’extrémité Sud de cette même entrée (c’est une impasse) afin de profiter des “basses” lumières. Il doit être environ 10h15. Nous nous garons afin de marcher un aller-retour de trois kilomètres et demi des plus plats au Grand View Overlook Point. La randonnée est plaisante, nous pouvons très aisément nous rapprocher du bord des falaises où il doit y avoir près de 500m de gaz sous nos pieds. Canyonlands pourrait être comparé au Grand Canyon mais… c’est différent. Je ne saurais trop comment l’expliquer mais bien que ces deux Parcs soient principalement constitués de Canyon, les deux sont difficilement comparables. Canyonlands est à la confluence du fleuve Colorado et de la rivière Green River(c’est Green River qui se jette dans le Colorado). Ces deux cours d’eau ont formé avec le temps de somptueux canyons dont il est difficile d’accéder. En parallèle, nous avons vu que Canyonlands a été très exploité par l’homme dès le 19ème siècle afin d’y rechercher de l’uranium et du charbon. C’est pourquoi il est possible de voir un grand nombre de routes de terres depuis les différents points de vues. Nous constatons notamment cela depuis le Grand View Point Overlook qui nous permet d’avoir une vue plongeante sur les différents canyons et falaises. Le soleil est déjà haut mais nous pouvons voir des kilomètres à la ronde. Nous avons de la chance ce matin, quelques nuages permettent de nous apporter par moment de l’ombre ce qui ne rend pas les températures si suffocantes. Nous retournons à la voiture et nous arrêtons à un autre point de vue, le Murphy Point, qui va nous demander de marcher 5,5 kilomètres pour un dénivelé quasi nul encore. Cette marche donne sur le côté Green River du Parc National (à l’Ouest du Parc). Il n’y a pas grand monde, les paysages ne cessent de changer tous les 500m. Nous passons de prairies, à des champs d’arbustes comparables visuellement à des lavandes non fleuries, puis à des paysages rocailleux. Le point de vue final en vaut le coup, Valentine en profite pour se reposer à l’ombre d’un arbuste. Le chemin retour est exactement identique à l’aller, juste la chaleur qui commence à monter nous impatiente à l’idée d’arriver à la voiture. Nous reprenons la route direction le Nord et l’entrée du Parc que nous avons franchi ce matin. Nouvelles haltes de courtes durées pour y observer deux nouveaux points de vues ne nécessitant pas de marcher. Et au fait, comme si on l’avait oublié, en reprenant le volant, le voyant moteur orange de la voiture refait son apparition. Pression mentale dont je me serai bien passé. Considérons que nous sommes maintenant habitués, nous roulons une fois de plus avec. Nous sortons officiellement du Parc et prenons la direction de Dead Horse Point. Echec, 20$ l’entrée juste pour un souhait de pique-niquer, nous rebroussons chemin et prenons la direction du Nord de l’Utah afin de nous avancer pour demain. Concernant Canyonlands, en conclusion, bien que je n’avais aucune attente envers cette zone du Parc, je considère qu’y passer relève de l’immanquable. Il reste bien différent de tous ceux que nous avons pu voir jusque-là. Il y en a pour tous les goûts, les grands ou petits marcheurs, et également ceux qui ne souhaitent pas faire d’effort en profitant des points de vues accessibles en voiture.

En quittant Canyonlands et ses paysages aux roches rouges sang, nous atterrissons dans un paysage désertique fais de sable et… de sable un peu plus terreux. Le thermomètre de la voiture s’enflamme en un rien de temps, nous gagnons près de 10 degrés en vingt kilomètres. Il nous annonce près de 93 Fahrenheit au tableau de bord (34 degrés). Fahrenheit, miles, j’ai oublié de vous parler des litres (d’eau ou d’essence) ici. Les litres ça ne semble pas exister aux États-Unis, on se parle ici de gallon. Un gallon étant égal à 3,78 litres je crois. Donc ici les bouteilles d’eau c’est 3,78 litres, idem pour le prix affiché d’essence.

Valentine a un petit creux, nous nous arrêtons donc à la ville de Green River (où passe la rivière Green River) dans un food truck mexicain. Il est super intéressant d’identifier les zones où une rivière coule en plein milieu du désert. Au milieu de nulle part, vous pouvez voir des sortes d’oasis au cœur d’un désert à perte de vue, expliquée par le fait qu’un court d’eau, aussi petit soit-il, passe par là. L’exploitation de ces cours d’eau permettent ainsi d’y créer des cultures et entretenir une végétation verte. C’est notamment le cas ici à Green River. Si l’on en revient à notre food-truck mexicain, nous sommes assis dans une sorte d’ancienne station service faisant office de salle du food-truck. Le burrito est de qualité et donc rapidement dévoré. Avant de s’engager une fois de plus dans l’inconnu, nous nous arrêtons à une (vraie) station service afin de faire un nouveau plein d’essence. Nous avons de la chance, ce n’est pas l’essence qui va nous ruiner aux États-Unis. Bien que nous roulons beaucoup, le litre d’essence est légèrement inférieur à 1 euro (j’ai fait une conversion sachant que c’est annoncé au gallon). A sortir nos têtes de la voiture pour manger et faire le plein, nous constatons qu’il y a beaucoup de vent aujourd’hui ce qui n’est pas idéal pour la nuit.

La route nous menant à notre spot de camping du soir nous fait traverser du désert et du désert. D’ailleurs, notre spot de camping est… dans le désert, il s’agit d’un spot que j’ai trouvé sur internet proche de Factory Butte. Nous bifurquons en dehors de la route principale sur une route de terre très praticable, puis sortons encore plus des sentiers battus via une nouvelle route de terre un peu moins praticable. Ça va, nous avons une JEEP, et bien que nous avons un voyant orange allumé, ça passe. Entre nous, si nous tombons en panne ici, ça ne serait pas très “optimal”… Il est environ 17h30, le spot est à couper le souffle si l’on en croit deux aspects : sa beauté et le vent. Oui, ce même vent qui n’est toujours pas tombé qui nous fait hésiter à rester ici. Disons que le vent n’est pas si dérangeant mais étant en plein désert il soulève beaucoup de poussière et ça c’est chiant. C’est chiant pour nous et aussi pour l’hygiène dans la voiture. Par exemple, dans ce cas de figure il est très difficile de laisser ouvert les fenêtres. Après une dizaine de manœuvre à essayer de trouver l’endroit le plus correct, avec la bonne orientation de la voiture pour nous protéger de la poussière, nous retournons à notre spot de départ qui nous abrite légèrement via une butte. Le sable est aussi très dur sur cette zone, il y a donc moins de poussière qui se soulève. Nous inclinons la voiture afin de couper le vent venant du Sud-Ouest. Nous nous en sortons bien mais nous avons un peu serré les fesses sachant que nous n’avions pas de plan B et que le vent est omniprésent depuis des centaines de kilomètres.

Arrêtons nous un peu sur l’emplacement ou nous sommes. Nous sommes à 1 500m d’altitude et nous surplombons (littéralement) un désert de sable de trois couleurs différentes : gris, blanc et rouge. Quelques falaises grises ressortent de ce désert, c’est vraiment magnifique. Nous prenons le temps de lire, agencer la voiture, nous laver rapidement et nous reposer à l’abri du vent. Nous voyons défiler une dizaine de voitures qui viennent camper ou bien profiter du coucher de soleil. Il y a notamment un couple de mariés qui sont venus ce soir là prendre des photos au coucher du soleil accompagnés de leurs photographes. Si nous mettons le terme “mariage” de côté, nous faisons de même et allons prendre en photo le coucher de soleil. Le spectacle est incroyable, d’autant plus que le vent s’est légèrement calmé. La lune apparaît à l’opposé du soleil, les lumières sont magnifiques. L’espace en face de nous est tellement vaste qu’il n’est pas simple de le prendre en photo. Face au soleil, un van aménagé est positionné sur une butte de sable dur. Nous le prenons en photo, ça rend bien, le gars fait des exercices de renforcement accompagné de son chien qui joue à côté de lui. Le soleil fait que sa silhouette est à contre jour, ça rend un truc pas mal. Nous allons le voir afin de savoir si ça l’intéresse que nous lui envoyons les photos. Affirmatif, le mec s’appelle Jacob, un israélien qui habite depuis maintenant 6 ans aux Etats-Unis. Il a habité en Alaska avant de partir pour l’aventure depuis maintenant deux ans avec Pop, son chien qu’il a eu depuis que celui-ci est “puppy”. Chouette rencontre éphémère, je prends son WhatsApp pour lui envoyer la photo. Baroudeur qu’il est, nous en profitons pour lui demander quelques conseils sur des randonnées.

Notre burrito de 15h30 nous a bien calé, nous dînons quelques bouts de carottes et céleri avant d’aller nous coucher. Nous sommes la seule voiture présente, un camping car et le van de Jacob nous accompagnerons pour la soirée. Les températures sont légèrement descendues, c’est parfait pour aller dormir.

Chapitre 11 – Lundi 12 mai ; Capitol Reef National Park

La fatigue ne nous aura pas motivé à sortir de la voiture pour profiter du lever du soleil. Des bruits de pneus m’auront petit à petit réveillés en raison de voitures venues voir le soleil réapparaître. La nuit a été plutôt bonne, aucune humidité (nous sommes dans un désert, logique), et le matelas ne s’est pas dégonflé. Et oui, après deux nuits en hôtel, nous aurions presque oublié les anecdotes du matelas après celles de la voiture. Le vent est présent mais assez léger ce matin, les basses lumières rendent le désert de sable extraordinaire. Les photos que j’ai prise parleront pour elles-mêmes. Nos copines les chaises de camping nous permettent de prendre un doux petit déjeuner. Nous ne nous faisons pas de thé au réchaud, nous allons avoir bien assez chaud aujourd’hui. Nous reprenons les fameuses routes de terres de la veille, nous prenons notre temps pour ne pas trop brusquer notre Jeep dans les passages les plus délicats.

Le Parc National du jour se nomme “Capitol Reef National Park”. Il s’agit du Parc National où j’étais prêt à faire l’impasse si un aléas (ou un coup de cœur) était arrivé. Le Parc nous demande une bonne heure de route depuis notre campement de la nuit passée. Nous traversons toujours un désert des plus arides pour nous y rendre. Nous savons que nous nous rapprochons de Capitol Reef quand un cour d’eau commence à apporter de sa végétation. Des beaux arbres verts ainsi que quelques parcelles d’herbes bordent la route dans la continuité du ruisseau. En préparant le voyage, j’avais vu que Capitol Reef avait de la végétation au sein de son Parc, d’où le fait que je suppose que nous approchons du but. Je n’ai pas la moindre idée de quoi faire dans ce Parc, merci donc au Visitor Center du Parc de nous avoir guidé sur le sentier du jour. Je ne sais plus si je l’ai précisé précédemment mais chaque Parc National possède un Visitor Center où des Rangers nous accueille afin de nous conseiller et sensibiliser sur les itinéraires de randonnée. En complément, il y a tout le temps une boutique de souvenirs plus ou moins importantes à l’effigie du Parc et des toilettes. La ranger nous conseille la randonnée Grand Wash, une marche de huit kilomètres aller retour enclavée entre des hautes falaises de plusieurs centaines de mètres. Le dénivelé est quasi nul, ce qui n’est pas à déplaire à Valentine. Nous attaquons la randonnée en milieu de matinée. Les falaises sont assez impressionnantes, en effet, ce qui nous apporte pas mal d’ombres sachant que le soleil est encore assez bas. Nous échappons pour le moment à la chaleur. Cette marche n’a vraiment rien de bien compliqué mais elle est très plaisante. Au bout de quatre kilomètres, nous rejoignons une extrémité du Parc qui nous oblige à faire comme prévu demi-tour. Nous observons ainsi ce que nous avions à l’aller dans notre dos. Arrivés à la voiture, nous nous promenons en voiture sur la route descendant le plus au Sud du Parc sur une distance de 10 miles. La route est belle. Nous faisons chemin inverse et décidons de nous poser sur une table de pique-nique à l’entrée du Parc, dans une prairie à proximité du cour d’eau qui offre de magnifiques paysages verdoyants. Nous picorons des tomates cerises avant de reprendre la route en direction de Torrey, village où nous décidons de déjeuner. Dans ces bleds de l’Utah loin des métropoles, il faut s’imaginer ce que l’on peut voir dans les films : des villages avec un peu de verdure profitant de l’humidité des cours d’eau où une seule et même route traverse le village. Selon la taille du village on y retrouve… rien, c’est à dire quelques maisons et puis c’est tout, tandis que pour d’autres on peut retrouver quelques restaurants qu’on pourrait considérer comme des auberges chez nous, un ou deux motels, et si le village est vraiment “développé” un café et une boutique de souvenirs. A Torrey, nous sommes sur la dernière option. Nous mangeons donc dans un restaurant, le Rock Reef Cafe, offrant pizza et burger avec l’option sans gluten (incroyable). Nous choisissons tous les deux une pizza peppéroni mozzarella avec une pâte différente pour chacun. Ces breaks nous permettent aussi d’aller aisément aux toilettes dans des endroits propres. Nous traversons ensuite la route principale pour aller prendre un café dans un vrai café. Le Shooke Coffee Roasters, situé juste en face de notre pizzeria, vient d’ouvrir et offre du très bon café. Nous le sirotons en terrasse, il est seulement 14h30.

Après cette trêve alimentaire, nous décidons de directement rejoindre notre campement pour la nuit. Notre souhait étant de nous reposer et prendre notre temps. La route qui nous y amène traverse la forêt de Dixie National Forest. La route est impressionnante, elle nous aura mené jusqu’à une altitude de 2 960m, rien que ça! C’est plus haut que le plus haut col de l’Iseran, plus haut col routier de France. Quelques points de vue le long de cette route permettent d’apprécier les paysages de l’Utah. Entre forêt, désert et hautes montagnes. Il est 15h30 quand nous arrivons à notre campement en plein milieu de la forêt de Dixie. Nous sommes tout seul. Nous plaçons la voiture à un endroit plat et prenons le temps de nous doucher. Nous profitons que nous soyons seuls, pas de vis-à-vis ici. Seul un petit écureuil, très peu farouche, se rince l’œil face à nos corps nus. Nous prenons cette visite comme un petit plaisir de voir cette faune aussi proche de nous, jusqu’au moment où celui-ci décide de monter dans le châssis de la voiture. Nous le faisons fuir une première fois. Le problème est que ce n’est pas une, ni deux mais bien trois fois que cet écureuil est allé se foutre dans le châssis. Par peur qu’il nous bouffe des câbles et que nous nous retrouvions bloqués en plein milieu de la forêt, nous décidons de rallumer le contact et nous déplacer trois cents mètres plus loin. Nous comprenons que nous étions sur son territoire et que nous l’avons clairement dérangé. Cette anecdote est quand même incroyable, le fait est que nous nous sommes fait virer par un écureuil. J’en rigole en écrivant. Nouveau stationnement, de nouveau seul, sans écureuil. Nous lisons, nous occupons de nos photos, écrivons, mangeons et faisons une petite vidéo pour expliquer l’agencement de la voiture en mode “nuit”. Il est 20h30 quand nous montons dans la voiture, et nous sommes toujours seuls. Être seul en journée en pleine forêt c’est OK, la nuit ça reste toujours un peu flippant, qu’on se le dise. Je reste aux aguets, stressé par tous les films américains de serial killer que j’ai eu l’occasion de voir. Finalement, tout est bien qui fini bien, le marchant de sable aura fini par faire son travail.

Chapitre 12 – Mardi 13 mai ; Bryce Canyon National Park

Il n’y a pas eu un bruit cette nuit. Le vent qui a ébouriffé les arbres une bonne partie de l’après-midi s’étant calmé pour laisser place à un calme plat. Les arbres apportent beaucoup d’ombres dans la forêt, il ne fait pas si chaud à cette altitude. Je m’installe sur une zone ensoleillée en me frayant une brèche à travers les ombres. Je me permets de réveiller Valentine sinon la matinée peut être longue. Valentine est une grande “dormeuse” et bien que nous dormons dans une voiture, notre agencement est très confortable et propice à ses grasses matinées. Nous décollons vers 08h30 en direction de Bryce Canyon National Park. Nous avons près d’une heure et demi de route. Petit arrêt dans la commune de “Tropic” pour faire le plein de d’essence et siroter un café. Nous sommes au Bryce Canyon Coffee Co. et c’est bien cosy. Cold Brew depuis le début du voyage pour Valentine (quand ce n’est pas un matcha) et double espresso pour ma part.

Nous arrivons à Bryce Canyon, pas plus de cinq voitures sont devant nous au poste des Rangers. Nous nous disons que nous réalisons vraiment ce voyage à la bonne période (et nous sommes en semaine). Arrêt rapide au Visitor Center pour passer aux toilettes. Entre nous, il y a tellement de toilettes en libre service dans les Parcs que c’est à se demander si c’est bien vu de faire des pipis sauvages, notamment pour les hommes (je dis les hommes car c’est plus “facile” pour nous). Nous tentons de trouver une place de stationnement à un premier parking, échec. Nous optons pour un second deux kilomètres plus au Sud qui est un succès. D’ici, j’ai identifié une boucle de onze kilomètres pour un peu moins de 500m de dénivelé qui nous fait découvrir la majorité du Parc. J’ai peut être un peu mal introduit les choses à Valentine, elle ne semble pas enchanté par mon plan. Nous avançons et nous verrons bien au fur et à mesure de la randonnée. Bryce Canyon National Park c’est petit, mais nous nous demandons quand même comment ces stalagmites blanches, jaunes et oranges ont bien pu sortir de terres. Et tout cela dans un rayon de 10 kilomètres seulement. Certaines doivent faire plus de 300m de haut, c’est impressionnant, perturbant. Comme le dit Valentine, cela ressemble un peu à certaines constructions du Palais du Facteur Cheval du côté de Vienne (38). Après avoir surplombé le Canyon, nous descendons à pic dans celui-ci en empruntant un des sentiers les plus emblématiques du Parc : le Navajo Trail. Ce chemin s’enfonce profondément dans le Canyon, entouré par ces stalagmites. Le sentier est safe mais le nombre de passages se fait clairement ressentir. Certains rangers travaillent dur ce matin pour essayer de remettre en forme le chemin en créant des sortes de restanques afin de maintenir le sentier qui s’effondre. S’en suit donc une randonnée très agréable à travers le Canyon. Après huit kilomètres de marche nous sommes remontés sur l’extrémité Sud de la crête nous permettant de surplomber une dernière fois le Parc. Il n’y aura finalement pas eu de débat, cette randonnée nous aura permis d’apprécier tous les paysages du Parc, avec un dénivelé notable mais des plus proportionnés.

Certains Parcs ont leur propre village, c’est le cas ici avec “Bryce Canyon Village”. Il est près de 14h00 quand nous nous posons déjeuner dans une brasserie américaine. J’enchaîne les burgers/sandwichs depuis le début du voyage. Ça compense avec tous les légumes que nous mangeons le soir. Un supermarché est présent juste à côté du restaurant, nous faisons le plein de courses pour notre campement de ce soir.

Nous reprenons la route en direction de notre emplacement de dodo de voiture du soir. Une heure de route nous éloigne de cet endroit. Quinze minutes avant d’arriver dans notre palace, nous avons la très bonne surprise de passer devant un magasin “Antiques Americana”. Une boutique de bord de route qui ressemble à une brocante permanente. Nous rentrons et là le rêve. Plein de tee-shirt et objets vintage américains. Nous aurions pu acheter beaucoup de choses (nous sommes restés une petite demi heure dedans) et repartons finalement avec trois tee-shirt pour 20 dollars.

Le campement est top ce soir. Nous sommes à seulement trente minutes de notre randonnée planifiée demain. En plus de cela, nous sommes assez à l’écart des autres voitures, ce qui nous donne une position privilégiée à vingt mètres d’une petite rivière. Nous sommes les pieds dans le sable, le soleil est capricieux ce soir-là et il y a du vent, nous nous motivons quand même à nous doucher. Dîner sans chandelle avec nos tomates cerises, quelques tranches de fromages et nos mandarines. Nous avons mangé tard aujourd’hui. Le matelas semble toujours d’aplomb, nous enchaînons notre troisième nuit en voiture, toujours avec bonne humeur et bonne hygiène.

Chapitre 13 – Mercredi 14 mai ; Zion National Park

Deuxième fois du voyage que nous mettons un réveil. Il est 05h30, ça sonne, je suis très fatigué. C’est tellement dur que je dis à Valentine que l’on peut continuer à dormir, trop la flemme. Étonnamment, sa réponse ne va pas dans mon sens : “ça viens de sonner, pourquoi on ne se lèverai pas?”. Elle m’a convaincu, nous faisons un réveil express. Le soleil n’est pas encore levé, on fait le moins de bruit possible pour ne pas réveiller les autres campeurs. Nous allumons la voiture, un nouveau signal orange s’allume, celui des pneus. Le pneu arrière gauche est dégonflé. Je ne le ressens pas à la conduite mais la différence semble notable par rapport aux autres pneus selon le tableau de bord. Nous restons zen et par chance une station service est présente à moins de 500 mètres du spot de campement. Nous regonflons le pneu, RAS. Après quelques minutes de conduite, il ne semble pas à nouveau se dégonfler. S’agit-il d’une crevaison lente ou de quelque chose qui aurait pu faire pression sur la valve sachant qu’il n’y a plus de bouchon? Je ne sais pas, à voir l’évolution dans la journée. Cet épisode ne nous aura pas fait perdre tant de temps, juste une question de quelques minutes. Nous nous dirigeons en direction du Ranch Ponderosa de Zion. Nous n’avons pas à passer par le post de ranger du Parc, l’entrée de cette randonnée se fait par l’extérieur du Parc, pour y rentrer directement à pied. Nous sommes accueilli au parking par une dizaine de gros dindons qui s’enfuit à notre arrivée. C’est Graham, le gentil monsieur que nous avons rencontré au début du voyage dans la boutique outdoor de Saint Georges, qui nous a recommandé cette randonnée. Il est tôt, nous sommes pour le moment tout seul dans l’un des parcs les plus réputés des Etats-Unis. Nous commençons à marcher sous une fine bruine matinale. Les premiers cent mètres sont extraordinaires, nous voyons dévaler devant nous une dizaine de biches sortant de la forêt. Nous entamons une marche plate entre forêt et garrigue de près de trois kilomètres avant de redescendre dans un vallon. C’est ici que nous commençons vraiment à sentir l’âme de Zion avec ses grandes falaises tout autour de nous. Nous n’avons toujours croisé personne après cinq kilomètres de marche, il est temps d’une pause. Cette pause est le point final de la randonnée que nous avons initialement planifié. Elle nous permet de profiter d’une vue aux pieds des falaises du très connu “cirque” du Parc National de Zion. Je reste pour ma part frustrer de ne pas monter un peu plus haut. Je décide donc de rapidement monter à l’Observatory Point, et donc rajouter 300m de dénivelé. Valentine m’encourage à y monter tandis qu’elle compte rester profiter du calme de la nature depuis notre spot de pause. Je passe en mindset “trail” afin de ne pas trop la faire attendre. C’est ainsi que je termine à vive allure les six kilomètres aller-retour pour 300m de D+ de l’Observatory Point : la vue est à couper le souffle. Nous pourrions franchement nous croire dans Avatar. Les montagnes, les falaises sont majestueuses. Le gaz sous les pieds est impressionnant. Pour certaines falaises, nous ne devons pas être loin des 600 à 800m de vide. Je prends quelques photos depuis ce spot avant de faire marche arrière. Je croise pour la première fois des humains sur la dernière portion menant à l’Observatory Point. Je retrouve aisément Valentine et attaquons la montée jusqu’à la voiture. Strava nous dira que la portion jusqu’où Valentine s’est arrêtée aura quand même fait onze kilomètres aller-retour pour 485m de dénivelé. Juste avant d’arriver à la voiture, nous recroisons une fois de plus nos amies les biches. Nous concluons que les conseils randos de notre ami Graham fut très bon. Autre sujet mais pas des moindres, nous sommes également rassurés de voir que le pneu de la voiture ne s’est pas dégonflé.

Nous reprenons la route et nous engageons officiellement par voie routière dans le Parc National de Zion. Nous sommes accueillis par un ranger faisant des efforts en français en nous distribuant le plan du Parc, c’est sympa. Plusieurs explications au fait qu’il ait deviné notre nationalité : l’accent trop prononcé de mon “hello” ou simplement le fait de devoir donner sa carte d’identité en plus du pass “America the Beautiful”. Nous entrons dans le Parc et que dire… la route est horriblement magnifique. Nous roulons enclavé dans ces falaises extrêmement hautes, faites de blanc et de rouge. Juste “wahoo”, je pèse mes mots. C’est une claque que je suis en train de prendre et il est important de noter que tout est très bien pensé par les gestionnaires du Parc afin de profiter de l’expérience. Sans déconner, on se croirait vraiment dans Avatar (avec un peu moins d’eau). Nous nous arrêtons à plusieurs points de vue afin d’immortaliser le moment. C’est difficile quand on y pense mais nous faisons aussi le nécessaire afin de laisser l’appareil photo de côté et profiter du moment présent. Ce n’est pas toujours simple mais nous essayons. Nous empruntons un tunnel, puis un second de très grande taille qui nous permet de sortir à une autre extrémité du Parc. La vue en sortant de ce tunnel restera mémorable. C’est l’une des premières fois que je roule aussi lentement (genre 20km/h) pour profiter des moindres secondes. Zion National Park, au-delà de sa beauté, est très connu pour deux de ses randonnées : les Narrows qui ne nécessitent pas de permis, qui est une marche dans l’eau à travers des canyons et Angel’s Landing qui est une randonnée aérienne magnifique qui elle nécessite un permis.

Nous sortons progressivement du Parc et prenons la direction du Visitor Center à l’extrémité Ouest du Parc. Le Parc est tellement réputé que nous sommes dans l’incapacité de trouver une place de stationnement. Nous arrivons à nous garer à 500m de là sur un parking payant : 25$ pour la journée. Nous planifions de rester moins d’une heure mais bon, avons-nous réellement le choix ? Surtout que pour rentrer dans les moindres détails, je meurs d’envie d’aller aux toilettes depuis près de deux heures. Ces 25 dollars sont donc presque nécessaires. Nous achetons quelques goodies au Visitor Center puis repartons à la voiture. Nous avons l’agréable surprise de voir que nous avons pris une amende de 60$ ce qui a eu le don de mettre une bonne ambiance entre Valentine et moi. Elle m’avait prévenu en étant garé à contre sens de circulation. Ça gonfle Valentine, je prends du recul sur la situation. Après avoir payé 25$ l’heure de parking, suis je à 60$ près… oui mais bon, tant qu’on y est. Entre nous, j’avais très envie d’aller aux toilettes.

Nous sortons du Parc et déjeunons à Springdale (ville où j’ai officiellement pris l’amende), puis partons en direction de Saint George, ville ou nous sommes passés à l’aller (celle de Graham). Nous nous arrêtons à un Avis (Rental Car) pour faire diagnostiquer les différents soucis que nous avons sur la voiture : pare brise fissuré, voyant moteur allumé et accessoirement : le pneu. Selon lui, RAS, et si nous le voulons vraiment, nous pouvons changer de voiture à Las Vegas demain. Je pense que nous allons avoir la flemme de faire le mouv’ mais il est toujours agréable de se faire rassurer par autrui. Nous effectuons un nouvel arrêt à un café à Saint George pour chiller et profiter d’une connexion Wi-Fi de qualité. Dernier stop urbain à Walmart pour faire quelques courses pour ce soir puis direction notre campement du soir.

Nous prenons la direction de Las Vegas. Nous perdons près de 1000m d’altitude entre Saint-Georges et notre campement. Nous avons déjà emprunté cette route de nuit il y a dix jours, c’était lors du périple entre Palm Springs et notre nuit en mobile home à Saint-Georges. Ce soir, nous planifions de dormir au Stewart Points, sur les rives du lac Mead. Je pense que cet immense lac est la réserve d’eau de Las Vegas qui est une Réserve Naturelle. Petit flippe en voyant une voiture de police le long de la route allumé les gyrophares après mon passage pour… se diriger à sens inverse du mien. Ouf. Sincèrement, c’est stressant de conduire à l’étranger. En France tu connais le fonctionnement, à quoi ressemble un radar, ou bien la police, nous avons Waze, et au pire nous savons ce que nous risquons si nous nous faisons chopper. A l’étranger, nous ne savons jamais et ça c’est toujours un peu une charge mentale. Nous sommes au Stewarts Point, cinquante mètres au dessus de Lac Mead. Le lieu est exceptionnel. Nous sommes passés sur le fuseau horaire de Los Angeles, nous allons donc pouvoir profiter du lieu une heure de plus. C’est calme et les premières voitures environnantes doivent être à 200m à vol d’oiseau. Nous pouvons donc nous doucher au calme, dîner et profiter du coucher de soleil. Un très beau ciel étoilé accompagne notre sommeil. Il fait bon, environ 18°C je pense, au milieu du désert sans humidité, nous sommes dans un très gros kiff.

Chapitre 14 – Jeudi 15 mai ; Las Vegas

Sur les bords du lac Mead nous prenons notre temps ce matin. Valentine roupille dans la voiture tandis que je bronze sous le soleil du matin aux alentours de 06h45. Je vois apparaître autour de moi un peu de faune comme un lièvre aux grandes oreilles (du nom d’Antelope Jackrabbit), un âne et des… coyotes qui rôdent gentiment autour des quelques voitures autour du lac, comme la nôtre. Je ne ressens aucun danger venant de ces animaux, ils ne s’approchent pas à plus de 50 à 100m. Valentine se réveille, elle semble avoir bien dormi. Aucune humidité, un silence des plus paisibles, il faisait tellement bon que c’était la première fois du voyage que je dormais torse nu.

Après avoir bien profité du début de matinée au bord du lac, nous décollons en direction de Las Vegas, étape inscrite à notre planning où nous avons une nuit réservée là-bas. Sachant que nous avons un peu bifurqué pour venir sur les bords du Méad, nous n’empruntons pas l’autoroute (il n’y a pas de péage visible ici, le loueur nous a dit que nous allions être débité d’un certain montant à la fin de la location) mais traversons toute la réserve naturelle : la “Lac Mead National Recreation Area”, qui n’est simplement qu’un désert. Un désert mais encore et toujours avec des reliefs ! Pouvons-nous dire que nous commençons à nous lasser, je ne sais pas, une chose est sûre, c’est toujours aussi beau. Premières apparitions du monde en mode “Las Vegas” quand nous arrivons proche du” Westin Lake Las Vegas Resort”. Ce lieu est un premier oasis au milieu du désert avec un immense lac, des villas, golfs et piscines avec une belle végétation verdoyante. Nous entrons ensuite dans la ville en tant que t-elle et ses grandes allées de circulation entre 4×4 voies ou plus. Ce périphérique américain nous mènera jusqu’à notre hôtel des plus sobres : l’Excalibur, hôtel en forme de château fort (et pas un petit). Nous nous garons au parking de l’hôtel puis prenons possession de notre chambre aux alentours de 12h00. Nous comprenons rapidement qu’à Las Vegas, tout coûte cher. Nous qui pensions avoir tout payé, nous prenons près de 70$ de frais qui apparemment n’était pas inclus. Bon, OK, avons-nous le choix ? Notre chambre est au 10ème étage sur 28, elle doit faire près de 50 mètres carré avec une vue sur la piscine. La chambre est bien, grande mais reste sobre. Dans le classement étoilé des hôtels, nous sommes ici dans un trois étoiles. Nous prenons une petite heure pour souffler un coup avant de ressortir acheter quelques trucs à grignoter. Avant de monter dans la voiture, nous prenons un peu de hauteur en montant au dixième niveau de notre parking pour apprécier une vue sur notre hôtel et les environs. Autour de nous se trouve la salle de concert/spectacle/sport de Las Vegas : La T-Mobile Arena, et le stade de Las Vegas : l’Allegiant Stadium. La ville perdue au milieu du désert possède une équipe de Football Américain (NFL), les Raiders, une équipe de hockey sur glace (NHL), les Golden Knights et une équipe de basketball féminin (WNBA), les Aces. Notre virée en voiture nous permet de jauger la ville avant notre “exploration de ce soir”. Les distances sont importantes, et les buildings (qui ici sont des hôtels) sont hauts, très hauts. Dans le cas de la majorité des hôtels ici, la partie Casino se trouve au rez-de-chaussée tandis que les chambres d’hôtel se trouvent au-dessus, sur des dizaines et dizaines d’étage. Nous apercevons en plein jour la Sphère, le Caesar Palace, le Bellagio, le Luxor, Mandala Bay, la Tour Eiffel made in Las Vegas et j’en passe. Nous retournons à l’hôtel pour ensuite descendre à la piscine pour environ deux heures. Cette parenthèse chlorée m’aura donné gage de satisfaction en finissant mon premier livre sur les trois que emmené au cours du Chemin de Fer. La piscine n’a pas une ambiance trop “beauf”, ça va, par contre, au vue du système son, nous pouvons imaginer les pool party qui doivent parfois se passer ici. Fermeture de la piscine à 18h00, douche à la chambre d’hôtel, puis début de notre sortie nocturne à Las Vegas. Beaucoup de monde ici est très apprêté. Entre quelques EVJF ou simplement des groupes d’amis venus faire la fête, nous avons troqué nos shorts de sport par des shorts de ville. Entre nous, il y a quand même un contraste vestimentaire entre les futurs bringueurs et nous. Nous dînons dans une sorte de food-court abordable, bien que la bouteille d’eau d’un litre nous aura coûté 11 dollars. Tous les lieux où nous entrons, dont les hôtels, ont l’air de regrouper beaucoup de choses différentes : des boutiques, un casino, un hôtel, des restaurants, des boîtes de nuit. Tout est un peu fait pour rester dans un seul et même endroit si nous le souhaitons. En sortant du Cosmopolitan, lieu où nous avons mangé, nous faisons quelques pas afin de profiter du show de jet d’eau de l’hôtel Bellagio. Ca, sincèrement, c’était pas mal du tout. Le show est synchronisé sur des musiques et c’est vraiment pas mal. Nous aurons eu le droit à une chorégraphie aquatique sur du Mickael Jackson. La fréquence du show a lieu toutes les quinze minutes après 20h00. Nous nous amusons ensuite à rentrer dans les différents casinos, sans jouer, pour y voir les différentes ambiance. Le complexe destiné à la France avec des représentations de la Tour Eiffel, de l’Arc de Triomphe, du Louvre et j’en passe est plutôt bien fait. L’intérieur est aussi très joli avec un plafond représentant le ciel et les pieds de la Tour Eiffel étant dans la salle principale au milieu des machines à sous et des différents restaurants. Autant vous dire que déjà que Las Vegas est (très) chère, le complexe France n’a pas de déroger à la règle. Guy Savoy y a notamment posé son nom pour un kiosque de brioche, vous pourrez y retrouver un pain au chocolat pour le prix très abordable de 8 dollars. Et ce n’est qu’un exemple. Nous prenons tranquillement le chemin de retour à l’hôtel où nous ne cessons de nous faire alpaguer pour prendre des photos avec des hommes et des femmes en tenues de “cabaret”, ou encore prendre des vidéos à 360° sur une plateforme qui tourne sur elle-même. Je ne compte même pas le nombre d’interactions comme celle-ci que nous avons eu ou vu en à peine deux heures.

Las Vegas est donc un show en plein air au beau milieu du désert. Ce lieu est pour moi une hérésie au vue des enjeux environnementaux que nous traversons. Au-delà des consommations énergétiques démentiels, que pouvons-nous dire de l’eau quand l’on voit la végétation ici. J’ai envie de dire que l’accès à l’eau reste un problème de politique intérieur. A voir l’évolution du niveau d’eau des lacs artificiels du Lac Powell et le Lac Mead. Concernant l’ambiance en tant que t-elle, l’amusement est différent pour chaque individu. Est-ce que Las Vegas pourrait me plaire entouré de mes amis pur faire la fête le temps d’une nuit ? J’aurais tendance à dire, pourquoi pas. Mais il faut quand même être bien accroché quand l’on voit la population qui règne ici et qui semble bien différente du show-biz français. Et que dire des prix ici… c’est à s’accrocher à son portefeuille. Je n’ose même pas imaginer le prix de l’alcool en boîte de nuit. Nous aurons vu Las Vegas le temps de 24h. C’est assez pour se permettre de parler de la ville et de pouvoir donner son avis. Pas de regret d’être passé ici. Profitons maintenant d’une nuit dans un vrai lit : un king size.

Chapitre 15 – Vendredi 16 mai ; de Las Vegas à Isabella Lake

Ce n’est pas parce que je dors dans un grand et vrai lit que mon rythme de sommeil va changer. 06h30, mon esprit se réveille. J’avais prévenu Valentine hier que si je me levais tôt, j’irai courir. Valentine dort encore. J’essaie de faire le moins de bruit possible en enfilant mon short, tee-shirt et mes chaussures. Me voilà au milieu de Las Vegas Boulevard au petit matin. C’est calme, trop calme. Quelques joggeurs ont embrayé le pas, sinon, le Boulevard est presque vide. Je croise quelques personnes rentrant de soirée, dont des filles talons en main qui semblent avoir mal aux pieds. L’ambiance festive de Las Vegas se fait aussi ressentir par les odeurs. Les agents de propreté semblent faire le maximum afin de nettoyer l’alcool rejeté au cours de la nuit. C’est une nouvelle journée qui semble commencer à Las Vegas, celle du reset post chaos de soirée. Et j’imagine que c’est comme ça tous les jours. Mon run m’aura conduit dans tous les principaux lieux de la ville. J’ai notamment découvert la zone “Venise” que je n’avais pas vu la veille. J’ai également poussé jusqu’à la Sphère avant de revenir à l’hôtel. 7,7km avant que la fournaise du désert ne reprenne sa place. Valentine dort encore quand je rentre. J’en profite pour me doucher, me raser et déjeuner. Valentine se lève après avoir profité d’une bonne nuit dans le king size. Pendant que je décide de trier mes photos et faire du rangement, elle prend la direction de la piscine pour une bonne heure. Parmi toutes les options payantes de l’Excalibur que nous avons déjà payé, le “resort” en fait parti, donc autant rentabiliser cette ligne de la facture.

Nous y voyons un peu plus clair sur nos prochaines étapes depuis hier soir. Étant donné qu’il est prévu de faire les Parcs de Sequoia et Yosemite, nous prenons la décision de faire l’impasse sur le Parc National de la Vallée de la Mort. La “Death Valley” aurait pu être considérée sur la route mais les distances sont tellement immenses qu’elle nous ferait réaliser un détour de près de trois heures pour aller à Sequoia. La flemme. Au retour de Valentine, nous refaisons les sacs et partons officiellement de cette ville au combien surprenante qu’est Las Vegas. Il est 11h00 et nous prenons la direction Los Angeles par l’autoroute. Nous nous orientons vers le Sud. Sur le GPS, nous avons rentré la destination du Peggy Sues 50’s Dinner à Yermo. A se demander si nous ne réalisons pas un retour vers le passé en entrant dans ce restaurant. Tout à l’intérieur est typique de cette décennie, jusqu’à la tenue des serveuses. C’est pas mal dans l’assiette et l’ambiance est vraiment sympa. Le restaurant a même au sein de son établissement une boutique en son nom. Après déjeuner, nous décidons de traverser l’autoroute sur cinq miles vers le Nord pour aller visiter une ghost town : Calico. Cette ghost town n’est pas, comme d’autres, une ville abandonnée dans son jus au milieu du désert. Cette ghost town est une ancienne ville qui a été transformée en musée afin d’expliquer comment elle est devenue ainsi. L’entrée nous coûte 8 dollars par personne et, bien que le côté atypique soit un peu enlevé par le fait que ce soit devenu un musée, il est super intéressant de comprendre que ces villes fantômes sont principalement des anciennes villes minières où on y recherchait par le passé de l’argent. Ainsi, suite à la chute du prix de l’argent, ces villes se sont vues rayées de la carte. Nous y restons une heure avant de reprendre la route vers Isabella Lake, lieu où nous avons ciblé notre Park4Night pour ce soir. Nous nous arrêtons au Walmart de Ridgecrest sur la route avant d’arriver sur les rives sur de l’Isabella Lake. Notre campement se trouve ce soir derrière un barrage, le long de son déversoir qui forme une belle petite rivière. Ce lieu semble regrouper beaucoup d’américains amateurs de camping mais également une faune des plus belles. Oiseaux, écureuils, rapaces et j’en passe. Je me dis quand même que l’argent peut acheter beaucoup de choses, mais quel plaisir pouvons nous trouver dans le camping afin de profiter de toute cette nature et ces animaux à l’état sauvage. Après un changement de rive souhaité par Valentine, nous nous retrouvons sur un spot plus calme que le précédent, avec moins de barbecue, qui devrait nous permettre de passer une nuit assez calme et reposante.

Chapitre 16 – Samedi 17 mai ; Sequoia National Forest & Park

Ce matin, nous venons de passer notre huitième nuit dans la voiture. Et aujourd’hui, c’est le début des Parcs Nationaux de Californie en la personne de Sequoia National Park. Du moins, ayant fait l’impasse sur la Death Valley, nous avons plus où moins gagné une journée sur le programme initial. De ce fait, nous allons avancer tranquillement en direction de Sequoia sans se presser. Comme toujours, je me lève le premier ce matin. Je vois déambuler écureuils, oiseaux et aigles devant moi. J’ai placé ma chaise de camping face au soleil. Valentine prend son petit déjeuner une bonne demi heure après moi. Ce n’est pas toujours facile de s’extirper de la voiture en pleine nuit pour aller aux toilettes donc parfois ça accélère le réveil. Nous prenons ce matin la direction de Sequoia. Il y a deux lieux à ne pas confondre : le Parc National et la Sequoia National Forest qui entoure le Parc National du Nord au Sud. Nous concernant, nous allons arriver au Parc National par le Sud, en traversant donc une première partie de la forêt. J’ai identifié une petite marche dans la Forest se nommant “Trail of the 100 Giants”. Nous y prenons donc la direction. Sur la route, nous sommes impressionnés par l’impact des feux de forêt sur le paysage et les arbres. Depuis que nous sommes entrés dans la forêt, c’est un paysage ravagé par les flammes ou peu d’arbres semblent avoir survécu. Après quelques recherches, il y a plusieurs points à prendre en compte concernant ces feux. Beaucoup d’entre eux sont “involontaires” ou criminels, il y a d’ailleurs énormément de sensibilisation sur le bord des routes afin d’alerter sur le risque incendie. En parallèle, il s’avère que les incendies ont pu être volontaires par le passé (chose qui est apparemment interdite maintenant). Les incendies aident apparemment à la prolifération des séquoias géants. Bref, pour revenir à notre marche dans la forêt, nous empruntons une route semblable à une belle route de montagne pleine de virages qui nous mène donc au début de notre marche. Par malchance, un groupe d’une dizaine d’indiens sont arrivés quelques minutes avant nous. Nous repasserons donc pour le moment calme en forêt. De toute manière, cette randonnée est de (très) courte durée. L’itinéraire a été fermé après seulement 1 kilomètre en raison des incendies afin de laisser la nature se restaurer.

La route que nous choisissons faisant la jonction entre la forêt et le parc est digne des routes de montagnes les plus chiantes que nous connaissons. Des virages et des virages sur des dizaines et des dizaines de kilomètres à n’en plus finir. D’autant plus qu’ici nous raisonnons en miles, et non en kilomètre, c’est d’autant plus long ! Nous bifurquons à un moment sur une magnifique route nous menant au Parc National. Cette route est entourée de prairies à l’herbes hautes très sèches, abritant un grand nombre de ranch. Nous sommes au cœur de la Sierra Nevada. La Sierra Nevada est un massif montagneux de Californie faisant parti de la “Cordillère Américaine”. C’est une zone très étendue du Sud au Nord de la Californie avec des paysages variés, dont certains assez arides, à l’image de ceux que nous traversons actuellement. Au-delà de ces prairies, des basses collines nous entourent, assaisonnées de quelques arbres isolés sur ces mêmes collines à l’herbe sèche, c’est magnifique, d’autant plus que nous sommes totalement seuls. Enfin, si par seul nous parlons seulement d’humains. Il est difficile d’imaginer la quantité d’écureuils présente le long de cette route. Nous nous parlons d’une centaine de kilomètres de route ou nous avons du voir plus d’une centaine d’écureuils, si ce n’est plus. Beaucoup d’entre eux semblent avoir leur terrier à proximité de la route, imaginez vous la complexité à les éviter quand certains sortent de leur trou. Ce jour-là, en faisant le plus attention possible, deux n’auront malheureusement pas eu le destin rêvé. Désolé. En parallèle, cette présence d’écureuils doit aussi expliquer la forte présence de serpents et de rapaces. La faune de cette zone est impressionnante. Après les écureuils, autant vous dire que les serpents, eux aussi, ne sont pas des plus simples à éviter sur la route… Bref, les paysages sont incroyables, certaines zones regroupent de magnifiques fleurs, nous nous arrêtons à plusieurs reprises immortaliser le moment avec nos appareils photos. La route débouch à Yokohl Valley afin de prendre la direction du Nord et de Three Rivers, village où nous planifions de déjeuner. Nous nous arrêtons sur le bord de route dans un café proposant également des lunch, le Sequoia Coffee Co. Nous faisons un plein d’essence avant de rentrer dans le Parc, passons le poste des rangers et commençons les nombreux lacets permettant de monter aux Sequoia. Nous observons que les Sequoia ne se trouvent pas en basse altitude. La route que nous empruntons nous mène à près de 2 500m d’altitude, zone où les séquoias géants sont présents. Nous nous garons quelques kilomètres avant le hot spot touristique du Parc, le Sherman Sequoia. Cet arrêt précoce nous oblige donc à marcher quelques kilomètres supplémentaires, ce qui n’est pas un mal lors d’une nouvelle journée forte en kilomètres routiers. L’ambiance ici est fascinante, nous sommes tellement montés en altitude que nous sommes à présent dans un nuage. Un léger effet de brouillard s’empare des troncs des arbres, je n’en attendais pas moins pour prendre de chouettes photos. Une fois de plus, nous sommes aussi marqués par le fait d’être aussi seuls à partir du moment où nous sortons des sentiers battus. Nous sommes livrés à nous-mêmes face à ces monstres de bois qui nous regardent de (très) haut. Nous sommes aussi fascinés par cette couleur noire des troncs, dont nous manquons d’explication. Quoi qu’il en soit, plus nous nous rapprochons du Sherman, plus la marrée touristique se fait ressentir. J’abuse par le terme “marrée” mais il y a en effet de plus en plus de monde. Une légère pluie, puis de légers grêlons font leur apparition quand nous approchons du Sherman. Difficile de trouver un côté “wahoo” au Sherman à côté des autres géants que nous avons vu jusque-là. Une chose est sûre, il semblerait qu’il soit le plus gros (en terme de largeur de tronc) sequoia au monde. La météo se calme et elle ne remet pas en question notre motivation à marcher un petit peu. Nous continuons donc notre “marche en forêt” des plus plaisantes et des moins passantes. Celle-ci nous aura comptabilisé près de 9,3 kilomètres au total, pas mal. Arrivés à la voiture, nous réfléchissons à nos plans de la nuit. Il est 17h00 et le coucher de soleil est à 19h30. Si nous dormons dans les environs à cette altitude, nous allons avoir très froid et humide. Nous décidons donc d’appuyer le plus possible sur le champignon afin de se rapprocher de Yosemite, prochain et dernier Parc du road trip. Apres être fortement redescendu en altitude, nous empruntons une ultime route de la Sierra Nevada comparable à celle de ce matin qui nous mènera au pied du lac de Trimmer. Un campground habituellement payant semble être ouvert au public avec personne au poste de garde. Nous rentrons, posons la voiture et réalisons notre rituel du soir. La journée fut riche en kilomètre mais plutôt équilibrée. Nous avançons bien, très bien, ce qui nous apporte beaucoup de flexibilité pour les prochains jours. Nous rendons la voiture jeudi soir à San Francisco.

Chapitre 17 – Dimanche 18 mai ; de Pine Flat Lake à Yosemite National Park

Journée transition aujourd’hui. Comme dit précédemment, nous avons gagné une journée en n’allant pas à la Death Valley, ainsi, nous souhaitons nous rapprocher le plus tôt possible de Yosemite National Park afin de nous donner du “gras”. La nuit a une fois de plus été calme. Une soirée en plein air semble avoir eu lieu dans les environs hier mais la musique s’est arrêtée vers 22h00, ça va. Le campground où nous nous sommes installés était finalement payant. Un homme à bord d’un pick-up est venu aux alentours de 08h30 nous demander si nous avions passé la nuit ici. Il s’agit d’un homme assez âgé vêtu d’une veste Camel, la marque de cigarettes. L’homme est détendu et aimable. Bien que ça nous emmerde, nous n’avons aucune volonté de mentir. Nous lui donnons donc les 25 dollars pour la nuit où s’en suit une courte conversation sur le Pine Flat Lake et son niveau d’eau très haut à cette saison en raison de la fonte des neiges. Paraît-il que le lac pourrait même déborder du barrage prochainement.

Nous ne souhaitons pas remonter à Yosemite par les axes routiers principaux. Nous allons donc droit au Nord pour passer les petites routes de montagne. Il n’y a personne sur les routes, nous traversons différents paysages, entre forêts brulées par des incendies, plaines d’herbes séchées à la “Sierra Nevada” et quelques paysages montagneux. Le peu de paysages montagneux que nous traversons pourraient faire penser aux Pyrénées, avec de la roche et de la végétation ayant un côté “aride”. Nous sommes à la recherche d’un café que nous trouvons à North Fork, au Rebelz Coffee. Café amusant où il s’agit d’un drive, les gens venant chercher leur café directement en voiture. Il y a quelques tables de pique nique à l’ombre où nous nous asseyons sur un trottoir pour profiter du soleil. Malheureusement pour nous, la connexion Wi-Fi est loin d’être fonctionnelle. Notre parenthèse numérique aura été de courte durée. Cafés avalés, nous continuons notre périple en direction de Yosemite en se référant à Maps, sans GPS, n’ayant pas internet dans ces lacets de montagne. La route nous fait passer de lac en lac, notamment l’agréable Bass Lake, juste avant d’arriver à Oakhurst où nous prenons le temps de déjeuner. Avec le peu de réseau que nous avions en arrivant dans cette commune, Valentine avait spotté un restaurant de grillade, le Smokehouse 41 BBQ. Nous mangeons bien, et nous avons encore beaucoup de temps devant nous étant donné que l’entrée de Yosemite se trouve à une heure de route d’Oakhurst. Un semblant de fatigue commence à pointer le bout de son nez aussi. Entre perte de patience sur des détails et planification des prochains jours au sein de Yosemite, il aura fallu faire preuve d’efforts communs et de bonne communication afin de se remettre sur les bons rails. Les bons rails commençant par un nouveau café à Oakhurst, dans un lieu moins bruyant que le précédent restaurant, au Peet’s Coffee & Tea. S’en suit ensuite les dernières finalisations avant de rentrer dans le Parc entre derniers réassorts de courses et plein d’essence. ll est 15h00 et nous voilà en direction de Yosemite National Park, Parc emblématique des Etats-Unis et dernier Parc de notre séjour dans l’Ouest Américain.

Nous arrivons à Yosemite par l’entrée Sud, sachant que nous venons d’Oakhurst. Je n’ai pas envie de dire de bêtises mais je pense qu’il y a quatre entrées pour le Parc, dont une qui ouvre assez tardivement, le Tiago Pass, que l’on aurait aimé emprunter si nous avions fait la Vallée de la Mort. Malheureusement pour nous, le choix de ne pas avoir pris cet itinéraire est expliqué par la fermeture de ce Pass (col routier) qui monte à plus de 3000 mètres d’altitude et qui est encore fermé par cause neige. Par là où nous rentrons, ce qui est bien, c’est que nous arrivons directement par le point de vue Glacier Point. Je souhaitais initialement faire ce point de vue en randonnée, jusqu’au moment où j’ai vu qu’une route y montait directement. Pourquoi donc se faire chier pour quelque chose accessible en voiture. Le Parc de Yosemite est assez grand et est composé de lieux tous aussi emblématiques comme sa vallée et ses falaises. Nous traversons beaucoup de forêt avant d’arriver au Glacier Point. Ce point de vue est très connu et permet d’admirer le Half Dome, sommet et randonnée au combien emblématique où des câbles ont été installés sur ce bloc de roches afin d’y monter sans être équipé. Le Parc est grandiose. Nous avons depuis le Glacier Point une vue en hauteur à plus de 180°C sur Yosemite. Franchement c’est impressionnant de voir de ses propres yeux autant de lieux aussi emblématiques qu’El Capitan, le Half Dome ou les Nevada et Vernal Falls. En parallèle, la sensation est étrange mais je n’ai pas un effet “wahoo”. Je m’explique : je trouve que ce Parc peut ressembler à ce que nous avons en Europe, et notamment en Suisse. Par exemple, cela me fait beaucoup à quelques côtés de la vallée de Lauterbrunnen. Mon cerveau a pris des claques monumentales dans l’Utah, l’Arizona et le Nevada avec des paysages désertiques totalement inconnus de mes yeux d’Européen. Mes propos ne se doivent pas d’être déformés, nous sommes arrivés à Yosemite il y a une heure seulement et ce que nous voyons face à nous est grandiose. Mes yeux, mon cerveau sont simplement un peu plus habitué aux paysages montagneux et forestiers. Il est 16h30 au Glacier Point, beaucoup de personne ont déjà quitté le parc en ce dimanche, nous n’avons pas eu de mal à stationner.

Nous redescendons en direction de la Vallée sachant que notre Park4Night se trouve à l’autre bout du Parc National, à sa sortie Nord-Ouest. La route nous mène par surprise au Tunnel View, spot très connu pour profiter de la vue sur El Capitan et une des cascades du Parc. Plus nous redescendons, plus les lumières baisses, plus une sentons une “vibe” Yosemite. Il est toujours appréciable de voir que les Américains semblent avoir très bien pensé la circulation et l’accessibilité au sein du Parc. Toutes les routes sont presque à sens unique, sur une à deux voies, et bien que la voiture reste reine ici, tout est organisé afin de laisser de la place aux piétons, cyclistes et automobilistes sans que cela soit dérangeant. De plus, la route est ombragée par les arbres, ainsi, en hauteur nous ne la voyons même pas. Franchement, je suis agréablement surpris. Depuis le bas de la vallée, nous profitons d’une vue privilégiée sur El Capitan. Nous nous arrêtons une première fois le prendre en photo puis remontons vers le Nord rejoindre notre Park4Night. Cette journée est cool car nous aurons pu prendre notre temps, faire une première zone du Parc accessible en voiture qui se devait d’être faite et s’organiser pour les jours à venir. Ce n’est pas idéal mais le Park4Night depuis la vallée est à près de 35 kilomètres aller. La raison est qu’il s’agit du seul spot gratuit et correct où s’installer. Entre nous, nous n’allons pas nous plaindre de rouler quelques kilomètres (de trop ?) à Yosemite National Park. Nous trouvons facilement une place où installer la voiture en sortie de forêt qui nous permet aussi de profiter d’un beau coucher de soleil. Nous faisons attention à ne pas laisser de nourritures trainer étant donné que Yosemite est connu pour ses ours (beaucoup de panneaux de sensibilisation sont présents dans le Parc au sujet les ours). La chose que nous n’avions pas anticipée est les moustiques. Nous montons donc très rapidement sur notre matelas gonflable, le temps que la nuit tombe et que les moustiques disparaissent. Nous avons dîner, nous sommes installés, nous avons un jour et demi de prévu afin de bien profiter d’un des plus beaux Parcs des Etats-Unis.

Chapitre 18 – Lundi 19 mai ; Yosemite National Park

Un des sujets de tension de la veille à Oakhurst était la randonnée prévue aujourd’hui et l’heure de réveil associée. Je souhaitais 04h30, nous avons acté sur un 05h30 des plus cohérents avec le lever du soleil. En fait, je suis surtout “stressé” du monde qu’il peut y avoir dans le Parc en pleine journée. Certes nous sommes lundi, certes ce n’est pas la période des vacances scolaires mais quand même. J’ai vu tellement de vidéos de ce lieu bondé de monde, avec des embouteillages à perte de vue que je souhaite minimiser le risque au maximum. Concernant Valentine, la nuit n’a pas été mauvaise, loin d’être pour autant parfaite avec un matelas qui s’est un chouïa dégonflé, rien de méchant. De plus, son “stress” pré-rando s’est un petit peu atténué, la nuit a porté conseil. Nous décollons pour les 35 kilomètres qui nous mènent à la vallée. Valentine prend son petit déjeuner dans la voiture. Une biche a traverse devant nous, la magie de Yosemite prend forme avec les premières lueurs du matin.

Il n’y a pas grand monde sur la route, encore moins dans la vallée. Il y a pas mal de places de parking de disponibles au départ de notre randonnée : la Yosemite Falls. Des gens en van semblent avoir dormi dans leur voiture directement dans la vallée. Cela nous fait réfléchir si nous souhaitons prendre ce risque ce soir. Il ne fait pas bien chaud à 06h30, nous devrions être au soleil dans une heure maximum. L’objectif de la matinée est de faire près de 900 mètres de dénivelé afin d’observer la plus grande cascade du Parc vue du dessus. Le soleil fait son apparition quand nous arrivons au pied de la cascade après 400 mètres de dénivelé. La cascade est bruyante et fait des embruns qui dispersent l’eau sur le sentier. Cette bruine est agréable sachant que les températures commencent à augmenter. Sans pression, Valentine monte à un rythme des plus soutenus, je suis content de la voir aussi à l’aise et confiante. Nous ne croisons pas beaucoup de monde, nous doublons le peu de personne que nous croisons sans pour autant nous presser. Nous arrivons en haut de la cascade après deux heures et demi de marche environ. La vue sur la vallée est très belle bien que celle plongeante sur la cascade soit difficilement perceptible. Nous voyons bien le ruisseau faisant office de lit de la cascade mais elle est tellement grande que c’est difficile de voir le bout. Nous grignotons un bout au soleil, nous ne devons pas être plus d’une dizaine au “sommet”. Si nous parlons réellement de sommet, nous avons une vue sur le Yosemite Point qui est à deux kilomètres pour cent mètres de dénivelé de là où nous sommes. Je dis à Valentine que je compte y aller, sans obligation pour elle. Elle accepte de se joindre à moi. Le sentier nous fait passer sur une petite passerelle traversant le fameux lit de la cascade puis monte progressivement en direction du sommet. Nous avons la chance de voir trois biches traverser devant nous et réussissons à les prendre en photo. Arrivés au sommet, nous sommes seuls. Nous commençons à connaître les principaux points de la vallée : le Glacier Point où nous étions hier, la Vernal et Nevada Falls, le Half Dome encore et toujours. Nous prenons notre temps avant de descendre, nous profitions du bruit lointain de la cascade et d’un presque silence associé au bruit des voitures qui remontent la vallée. Nous assistons à un défilé de personne dans la descente. Comme je le répète si souvent à Valentine, ce n’est pas toujours simple de se lever tôt mais quel plaisir de partir à la fraîche pour éviter les fortes chaleurs et la foule qui monte toujours au même moment. Qu’en est-il aussi de randonner le matin pour avoir ensuite toute la journée devant soi. Nous croisons tout style de personne sur ce sentier. Des sportifs moins sportifs, des personnes en surpoids comme des personnes chaussés de sneakers. Chacun fait ce qu’il veut, les risques de la montagne sont connus de tout le monde, respect quand même à toutes ces personnes car il faut quand même le vouloir de faire ces 900 mètres de dénivelé en plein cagnard. Nous constatons aussi le côté aisé de la majorité des randonneurs que nous croisons. Cela se voit que les gens qui se rendent à Yosemite ont du pouvoir d’achat, qu’il s’agit d’un séjour d’exception pour eux. Les gens sont d’ailleurs majoritairement en couple ou en famille et semblent être à majorité de nationalité américaine. D’ailleurs, spoiler alerte, les gens disent “bonjour” aux Etats-Unis quand nous les croisons en montagne. Nous arrivons au parking vers 12h30. Je suis fier de Valentine de l’avoir fait, elle aussi semble fière d’elle. Les jambes commencent à être lourde, le parking lui est blindé de monde. La stratégie ici est apparemment de conserver le plus longtemps possible sa place de parking. Nous sommes stationnés dans un endroit “stratégique”, non loin du Welcome Center. Nous ne bougeons donc pas de place la voiture.

La seconde partie de la journée se résumera à déjeuner un burger de qualité non loin du Welcome Center puis d’aller à la plage (oui à la plage) sur les bords de la Merced (rivière descendant la vallée). Le Parc National de Yosemite n’est pas connu que pour ses randonnées et ses spots d’escalade. La vallée en elle-même est un “must do” avec cette rivière proposant un grand nombre de circuits de vélo, skate ou marche, tout comme ses plages plus ou moins accessible selon les zones en cours de restauration. Nous nous posons sur un mini îlot de gravier par lequel nous devons accéder les pieds dans l’eau. S’en suit deux bonnes heures de chill sur nos chaises de camping à base de lecture et bronzage. Valentine n’étant pas motivée, je me motive à me baigner dans la rivière et autant avouer qu’elle n’est pas chaude. Cela me permet surtout de me rincer car nous galérons quelque peu à bien nous doucher ces derniers temps. Les plus fraiches températures comparées au désert y sont pour quelque chose, tout comme le fait que nous ne sommes rarement seuls sur nos derniers spots de bivouac. Il est 17h30 quand nous revenons à la voiture. Nous nous servons une fois de plus de nos chaises de camping pour nous laver les pieds puis bougeons officiellement la voiture de place après onze heures de stationnement pour aller dîner face à El Capitan. El Capitan c’est un emblème, un mythe pour beaucoup de personne. Cette falaise/sommet, tout le monde connaît sa forme. Elle est emblématique pour ses ascensions en escalade. La falaise fait près de 900 mètres ! Nous nous installons dans une prairie de la vallée, face à la falaise, et picorons tranquillement nos tomates cerises. D’autres personnes sont présentes avec nous, nous devons être environ vingt. Des personnes avec des jumelles nous aurons mis la puce à l’oreille sur le fait que des grimpeurs sont actuellement sur la paroi. Et pas qu’un peu même! Nos yeux aurons réussi à deviner peut-être six grimpeurs. C’est incroyable d’assister à ce moment et de se dire que nous sommes là, à Yosemite, face à El Capitan, sans pression, en train de regarder des grimpeurs réaliser l’ascension d’une des paroi les emblématiques au monde en train de manger nos tomates cerises. C’est irréel.

Il commence à se fait tard, il doit être environ 19h00. Nous actons de ne pas prendre pas le risque de dormir dans la vallée. Le campground payé il y a quelques jours nous a vacciné contre les “prises de risques”. Conclusion : nous filons en direction de notre précédent campement. Avec une arrivée plus tardive que la veille, nous galérons à trouver de la place. Les Park4Night à proximité de Yosemite ne court pas les rues, celui-ci est donc très prisé. Je n’ose même pas imaginer l’affluence en plein été. Après avoir tourné quelques minutes, nous nous stationnons à une vingtaine de mètres de notre emplacement de la veille, juste à côté d’une ambulance ayant été aménagée en van. Un ancien camion militaire se joint à nous quelques minutes plus tard avec à son bord deux jeunes d’Afrique de l’Ouest (Namibie?) qui profitent de leur temps libre avant de partir pour leur service militaire. Le moment aurait pu être des plus sympas pour faire des rencontres éphémères mais les moustiques auront eu raison de ce moment de sociabilité. Nous attaquons notre dernière nuit dans la voiture, c’est la onzième. Oui, notre dernière, aux Etats-Unis. Que de souvenirs quand l’on y repense. Avec quelques touches de nostalgie, nous en profitons en observant les étoiles par la fenêtre du ciel de Yosemite.

Chapitre 19 – Mardi 20 mai ; de Yosemite National Park à Tahoe Lake

C’était notre but de passer le plus de temps possible à Yosemite. Dans la préparation de notre voyage, beaucoup d’amis nous avaient recommandé, si on le pouvait, de bonifier au maximum notre venue ici. Nous les avons écouté, d’où notre souhait de rester une bonne matinée de plus à faire une seconde randonnée.

Ce matin, le réveil est à 06h00. La journée d’hier nous a permis de jauger l’affluence et les difficultés à stationner. Nous avons gagné une demi-heure de sommeil, c’est toujours ça de pris. Nous faisons cette route que nous connaissons tant maintenant pour la dernière fois dans le sens de la descente. Nous avons planifié de randonner à Vernal et Nevada Falls et donc de se garer à l’extrémité Est de la vallée, à Curry Village. D’ici, il est obligatoire de prendre une navette de bus (gratuite) pour rejoindre le point de départ de la randonnée. Bien que la Vallée soit très adaptée à la voiture, les choses ont d’autant plus été bien faites pour préserver certains endroits. La navette a une fréquence de trente minutes. Cinq minutes de bus seulement nous aurons mené au point de départ. Il n’y a pas grand monde, d’autant plus que nous choisissons un sentier parallèle à celui des guides. Nous arrivons assez rapidement à Vernal Falls, impressionnante chute d’eau de par son débit et sa puissance. Nous sommes sur un modèle de cascade différent de Yosemite Falls hier qui a un gros débit et une très grande taille. Ce qui est amusant avec le sentier de Vernal Falls c’est que celui-ci nous mène vraiment au pied de la cascade. Cela signifie que nous sommes presque trempés par les embruns de la cascade pendant près de cent mètres d’escalier. Ça va qu’il ne fait pas trop froid sinon ça aurait été pour nous une mauvaise farce de devoir poursuivre la randonnée tout mouillé. Je n’imagine même pas l’hiver, le sentier doit être similaire aux cascades d’Islande en étant tout gelé. Nous continuons notre route sur les hauteurs de la Nevada Falls par le John Muir sentier. Cette personne, John Muir, est omniprésente depuis le début de notre venue à Yosemite. Après quelques recherches, nous apprenons qu’il s’agit d’un écrivain américain né en Ecosse ayant été un des premiers à avoir introduit des notions environnementales dans ses textes. La nature est pour lui très importante où il l’a en partie pris conscience de son importance en découvantYosemite. Nous empruntons donc le sentier à son nom qui nous permet d’avoir une vue aux premières loges sur le Half Dome. J’hésite longuement à aller à son pied mais me rétracte par flemme et du fait que la journée est encore longue. Nous arrivons sur les hauteurs de la Nevada Falls. Il y a un peu de monde mais c’est vivable, nous prenons près d’une demi-heure à nous poser au soleil, avec, à nos pieds, le haut de la cascade prête à se jeter dans le vide. Nous entamons ensuite notre redescente en effectuant un semblant de boucle en forme de huit. L’horloge a tourné ce qui signifie que le monde est arrivé. C’est le chassé croisé du 14 juillet auquel nous réussissons à survivre jusqu’à la navette. Cette randonnée des plus réputées du Parc en vaut le coup. Des cascades aussi puissantes et hautes sont rares en Europe, d’autant plus que le sentier avec vue sur le Half Dome en vaut le coup. Nous avons fait près de onze kilomètres pour 685 mètres de dénivelé ce matin.

La navette attrapée dans la foulée, nous nous dirigeons ensuite vers Curry Village afin de faire nos dernières emplettes dans les Parcs Américains. Il s’avère que chaque boutiques de souvenirs proposent des choses différentes. Par chance, c’est à Curry Village que nous aurons été les mieux lotis. Nous déjeunons rapidement dans un semblant de kiosque mexicain puis prenons un dernier café avant de reprendre la route. Juste avant de sortir de la Vallée, Valentine exprime le souhait d’observer une dernière fois El Capitan depuis le spot d’hier soir. Je ne peux qu’accepter sous réserve de trouver une place de stationnement (chose qui s’est avérée possible). Le nombre de grimpeurs n’a fait qu’augmenter depuis hier soir, tout comme leurs observateurs. Ça y est, c’est pour nous l’heure de dire au revoir à Yosemite après ce passage face à sa principale attraction qu’est El Capitan. Je persiste à dire que Yosemite est le Parc National que nous avons vu le plus “similaire” à ce que nous trouvons en Europe. Il faut quand même avouer que toutes ces montagnes iconiques rendent l’endroit très particulier. L’ambiance qui y règne est unique, l’esprit Yosemite. A prendre en compte que si quelqu’un veut apprécier Yosemite il est important s’agit d’arriver tôt ou tard, afin de s’éviter le stress du stationnement compliqué en journée.

Il est pour nous l’heure de mettre le Cap au Nord en direction du Lac Tahoe à quatre heures et demie de route de Yosemite. La route est longue mais belle, elle nous fait passer par le Ebbetts Pass à 2 663m d’altitude. Ce col nous permet de cocher toutes les cases des paysages des Etats-Unis : des déserts, des plaines, des forêts, des montagnes et des décors enneigés comme ici en ce 20 mai. Nous prenons possession de notre motel très qualitatif à South Tahoe Lake vers 18h15. C’est aussi pour nous une réelle satisfaction de pouvoir prendre une vraie douche et de sortir de l’endroit confiné de la voiture. La voiture nous aura créé des souvenirs mémorables, mais il est au combien nécessaire de couper les nuits en voiture avec un peu de confort, comme nous l’avons fait à Moab, Las Vegas et ici. Les compteurs hygiéniques étant remis à zéro, nous prenons tranquillement la direction du lac avant d’aller manger. Premier constat, toutes les rives du lac semblent être privées, les plages comprises. Nous voyons le lac mais nous ne pouvons pas, pour le moment, profiter de ses rives. Ce n’est pas grave, il est tard et ce n’est pas notre priorité du moment. La priorité repose plus sur la nécessité de manger. Une belle complémentarité s’est créé tout au long de ces premières semaines de voyage entre Valentine et moi. Etant constamment au volant, Valentine en profite pour anticiper et spotter des restaurants en lien avec nos besoins du moment. Ce soir, son choix s’est dirigé vers le Basecamp Beer Garden, un bar/restaurant très à l’américaine. Le terrasse est cocooning mais cliché avec des chaises équipées de plaids disposées toutes autour d’un feu de bois. C’est très détente et ça fait au combien du bien. Bien qu’il fasse frais, nous y restons plus de deux heures sachant que le feu nous réchauffe. J’insiste aussi sur le fait que nos esprits sont détendus ici, il n’y a pas beaucoup de monde, nous arrivons en fin de road-trip, le feu est agréable, nous avons un lieu où dormir. Nous rentrons de nuit à pied à notre motel. Nous sommes bien fatigués, quel plaisir de (re)trouver une vraie literie.

Chapitre 20 – Mercredi 21 mai ; Tahoe Lake

Mon corps n’est plus habitué à dormir dans un lit aussi confortable et grand. Un esprit éveillé dès 03h30 qui aura failli me jouer des tours en pensant ne jamais me rendormir. Le sommeil aura réussi à reprendre le pas vers 05h00 pour un réveil à 07h45, heure à laquelle Valentine dort encore, évidemment. J’enfile mes runnings pour aller courir. Je n’ai pas prévu d’itinéraire spécifique, je vais me laisser porter. Après tout, nous sommes sur les bords d’un lac. Bilan : pas simple de se laisser facilement porter à South Tahoe Lake. Comme exprimé dans le chapitre précédent, le côté “privé” des plages et des routes s’est confirmé : j’ai effectué le tour d’un hôtel beaucoup trop huppé avant d’enfin trouver mon chemin. Si je devais écrire sur les highlights de ce run, voici ce que je pourrais dire : j’ai traversé à pied la frontière entre la Californie et le Nevada et je me suis fait klaxonner car je portais mon tee-shirt USA des Jeux Olympiques de Londres. En chiffres, j’ai fait beaucoup trop de kilomètres que prévu, plus de onze au total. Au retour du motel, je croise Valentine qui vient d’aller chercher des cafés au lobby de l’hôtel. Nos esprits se sont croisés, j’en ai fait de même. Nous sirotons donc les quatre cafés sur la terrasse de notre chambre en refaisant les rêves de notre nuit.

Le programme de la journée n’est pas très clair, le seul objectif défini du jour est d’aller à la laverie faire nos machines. Avant d’aller faire cette tâche ménagère, nous profitons de la matinée à chiller sur nos ordinateurs et téléphones à écrire et traiter nos différentes photos. Nous enchainons vers 12h30 à la laverie située à cinq minutes en voiture de notre logement accompagnés de nos gros sacs de linge sales. Entre nous, laver son linge dans une laverie relève toujours d’une tâche assez amusante en voyage. Cette logistique à trier dans un espace commun ses habits, acheter la bonne lessive à un distributeur, insérer les pièces dans la machine, attendre qu’elles se terminent… Pendant que nos vêtements se lavent, nous déjeunons dans le restaurant juste à côté, le Red Hut Café, afin de tuer le temps d’attente. Nos ventres étant pleins, nos vêtements étant lavés, séchés et pliés, nous retournons tranquillement au motel afin de les ranger dans nos sacs. Vers 15h30, nous décidons de prendre la direction du Nord du lac afin d’aller se poser sur une plage. La Sand Harbor Beach, plage du Lac Tahoe, est située à 23 miles de notre logement et est réputée comme étant l’une des plus belles du lac. J’avais une certaine flemme de reprendre la voiture aujourd’hui mais bon, quitte à être au Lac Tahoe autant en profiter. Après tout, vu ce que nous nous sommes mis comme kilomètres depuis le début de voyage, que représente vraiment soixante kilomètres aller retour. La route qui nous y mène est une deux fois deux voies qui offre une vue panoramique sur le lac. Le Lac Tahoe est situé à 2000 mètres d’altitude et la route que nous empruntons peut être comparable à celle du Lac d’Annecy. Elle longe le lac tout comme parfois monte un peu sur les hauteurs afin de contourner certains reliefs. D’ailleurs, en parlant de sommet, le lac est tellement haut que les sommets juste derrière South Lake Tahoe sont pour certains à plus de 3000 mètres d’altitude. Nous arrivons à la plage vers 16h15 où l’entrée nous coûte 15 dollars pour le véhicule. Quand je vous disais qu’ici rien n’est gratuit. Bon, 15 dollars à deux, ça va. Il fait beau sur le Lac Tahoe aujourd’hui, il doit faire un peu moins de 25 degrés. Nous pouvons nous mettre en maillot de bain sans avoir froid. La Sand Harbor Beach est en effet très belle et sableuse, original pour un lac de montagne. Nous avons une vue sur les sommets enneigés de la rive Ouest. L’eau est par endroit turquoise, c’est aguichant, mais nous ne cédons pas à la tentation de se mettre à l’eau. Sa température semble correcte, sans parler non plus d’un vingt degrés, mais le fait que nous avons une douche à l’hôtel ne nous pousse pas à y sauter avec entrain. Nous sommes mercredi, il y a un peu de monde sur la plage sans que ce soit la foule. Quelques groupes de lycéens jouent au football américain ou au volley, l’ambiance est détendue. D’ailleurs, comme le faisait remarquer Valentine, nous pouvons mieux comprendre la règle du permis de conduire à seize ans quand l’on voit les distances aux Etats-Unis. Sans voiture, les adolescents resteraient clouer à la maison ou bien les parents derrière leur volant à toujours emmener leurs enfants à droite à gauche. Nous restons deux bonnes heures sur la plage avant de plier bagage et partir à la découverte des environs. Nous découvrons d’autres endroits piétons des plus beaux depuis le parking où nous sommes stationnés. La question se pose si nous nous avons finalement choisi le meilleur emplacement où poser la serviette… pas le temps pour les regrets. Les lumières descendent et offrent un spectacle des plus chaleureux et romantique. Nous ne sommes pas seuls à profiter de ce moment. Nous nous nichons sur une ancienne chaise de maitre nageur pour deux personnes au niveau de la Ramada Point Rock et observons le coucher de soleil et les différents groupes de personne sur les plages. Il y a des couples, des groupes d’amis ou encore des familles qui prennent des photos. Il est 19h30 quand nous quittons officiellement la Sand Harbor Beach. Sur la route, nous restons bloqués près de vingt minutes à un feu de chantier puis filons directement prendre un Subway à emporter qui fait office de repas romantique. Valentine le mange devant la série “Friends” passant à la télé en VO, tandis que le mien sera très vite avalé afin de passer le reste de la soirée à écrire. Cela aura été une belle journée sans prise de tête qui voit le voyage avancer comme notre linge sale se renouveler.

Chapitre 21 – Jeudi 22 mai ; de Tahoe Lake à San Francisco

C’est une journée spéciale pour nous qui commence. Notre road trip dans les Parcs Nationaux Américains prend officiellement fin. Il est prévu de laisser la voiture à l’Agence Avis de Berkeley cet après-midi avant 17h00. Qui dit restitution de la voiture dit rangement millimétré des affaires dans nos sacs, et ça c’est pas gagné.

Avant que Valentine ne se réveille, je me douche et pars chercher des cafés dans le lobby du motel. A mon retour, Valentine ouvre les yeux tandis que je sirote mon café et mange des barres sur le balcon de notre chambre. Après son réveil, nous attaquons nos tâches de la matinée, entre faire du tri, faire les sacs et cleaner un minimum l’intérieur de la voiture. Seuls trois objets restent dans la voiture : deux chaises de camping et un matelas. Nous avons identifié une solution à ces nouveaux “boulets” qui nous aurons bien aidés pendant trois semaines : les thrifts shops. Les thrifts shops se sont des brocanteurs ou simplement des magasins de secondes mains. Nous y trouvons tout et n’importe quoi à des prix défiants toute concurrence. C’est notamment dans ce type de magasin que nous avions trouvé trois tee-shirts pour vingt dollars juste avant Zion National Park. Nous nous disons que dans le sens inverse, si nous donnons des affaires, le gars ne pourra que difficilement les refuser, surtout que nous n’attendons rien en échange. En effet, c’est confirmé, nous avions vu juste. Après avoir été confronté à un premier magasin fermé, le second est le bon. Le mec semble content qu’on lui file des affaires, et nous aussi. Nous en profitons pour faire un tour dans son shop. Nous trouvons un tee-shirt à manche longue Carhartt pour cinq dollars et une ceinture pour un dollar. Abordable, n’est-ce pas ? Il est 11h15 quand nous quittons le shop, Valentine a ciblé le Bert’s Café de South Lake Tahoe où déjeuner à midi. Le ciblage a été fait grâce aux notes Google et la file d’attente aura confirmé ces bonnes appréciations. Nous attentons vingt minutes avant d’être placés au comptoir. Nous sommes dans une sorte de Diner Américain dans son jus. Je commande une énorme assiette de pancakes aux myrtilles tandis que Valentine opte pour du salé avec des œufs Bénédict. Super déjeuner, super adresse, nous sommes repu avant d’attaquer la route pour San Francisco. Trois heures et demi de route qui nous aurons fait passé par Sacramento, capitale de Californie, avant d’arriver à Berkeley. Berkeley, célèbre pour son Université, est une commune au Nord-Est de San Francisco. Le gars de chez Avis me fait remplir un formulaire pour l’impact sur le pare brise qui aura fini par se stabiliser après une semaine puis, nous voilà à nouveau “sans voiture fixe”. Nous sommes chargés comme des bœufs, heureusement que la ligne de métro est juste à côté. Moins de cinq cents mètres de marche afin de rentrer dans le métro prendre la Red Line nous menant à notre hôtel. Bon, prendre des tickets dans le métro aura été digne d’un parcours du combattant mais heureusement que les employés du métro sont aidant. Nous sortons à la station Powell Street qui est aussi le point de départ des célèbres funiculaires de San Francisco. C’est amusant parce qu’à peine sorti du métro nous sommes confrontés à deux clichés de la ville : les funiculaires et le dénivelé de la ville. Nous arrivons très rapidement au King George Hôtel où nous prenons possession de notre chambre après seulement quatre cents mètres de marche. Les sacs ne sont plus sur nos dos, et ça, ça fait du bien. Vous n’imaginez même pas le poids de bagages que nous devons avoir. Le mien doit être proche des trente kilogrammes. Nous nous posons une petite heure dans la chambre avant d’aller explorer la ville aux environs de 17h45. Nous ciblons les deux collines les plus proches et les plus connues de San Francisco que sont Russian et Nob Hill. Au premier abord, il n’y a pas à chier, c’est magnifique. Comme pour Los Angeles, il ne semble pas y avoir beaucoup de grands immeubles à l’européenne. Il s’agit principalement de maisons individuelles construites sur ces collines très vallonnées. Je n’ose même pas imaginer le % de pente de certaines rues, ça dépote. Depuis le “sommet” de certaines collines, nous apercevons pour la première fois l’ancienne prison d’Alcatraz et le Golden Gate Brigde, énorme ! Les lumières descendent, le soleil apparaît sur les façades Nord des maisons. Google nous indique une “zone très fréquentée” à Russian Hill. Nous suivons notre guide Google. Dans cette zone, nous passons devant une sorte de Pub Irlandais diffusant les plays-off de NBA, dont ce soir-là le match 2 d’Oklahoma – Minnesota. Nous y rentrons afin d’y boire une bière devant le match. Nous avons aussi fait ce choix car Valentine a souhaité pas plus tard qu’aujourd’hui qu’on vive un moment comme celui-ci : regarder un match américain dans un bar au cours de notre voyage. Nous commandons une bière et nous installons avant qu’un duo de jeunes américains nous interpelle en voyant mon appareil photo “hé, tu es photographe ?”, je réponds par la négative mais ça y est la discussion est lancée. Moment intéressant afin de discuter assez librement avec la jeunesse de San Francisco. Nous avons en face de nous Jackson, entrepreneur, et Jack, qui bosse dans la cryptomonnaie. Autant dire que nous avons en face de nous ce qui semble être la jeunesse dorée de San Francisco. Le Jackson, leader de cette conversation, nous parle de sa famille basée en Suisse, de ces anniversaires à Las Vegas, d’un de ses proches qui aurait créé Médecins Sans Frontière. Bref, ils restent intéressés par nos histoires mais cela semble très américain de parler de soi et de mettre en avant ce qui se doit, selon eux, d’être mis en avant. Notamment des histoires d’argent ou des histoires significatives montrant que la personne est “quelqu’un”. C’est amusant mais ce n’est pas la première fois que nous nous faisons cette réflexion. Après, attention, mes paroles sont à prendre avec des pincettes, il ne faut pas faire une généralité. Qu’il s’agisse de ces deux Jack où des autres personnes que nous avons pu voir dans la rue, nous pouvons quand même sentir un réel pouvoir d’achat existant dans cette ville expliquée par la présence de la Silicon Vallée à quelques kilomètres de San Francisco. En tout cas, si l’on en revient à Jackson et Jack, nous avons eu le plaisir d’en apprendre plus sur leurs visions de la situation politique aux Etats-Unis, celle en France etc. Tout ce que je peux dire c’est que ça doit bien voter à droite sachant que l’immigration mexicaine semble être un sujet majeur pour eux. La fin de notre bière aura sonné la fin de notre amitié éphémère. En plus d’avoir échangé nos Instagram, Jackson nous aura recommandé des endroits tendance de San Francisco (spoiler alerte, ils sont hors de prix). Nous continuons donc à suivre notre guide touristique, le vrai, Google qui nous mènera à un street food mexicain simple et efficace qui remplira notre ventre pour la nuit. Il est 21h00 quand nous rentrons à l’hôtel, nous allons nous coucher très prochainement.

Chapitre 22 – Vendredi 23 mai ; San Francisco

Il n’a pas fait chaud dans la chambre d’hôtel cette nuit et, pour une fois, ce n’est pas expliqué par l’abondance de climatisation. Depuis notre arrivée hier, il ne doit pas faire plus de 15 degrés à San Francisco. Ça nous change des déserts de l’Utah et d’Arizona, ou encore des plages du Lac Tahoe. Nous sommes redescendus en altitude, ça c’est indéniable, nous voyons l’Océan Pacifique. Or, qui dit Océan, dit climat océanique (pourtant nous l’avons beaucoup moins ressenti à Los Angeles).

Le King George Hôtel où nous résidons propose un petit déjeuner. Nous nous y rejoignons avec Valentine sachant que j’ai sauté du lit le premier. On nous propose tout un panel de donuts ou encore des roulés à la cannelle glacés au sucre. Ce n’est pas à m’en déplaire, j’adore ça, mais bon, peu mieux faire sur le côté calories. Quelques fruits sont aussi proposés, pour la forme. Nous essayons d’organiser notre journée avec Valentine. Ce n’est pas simple entre les distances qui restent importantes, les collines qui apportent beaucoup de dénivelé et donc de fatigue, bref. Nos plans ne sont pas forcément très clairs et ça, pour ceux qui me connaissent, ça m’énerve. Une chose est sûre, nous allons aujourd’hui voir le Golden Gate Bridge mais quand et comment, ça nous verrons.

Nous sortons de l’hôtel les cheveux dans le vent. Il fait beau, mais les températures ne se sont pas pour autant élevées. Sachant que nous résidons dans l’hyper centre de San Francisco, il y a beaucoup de courant d’air entre les grattes ciels de bureaux. Nous actons de prendre le célèbre téléphérique de San Francisco pour passer les premières collines. Le but étant de se faire déposer au Nord de la ville, sur les rives de la baie, face à la prison d’Alcatraz. En prenant le téléphérique, nous nous projetons aussi sur le fait de ne pas se cramer dès le petit matin pour que la journée puisse durer le plus longtemps possible dans la joie et la bonne humeur (et sans trop de fatigue physique). Nous le prenons vers Market Street, hub de transport en commun de San Francisco. Il n’est pas très tard, il doit être environ 09h00. Une petite file d’attente s’est déjà formée. De là où nous sommes, il existe deux itinéraires possibles : un permettant une traversée pratique des collines, une autre, toute aussi pratique, mais ayant un côté un peu plus touristique avec de plus belles vues sur la ville. Le premier téléphérique étant celui ayant un but « pratique », nous décidons de monter dedans car nous avons quelque peu la flemme d’attendre l’autre. D’ailleurs, étant donné que la majorité des gens attendent le « touristique », le notre n’est pas si blindé. Le téléphérique à crémaillère est opéré par deux personnes. Une se chargeant des manœuvres, une autre en supervision et s’occupant de contrôler les tickets. Ce moyen de transport semble être principalement à destination des touristes, toutefois, pour les locaux non véhiculés (ce qui doit être rare), cela ne paraitrait pas déconnant de les imaginer le prendre tellement que la ville est vallonnée. Le trajet est agréable, nous sommes assis sur la partie non cloisonnée ce qui nous permet de prendre des photos sympas. A chaque arrêt, si nous souhaitons sortir, nous n’avons qu’à enjamber la marche du téléphérique pour descendre. Chose que nous faisons un arrêt avant le terminus.

La Lombard Street, rue réputée touristiquement pour sa beauté et sa végétation est juste à côté de nous. Nous en prenons la direction en mode « randonnée urbaine » étant donné que cette rue est bien évidemment vallonée. Je ne l’ai pas spécifié mais déjà depuis le téléphérique nous avons eu de nouvelles vues sur la prison d’Alcatraz et sur le Golden Gate Bridge. Nous redescendons la Lombard Street en direction du Fort Mason puis vers la Marina District. Ce quartier nous a été recommandé par notre ami éphémère de la veille Jackson. Il s’agirait d’un des quartiers branchés de San Francisco, là où les jeunes apprécient se retrouver pour boire des verres et faire la fête. Il nous a notamment sorti l’anecdote qu’un des bars très réputés du quartier, le Balboa Café, est détenu par le Gouverneur de Californie. Pas très légal selon ses termes mais l’anecdote a le mérite d’exister. Il n’est pas plus tard qu’11h00 quand nous arrivons à la Marina. Vue l’heure, notre venue n’a pas de corrélation avec l’apéro ou la fête. Le quartier est résidentiel avec une avenue commerçante assez attractive. Nous nous posons boire un café au Coffee Roastery pour repartir en direction du Golden Gate Bridge une petite heure plus tard. Nous longeons une plage qui nous garantie une vue permanente sur le pont. La plage tout comme les parcs sont le paradis pour les chiens. C’est impressionnant de voir le nombre de personnes avec des chiens. Nous observons aussi un grand nombre de « dogsitters », avec des meutes de six chiens au maximum. Beaucoup de chiens pourtant une ville et des parcs des plus propres pour le moment. La ville semble être chouchoutée par ses résidents, il n’y a que très peu de choses qui traînent (en tout cas dans les quartiers que nous avons fréquentés jusque-là). Nous enchaînons différents points de vue sur le Golden Gate Bridge. Un jeune couple d’environ 23 ans nous prend en photo sous échange de les prendre également en photo. Hasard, ou non, le garçon a lui aussi de la famille francophone, à Juan-les-Pins. De son côté, sa copine rêve de vivre le « French Dream » en devenant parisienne le temps de quelques années. L’image de la France depuis l’étranger c’est amusant. Le plus drôle en parlant avec les gens c’est d’entendre le fait que Paris est égal à la France, que dire… Nous mettons officiellement pied à terre sur le Golden Gate Bridge. Devrions-nous être émus ? Excités ? Je ne sais pas, nous voyons tellement de choses depuis maintenant trois semaines. Des choses que nous n’avions vu qu’à la télé, et tout cela devient maintenant réalité. Nous réalisons la chance que nous avons, tout en restant très sobre dans nos émotions. Il y a sur le Golden Gate une 3×3 voies routières et une voie commune pour les vélos et piétons sur le côté Est du pont. Le vent est bien présent, il n’y a pas tant de monde que ça. Le plus délicat est de cohabiter avec les vélos, d’autant plus que nous ne les entendons pas venir avec le vent. En parallèle, un accident de voiture a eu lieu pile avant notre arrivée sur le pont, les dépanneuses et les bouchons n’aident pas au fait de bien s’entendre. Le pont qui fait plus de deux kilomètres de long n’a que deux piliers comme « structure ». Nous allons jusqu’au premier pilier avec Valentine étant donné que nous avons déjà beaucoup de kilomètres dans les pattes. En se renseignant un peu, nous avons appris plusieurs faits sur le Golden Gate qui a été livré en 1937. Le premier étant que la piste d’un écroulement lié à un séisme n’est pas à exclure. La Californie est connue pour ses deux failles, dont celle de San Andreas, et si un séisme d’une magnitude supérieure à 8 devait se produire, il se pourrait que le pont ne survive pas. Un séisme a notamment eu lieu en 1906 à San Francisco où la majorité de la ville a été détruite. Ensuite, le pont est tristement connu pour ses suicides à répétition. Nous avons lu que des milliers de suicides se sont produits depuis la livraison du pont où seulement vingt six personnes auraient survécus à leur saut dans le Pacifique. Pour lutter contre ce fléau, la ville a mise en place en 2017 (seulement) des filets anti suicide. Ces faits ne sont pas très joyeux, certes, mais intéressants. Valentine et moi faisons chemin inverse jusqu’à l’extrémité Sud du pont. Nous passons aux toilettes et au Visitor Center où nous réfléchissons à nos prochaines étapes de la journée. Nous avons déjà dû faire plus de treize kilomètres à pied. Nous décidons de faire quasiment le même chemin qu’à l’aller, en longeant la plage, afin de rejoindre le Fisherman’s Wharf, quartier touristique de San Francisco. Après une longue marche détendue en bord de mer, nous décidons de nous poser au Café de Casa, afin d’y manger un bout et s’offrir un shot de caféine. Nous y restons une petite heure reposer nos jambes puis faisons un tour au Pier 39, lieu de consommation touristique où se regroupe notamment des Lions de Mer sur des pontons. Ce lieu semble totalement naturel (du moins, non forcé par l’homme), des centaines de Lions de Mer sont en effet en train de bronzer tout en « meuglant ». Nous les observons quelques minutes avant de prendre la direction du téléphérique, le touristique ce coup-ci, où nous attendons près de quarante minutes notre tour avant de pouvoir monter. Il fait froid à attendre et nous sommes fatigués. Nous rentrons sans trop d’attente touristique pour le téléphérique. Vu le nombre de kilomètres de marche aujourd’hui, nous n’avions pas vraiment le choix dans le fait de le prendre. Il doit être environ 18h30 quand nous arrivons à l’hôtel, nous nous posons un petit peu avant de ressortir dîner, à seulement cinquante mètres de notre lieu de résidence dans un « diner » servant 24 heures sur 24. Nouveau burger pour moi, Fish and Chips pour Valentine, puis un Sunday que nous partageons à deux en dessert. Nous nous posons à l’hôtel plein de fatigue, je trouve quand même la motivation d’écrire un chapitre sur minewhile afin de ne pas perdre le fil.

Après quelques heures à San Francisco hier, nous venons de passer notre première journée pleine dans la ville. Bien que nous sommes principalement allés dans des lieux touristiques aujourd’hui, nous ne pouvons qu’apprécier les côtés sécurité, propre et beau de la ville. Nous n’avons pas croisé beaucoup de tristes individus rongés par le fentanyl pour le moment. Nous ne pouvons avoir qu’une bonne image de la ville, sincèrement. Une chose est sûre, la population de la ville sent le pouvoir d’achat, les gens sont beaux, bien habillés, dynamique et beaucoup de choses montrent une certaine volonté de mise en valeur, en commençant par les habitants eux-mêmes. Se mettre en valeur pour être toujours plus stylés sur Instagram, ça, ça se ressent beaucoup. Anecdote assez amusante: 90% des runners masculins que nous avons croisé courent torse nu avec un torse aux gros pecs des plus lisses. Pour rappel, il ne faisait vraiment pas chaud aujourd’hui. Ce sont ce genre de détails qui font se poser des questions sur les réelles motivations des gens ici. Excès de chaleur ou savoir se montrer stylé, avec excès ? Il nous reste encore quarante huit complètes dans la ville, nous n’avons pas fini de nous faire notre propre avis sur San Francisco. Une chose est sure, nous nous sentons quand même très bien ici.

Chapitre 23 – Samedi 24 mai ; San Francisco

San Francisco est beaucoup moins grand (en termes de superficie) que Los Angeles. Mais peut-être est-elle plus attractive ? Chacun se fera sa propre idée, quoi qu’il arrive, il est quand même plus simple de planifier des city-tours à la journée parmi les différents endroits stratégiques. Aujourd’hui, c’est une fois de plus en direction de l’Ouest que nous partons, mais en restant dans les terres cette fois.

Une des activités touristiques de la ville se nomme les « Painted Ladies ». Nous parlons là d’un enchaînement de petites maisons surplombant les grattes ciels San Franciscain. Nous les atteignons après trois bons kilomètres à pied. Il y a encore déjà beaucoup de « narcisses » se faisant prendre en photo depuis l’Alamo Square avec les maisons dans leur dos. Nous nous posons sur un banc en silence. Le spot est joli mais ce n’est pas non plus un endroit époustouflant, surtout que les maisons à San Francisco sont toutes magnifiques et très bien pensées architecturalement. Valentine a spotté un café à proximité ayant la modeste note de 5/5 sur Google pour 135 avis, pas mal. Le Third Wheel Coffee est un café exclusivement to « take away » où tous les gens passant dans la rue s’arrêtent. Ce n’est pas une blague, une fois notre commande passée et que nous avons eu la chance de s’installer sur le seul en banc disponible, toutes les personnes étant passées dans la rue sur un intervalle de vingt minutes se sont arrêtées. Au-delà du café qui est très bon, le lieu est détente, les gens se posent debout devant le café avec leurs potes, beaucoup de clients sont des runners ou cyclistes venant de terminer leurs sorties. Une vibe à la San Francisco, comme j’en concluais hier. Les gens sont détentes et stylés jusqu’au café du quartier. Et encore, ici nous ressentons un peu moins un côté « m’as-tu-vu » comparé à d’autres endroits de la veille. Cet endroit a des airs de Berlin selon Valentine.

Dans un ordre logique, nous enchaînons avec le quartier d’Haight-Ashbury, un des quartiers alternatifs, créatifs et culturels de la ville. Ce sont les thrifts shops (friperie) qui nous aurons menés ici. La majorité de ces boutiques sont regroupées dans la même rue. Nous déambulons ainsi de shop en shop à la recherche de la bonne affaire. Il y a de tout en termes de prix, avec des pièces de seconde main de collection à des prix très onéreux, tout comme de la bonne qualité à des bons prix. Nous restons assez longtemps dans cette rue où nous déjeunons mexicain, des quesadillas, à Street Taco. S’en suit pour nous une longue route vers l’Ouest dans le Golden Gate Park. Ce Parc a une superficie supérieure à Central Parc de 100 hectares pour vous dire. Nous sommes samedi, il est 14h00 et le Parc est rempli de monde. Mais mon dieu que le mood est bon. Il y a de tout, des sportifs jouant au volley, au spikeball ou au football américain, des groupes d’amis ayant ramenés leurs tonnelles bières à la main, ou des groupes qui se sont réunis pour fêter la « graduation » de certains lycéens ou étudiants. Ce qui est dingue ici c’est le matériel que les gens ramènent au Parc. Des filets et terrains de volley comme si nous étions sur des vraies installations ou encore un DJ accompagné de sa platine qui anime en musique un groupe d’amis. Ça me bluff, mais c’est surtout la “vibe” qui me bluff, pleine de détente et sans réelle prise de tête. Il fait bon vivre à San Francisco. Des panneaux présents en nombre dans le Parc affichent un risque assez méconnu chez nous : la présence de coyotes dans le Parc. Ainsi, tout le monde se doit d’être vigilant à sa nourriture et ne pas en laisser par terre ou à proximité des poubelles. Bref, le Golden Gate Park est immense, il possède tous les lieux possibles et imaginables d’un parc : des terrains de tennis qu’on compterait par dizaine et dizaine, des lacs, un playground de rollers, des stades, des musées, un Jardin Botanique, une esplanade avec une scène où quiconque semble pouvoir jouer avec son Groupe et j’en passe. Bref, dingue. Plus nous nous dirigeons vers l’Ouest du Parc, moins il y a de monde. Nous faisons un saut dans un endroit du Parc assez cocasse, celui d’une ferme de bison, puis sortons progressivement à son extrémité où nous apercevons l’Océan Pacifique au bout des rues. Il y a toujours du vent aujourd’hui, encore plus quand nous approchons de l’Océan. Nous nous étions couverts en conséquence. La traversée du Parc aura demandé de l’énergie, nous nous arrêtons à un café librairie des plus bobos, au Black Bird Bookstore and Café. Une fois de plus, nous avons de la chance, nous prenons possession du seul et unique banc du café. L’ambiance est des plus détendue ici, bien que j’insiste sur le côté des plus bobos de cet endroit. Est-ce à m’en déplaire ? Non, c’est safe, les gens sont cools et tant que ces mêmes personnes ne se prennent pas quarante fois en photo en deux minutes avec leurs tasses de café, je ne juge pas. Après cette parenthèse ensoleillée, nous partons en direction de la plage sous un vent glacial. Le moment aura été bref sachant que nous avons froid et que les endroits à l’abris du vent se font rares. Le tram est seulement à une centaine de mètre. Nous le prenons afin de rentrer sans effort à l’hôtel. Il est seulement 17h30 quand nous arrivons, fatigués par près de quinze kilomètres à pied. Nous ressortons un peu plus tard dans la soirée dîner à Lapisara Eatery, non loin de notre hôtel. C’est une nouvelle journée qui se termine à San Francisco, sobrement nous avons conscience la chance inouïe que nous avons d’être ici.

Chapitre 24 – Dimanche 25 mai ; San Francisco

Ce soir nous quittons San Francisco. Un bus nous attend à 20h50 afin de nous emmener en gare d’Emeryville, à l’Est de San Francisco, de l’autre côté de la baie. De ce fait, nous n’avons plus de logement à partir d’11h00. Nous prenons donc notre temps ce matin, au petit-déjeuner et dans la chambre pour tout packer dans nos sacs. L’hôtel accepte de garder nos affaires jusqu’à ce soir, ça nous arrange bien.

C’est le Sud et le quartier de « Mission District » que nous comptons explorer aujourd’hui. Cela devrait nous demander un peu moins d’effort que les jours précédents en termes de pas. C’est pratique et souhaité sachant que ne pouvons pas prendre de douche ce soir. Avant de foncer vers le Sud, c’est en direction du San Francisco MOMA que nous allons, non pas pour le visiter mais pour aller y explorer la boutique. Rien à dire, les boutiques des musées d’art aussi réputés que les MOMA sont… magnifiques. Qui dit beau, dit cher, nous sommes bien loin du prix des friperies ici. Tout est tellement beau que ça donne envie de tout acheter. Notre mood « yolo » (you only live once) nous a fait repartir avec quelques articles, malgré les prix. S’en suit pour nous une marche d’un peu plus de trois kilomètres jusqu’à Mission District. C’est dans une Avenue passante non loin du centre-ville que nous serons partiellement confronté à la misère du fentanyl. Ça reste sobre en termes de nombres de malades mais quand même. Ce qui est surtout notable c’est le changement d’ambiance entre une rue et une autre. Cette rue est en plein centre-ville avec pour adresse des entreprises de renoms. C’est toujours surprenant, que ce soit à San Francisco ou même en Europe, de voir la localisation très spécifique des lieux comme celui-ci. En France, j’ai pour exemple Toulouse avec la place Arnaud Bernard ou la Guillotière à Lyon. Il est 12h30 quand nous arrivons à Mission District, nous nous posons déjeuner dans un diner. Aussitôt ressorti quand nous prenons la direction du Stonemill Matcha, café réputé pour ses Matcha de ce que j’en avais vu sur Google. Cela n’a pas manqué, il y a une file d’attente de près de cinquante mètres. Entre nous, flemme, même pour Valentine qui ne boit que ça depuis le début du voyage. Nous nous rabattons vers un café voisin à cinq dollars l’Americano. Oui, San Francisco est cher, d’autant plus dans les quartiers branchés. Nous prenons notre café à emporter, « take away » selon mes mots dans les précédents chapitres, et partons nous poser à Mission Dolores Park, Parc le plus connu du quartier. En plus de la population jeune, dynamique et tendance qui y règne, c’est surtout une vue dominante sur la ville que celui-ci nous propose. Nous flânons près d’une heure et demi dans l’herbe à observer les gens et les chiens jouant dans le Parc. La cohabitation entre chiens et résidents semble se faire à merveille, très peu, si ce n’est aucun, excrément de chien n’est présent dans le parc.

Il est 15h30, la journée est encore longue mais nous commençons petit à petit à être à court d’idées sur les lieux à explorer dans le quartier. Nous décidons de rentrer tranquillement par d’autres rues que nous n’avons pas encore empruntées. Nous sommes dimanche et le hasard fait que nous nous devons de revoir nos plans en raison d’un Carnaval de San Francisco présent en plein milieu de Mission District. Des stands de nourriture, des gens (principalement hispaniques) déguisés, de la musique, bref, l’ambiance est bonne et intense. Toutefois, nous avons la flemme de franchir la sécurité pour y rentrer, nous contournons donc la zone du village du carnaval puis rentrons tranquillement à l’hôtel où nous y avons nos affaires. Il est 16h30 nous avons encore quatre heures devant nous avant d’attraper notre bus. Quatre heures que nous tuons à retoucher nos photos, recharger nos batteries et chiller dans le lobby de l’hôtel. Nous partons dîner avant notre départ, vers 18h15 dans un restaurant proposant de très bons burritos. Le lieu est bon vivant, et donc très bruyant. Dans la continuité, nous partons faire quelques courses pour notre trajet en train chez Trader’s Joe, enseigne similaire à du Lidl en Europe.

Nous récupérons nos bagages au lobby de l’hôtel, rangeons les affaires achetées aujourd’hui, nous brossons les dents et filons en direction de l’arrêt de bus. Nous avons environ 1,3 kilomètres que Valentine accepte de faire à pied, bien que nous soyons très chargés. Nous avons au total cinq sacs, pour un poids total d’environ soixante kilogrammes je pense. Pas simple, mais nous nous en sortons. L’arrêt de bus est au pied de la SalesForce Tower, le bus est plein. Afin de rejoindre Emeryville, le bus traverse Bay Bridge, pont de plus de sept kilomètres au total qui est « coupé » au milieu par une jonction sur une île. Bref, il est 21h15, nous sommes arrivés à la gare Amtrak (la SNCF des Etats-Unis) d’Emeryville et nous faisons conseiller par les personnes au guichet. Chose différente de la France, nous devons enregistrer nos bagages, comme pour l’avion. Ils sont pesés et emmenés dans une voiture du train spécifiquement dédiée aux bagages enregistrés. Grâce à cette pesée, j’ai appris que mon sac que j’ai sur le dos pèse 25 kg. Le train rentre ensuite en gare et tout semble très « old school » d’un aspect logistique. Nos sièges nous sont attribués « manuellement » par le contrôleur, tout en écrivant sur un papier notre destination. C’est… différent de ce que nous avons chez nous, mais intéressant. Il est 22h00 à Emeryville, notre train part, c’est le début d’un trajet de 21 heures à destination de Seattle. Au revoir San Francisco.

En conclusion, quel plaisir et chance d’avoir eu l’occasion de fouler le sol de San Francisco. Cette ville est en quelque sorte un mythe en Europe. Un mythe à travers les films, en partie, mais aussi grâce à tout ce que l’on entend des personnes y étant allées. Comme je le disais, la Silicon Valley est juste à côté, le « Service », ou bien peut-être pourrions-nous appeler cela « la Tech », est le plus gros employeur de la ville (SalesForce, le développeur de logiciel, en premier).  Cela se ressent donc beaucoup sur le côté jeune et moderne de la population. Une population semblant avoir un certain pouvoir d’achat. Prenons simplement l’exemple de notre Jackson qui est surement une exception à la règle mais qui ne nous a recommandé que des endroits au combien branchés et au combien onéreux de la ville. Sans faire de délit de faciès, il était pourtant très loin d’être « too much » dans son outfit. Bref, cette ville semble avoir un champ des possibles énormes en étant de jeunes adultes découvrant la vie professionnelle. Toutefois, cette période de la vie est aussi une période de prise de confiance en soi, (beaucoup) trop accentuée par les réseaux sociaux, et ça, à San Francisco, je l’ai beaucoup ressenti. L’exemple des joggeurs sans tee-shirt, des lieux branchés blindés, de prendre constamment en photo le fait d’être dans un lieu branché ou bien celui de photographier le fait de passer un moment sympa avec ses amis, notamment parce que « mes amis sont stylés et que je suis stylé ». Bref, est-ce que la vie me ramènera à San Francisco ? Je n’en sais rien, cette vie est (je l’espère) encore longue, mais si je le pouvais, je reviendrais avec plaisir parce qu’ici, ça sent fort la détente, l’esprit sportif et le bon temps entre amis. Et aussi parce que tu es belle San Francisco !

Chapitre 25 – Lundi 26 mai ; Traversée Amtrak Coast Starlight San Francisco – Seattle

Des arrêts, le train en aura fait toute la nuit. Notre sommeil aura été rythmé par l’entrée de passagers. Je ne saurai citer que Sacramento dans les arrêts réalisés, toutefois, nous sommes partis avec un wagon pratiquement vide et nous nous sommes réveillés avec un wagon pratiquement plein. Les sièges restent adaptés au sommeil. Une très bonne inclinaison possible du dossier, tandis qu’une marche s’aligne au siège afin d’avoir les jambes élevées. Ces sièges ne sont pas des lits, certes, mais le temps d’une nuit, ça dépanne. Etonnement je me réveille à 06h30 (ce que je considère assez tard). Nous sommes proche de la frontière avec l’Oregon, je vois sur Google Maps que le Mont Eddy se trouve de l’autre côté de notre fenêtre. Le lever de soleil apporte des lumières pleines de chaleur ce qui colore les sommets enneigés. Nous sommes dans l’arrière-pays américain profond, un non man’s land du tourisme avec des paysages pourtant très alléchants. C’est ça la beauté du train : traverser et profiter d’endroits qui ne sont fréquentés que par les rails sans être confronté à la fatigue de la conduite ou de la marche. Ce lever de soleil m’a mis l’eau à la boucle, je m’en vais de ce pas explorer le train où je tombe, à la sortie de notre wagon, sur la voiture panoramique. C’est lumineux et confortable. J’émets domicile pendant une bonne partie du trajet dans ce même wagon, alternant entre siège face à la vue et table où il est plus confortable d’écrire ou « travailler ». Valentine me rejoint une heure après, sa nuit semble s’être bien passée, bien aidée par son foulard devant les yeux faisant office de masque et son coussin lui prenant le cou pour plus de confort. Nous sommes à ce moment précis proche de Klamath Falls dans l’Oregon.

Le voyage est à l’image d’un documentaire France 5 sur les plus beaux paysages en train de l’Ouest Américain. Nous enchaînons reliefs montagneux enneigés (ou non), forêts, lacs et j’en passe. Pendant ce temps, nous passons les 13 heures de trajet post réveil à écrire, lire, s’occuper de nos photos, et j’en passe. Un trajet des plus paisibles ou nous prenons notre temps de bien faire le peu de chose que nous avons à faire. En parallèle, pas mal de passagers de ce train semble connaître, comme nous, leur première expérience longue durée en train aux Etats-Unis. Cela se remarque par l’excitation des gens et les photos prises par les fenêtres (et pas que de leurs faciès), que ce soient par les couples ou les familles. Une colonie de vacances d’adolescent est également à bord, ils ne sont pas dérangeants sauf si l’on parle de leur jeu de dé lancé sur les tables qui aura duré près d’une heure dans la voiture panoramique. Il y a également un couple dans ce train que nous pensons avoir déjà croisé au cours du road trip. La dernière nuit à Yosemite, une voiture était arrivée très tard au parking et avait fait pas mal de bruit. Bien qu’il faisait noir, nous nous demandons si ce ne sont pas ces gens qui sont aujourd’hui dans le train avec nous. Nous ne saurons jamais, nous n’avons pas le culot de leur demander. Au-delà du restaurant présent dans le train, un stand de nourriture est présent proposant des burgers, sandwichs et autres snacks permettant de ne pas trop se charger en nourriture. Les prix sont d’ailleurs très accessibles.

Arrivés à Portland, des bénévoles du National Park Service nous font l’animation pour les quatre dernières heures du voyage en proposant des anecdotes et histoires sur les lieux que nous traversons. Notre anglais de français a parfois ses limites (sans parler que de ce moment), nous tâchons de rester concentrés afin de comprendre tous les histoires. Au bout de deux heures, le bruit permanent des micros nous aura redirigé gentiment vers nos sièges et cela pour la première fois depuis le réveil. Nous finissions les dernières heures du trajet accompagnés de nos livres. Nous sommes ici comme dans un chapitre de notre voyage qui se termine.

Seattle, Etat de Washington, à la King Street Station. Finalement le trajet ne nous aura pas paru si long. Il a été une opportunité d’avancer dans nos écritures et toutes les petites tâches que nous nous sommes fixés pendant le voyage. Qu’on se le dise, cette théorie doit avoir un nom mais il reste vrai que plus nous approchions de notre destination, plus nous nous impatientions, plus le temps pouvait paraître long. Dans ce chemin de fer, un des points délicats reste celui de la gestion de l’espace. 21 heures de train ça se gère mais que sera-t-il de nos jambes lors de notre trajet de trois jours traversant le Canada ? Il n’est pas si simple de marcher, et notre future cabine ne nous permettra pas forcément de pouvoir effectuer quelques exercices pour nos jambes. Je vais avoir du mal à aller chercher du dénivelé sur cette période, bref. A peine arrivés, nous courons après notre bus qui nous mène jusqu’au pied de notre AirBnB de très bonne qualité. Autant, nous avons parfois de mauvaises surprises avec AirBnB avec des photos de trop bonne qualité par rapport au logement réel, autant pour celui-ci nous sommes bien loti. Il est environ 20h00 à Seattle. Après tout ce trajet de train, j’annonce à Valentine ma volonté d’aller courir avant d’aller manger pour me dégourdir les jambes. Ce run de huit kilomètres me permet d’avoir un premier aperçu de la ville (d’autant plus au coucher de soleil) avec ses skylines, son bord de mer, ses embarcadères adressant les îles alentours, dont celle de Vancouver avec pour destination Victoria, ou encore la bien connue Space Needle, gratte ciel en forme de soucoupe volante. Je me dépêche de rentrer pour que Valentine ne m’attende pas trop pour manger. Aussitôt rentré, aussitôt douché, aussitôt sorti pour aller chercher un restaurant. Il est tard déjà pour dîner aux Etats-Unis, nous sommes confrontés à plusieurs restaurants fermés. Nous finissons ainsi cette journée à rallonge dans un restaurant branché thaïlandais, le Bangrak Market. Nous y mangeons très bien, nous sommes rythmés par des tubes de rap et pop américaine. Nous rentrons tranquillement. Notre hébergement est en hyper centre, c’est pratique.

Chapitre 26 – Mardi 27 mai ; Seattle

Les Etats-Unis ont beaucoup de progrès à faire en termes d’efficacité énergétique. Et sachez qu’il existe une corrélation entre efficacité énergétique et insonorisation. Comme je le disais hier, notre logement est super confortable et cosy, mais que dire du simple vitrage donnant l’impression d’avoir son lit sur le trottoir. Le pire dans l’histoire c’est que ce logement n’est pas un cas isolé ! Si vous regardez la majorité des logements, que ce soit ici, à San Francisco ou ailleurs, il est indécent de voir toutes ces belles maisons simplement vêtu d’une fine couche de verre. La conclusion est que la nuit n’a pas été mauvaise mais très bruyante, bien qu’il semblerait que nous avions du sommeil à rattraper de la veille sachant que nous nous sommes réveillés à 08h30, et ça c’est une première depuis le début du voyage ! Je pense que nous aurions pu dormir encore plus mais le métro qui passe à 20 mètres de la fenêtre à vol d’oiseau aura fini par tuer notre dernier sommeil.

Oui, il y a à Seattle un métro monorail aérien. Ce n’est pas très commun en France, ça donne un côté futuriste à la ville. Une ville où il a l’air agréable de flâner et déambuler de ce que j’en ai vu de mon run d’hier. L’attractivité touristique ne semble pas être celle de San Francisco ou Los Angeles ce qui enlève une certain “pression” à notre venue. C’est pourquoi ce matin nous prenons notre temps et partons dans un supermarché acheter de quoi manger pour nos futurs petit-déjeuner et dîner. Nous avons pris quelques résolutions financières récemment en s’obligeant à manger un petit peu plus dans nos logements lors du prochain mois, notamment car nous allons principalement avoir des AirBnB (et donc des cuisines). Nous rentrons, déjeunons puis partons explorer la ville. C’est la première fois du voyage que nous partons aussi tard se promener, vers 11h30 ce matin. Quand l’on parle de lieux touristiques à Seattle, deux choses ressortent très souvent : Space Needles et le Pike Place Market. Dans le même ordre, nous partons ainsi explorer ces deux attractions. Les distances à Seattle sont plus vivables que San Francisco ou Los Angeles. Le Space Needles est situé dans le « Seattle Center » comme ils l’appellent ici. Pourtant, on ne se parle pas du tout du centre de la ville mais plutôt d’une zone culturelle assez importante ou se trouve musées et infrastructures sportives. D’ailleurs le monorail passant juste devant chez nous a pour terminus le Seattle Center. Ce monorail est d’ailleurs incroyable car il traverse le musée de la Pop Culture. Ce musée peut avoir des aires de ressemblance avec celui du Musée des Confluences de Lyon en plus colorés. Ses formes sont arrondies et colorées de bleu de rouge/orange. C’est très beau, encore plus avec le métro qui le traverse et le Space Needles en arrière-plan. Nous entrons d’ailleurs dans le musée pour se renseigner sur les expositions et le prix. L’entrée est de 35 dollars par personne. Bon, nous n’avons pas encore fait de musée du voyage et notre plan de demain de faire l’île de Bainbridge tombe à l’eau par flemme de se speeder mais le prix du musée ne lui fait pas fait marquer des points. Notre tour au Seattle Center étant fait, nous redescendons le dénivelé de la ville pour descendre en direction de la mer. Seattle est entouré d’eau de mer et d’eau douce. D’un aspect géographique, la ville fait un peu penser à un découpage que l’on pourrait retrouver en Suède, Finlande ou Norvège avec des îles environnantes très boisées. Nous longeons la côte, la rive Ouest, où nous apercevons au Sud-Est le Mont Rainier. J’ai oublié d’en parler hier mais nous l’avions déjà aperçu hier depuis le train, c’était dingue ! Le Mont Rainier est un volcan non actif culminant à 4 392 mètres d’altitude. Dîtes vous que le plus haut sommet des Etats-Unis hors Alaska est le Mont Whitney à 4 417 mètres. On en est donc pas loin ! Ce sommet fait donc l’objet d’un Parc National du même nom. Seattle est également entouré d’un autre Parc National, celui d’Olympic, situé à l’Ouest de la ville lui, et ayant une chaîne montagneuse également visible depuis les rives de la ville. Les bords de mer sont très bien aménagés, c’est détente, d’autant plus que nous avons beaucoup de chance sur la météo. Nous marchons tranquillement en direction du Sud afin de rejoindre le Pike Place Market. Nous passons devant plusieurs embarcadères, dont le 66 North, du même nom que la marque de textile technique islandaise que j’apprécie particulièrement. Il est près de 13h30 quand nous arrivons au marché. Avant de l’explorer, nous nous installons dans un restaurant du marché avec vue panoramique sur la mer, le Lowell’s Restaurant. Seattle est une ville vallonée, moins que San Francisco en termes de dénivelé, mais il est assez facile d’avoir rapidement de très beaux points de vue de la ville et ses environs. En plus de leur hauteur, les gratte-ciels sont sur une colline. Seattle étant une ville maritime, nous déjeunons un sandwich et une salade à base de saumon.

Après ce déjeuner, nous partons explorer ce fameux marché, où nous comprenons rapidement son attrait touristique. Premièrement, le bâtiment, que ce soit à l’intérieur ou extérieur est assez old school, ce qui lui donne un certain charme. Ensuite, les boutiques qui le composent sont toutes des plus sympas et très axées « brocante » ou vieille boutique avec de beaux articles (exemple : librairie, magasins d’affiches, artisan du bois, disquaires, etc.). Il n’y a pas ou que très peu de boutiques clichés de tourisme vendant des articles de m****. Au niveau supérieure, le marché est composé de stands de poisson proposant des produits de la mer avec des origines étranges pour nous, comme par exemple l’Alaska. Nous terminons notre tour dans le marché puis partons chercher des timbres à US Post Office puis rentrons tranquillement par le centre-ville (le vrai). Le fentanyl n’épargne également pas Seattle. Certaines rues regroupent encore beaucoup de malades, toujours aussi inoffensifs, étant dans leur monde. Nous sommes cet après-midi témoin d’un malade étant en train de faire un gros “bade”, entourés de dizaines d’autre malades tentant de l’aider. Entre nous, c’est à se demander si cette personne est encore de ce monde. Avec ces quelques images des plus tristes, nous arrivons au AirBnB se reposer quelques heures.

Afin de clôturer cette journée, nous ressortons pour le coucher de soleil en direction du Kerry Park, parc situé à deux kilomètres et demi du logement proposant une vue panoramique sur Seattle et le Mont Rainier. Cette vue offre un panorama pouvant faire penser à Tokyo avec le Mont Fuji en fond. Le spot est assez connu pour les couchers de soleil, il y a foule sur l’esplanade du parc. A la vue du dénivelé, je doute que la majorité de ces personnes soient venus à pied. L’ascension totale doit faire près de 75 mètres de dénivelé ce qui n’est pas rien. Nous redescendons ensuite par la mer où nous profitons de ce soleil couchant sur les sommets du Parc National d’Olympic. L’ambiance est vraiment des plus détendue, il fait carrément bon vivre ici et Seattle est vraiment plus à taille humaine que San Francisco ou Los Angeles. Valentine trouve que la ville fait un peu penser à Rotterdam avec toute cette eau et ces hauts buildings modernes. Nous rentrons tranquillement par le bord de mer avec les lumières du soleil changeantes proposant des teintes jaunes, violettes, orangées puis bleues. Ce soir au AirBnB c’est pâtes, notre premier plat de pâtes « home made » depuis près d’un mois.

Chapitre 27 – Mercredi 28 mai ; Seattle

Seattle. Au final pourquoi cette ville est-elle aussi connue ? Connue de nom, connue par son Space Needle que l’on peut voir dans la série Grey’s Anatomy mais quoi de plus ? Nous nous sommes posés la question avec Valentine car, autant le nom est clinquant, autant nous ne connaissons pas beaucoup de personnes ayant mis un pied ici. Après quelques recherches faîtes sur Wikipédia, nous avons vu que Seattle est la ville de Jimi Hendrix et celle de Bil Gates qui a fait élire domicile à Microsoft. Je pose cette question en introduction car finalement, la ville est très agréable et nous ne regrettons pas le temps que nous passons ici, mais l’attractivité touristique est bien loin des autres villes américaines que nous avons visité jusque là. Après, entre nous, je suis constamment à la recherche des lieux sans touriste, je suis donc ici servi.

Aujourd’hui pas de musée, pas de ferry pour aller sur une île, ça sera simplement baignade en eau douce. Nous allons prendre le temps et profiter des vacances en posant nos fesses sur une serviette. Il y a l’embarras du choix à Seattle avec toute cette eau. Eau salée, eau douce, plage de sable, plage de gravier ou de béton, il y en a pour tous les goûts. Notre souhait d’aller prendre le soleil a été drivé par la volonté d’aller explorer Lake Union, lac situé à l’Ouest de la ville, à seulement trois kilomètres de notre logement. C’est très facile d’accès et l’endroit ressort très régulièrement dans les choses à voir à Seattle. Avant de nous poser au lac, nous faisons d’abord une escale au Seattle Center où nous décidons de prendre le monorail afin de profiter du côté “futuriste” de la ville. Bien que l’expérience soit très éphémère (trois minutes à tout casser) je recommande vivement de prendre ce transport afin de naviguer autour des grattes ciels et avoir une vue directe sur Space Needle. D’ailleurs, nous ne serons pas monté en haut de Space Needle et quand l’on voit le prix pour y monter, nous n’avons aucun regret. Autant prendre le monorail. C’est aux environs de 10h30 que nous arrivons sur les pontons de Lake Union Park, juste à côté du Musée de l’Histoire de l’Industrie. Notre bronzette sera accompagné de plusieurs départs d’hydravion où plusieurs d’entre eux sont amarrés à moins de cent mètres de nous. Je ne vous raconte pas le bordel que cela fait au démarrage. Hormis quelques runners profitant du soleil post effort, peu de monde sont présents sur les quais à cette heure-ci. L’endroit se remplie aux environs de 11h15 avec un arrivage d’adolescentes/jeunes adultes ayant certainement déjà terminées les cours (ou bien le mercredi n’est pas travaillé aux US). Ce sont notamment ces mêmes filles qui m’auront convaincu à aller me baigner, étant auparavant perplexe sur la qualité et la température de l’eau. Notre estomac se met en marche, nous partons en direction du Nord-Est du lac où nous déjeunons dans une boulangerie, à la Grand Central Bakery – Eastlake Cafe, puis rejoignons un nouveau spot de baignade trouvé sur internet. Nous avons marché près de trois kilomètres depuis notre spot de ce matin et sommes actuellement au E Allison Street Public Shore. Le lieu, tout comme ce quartier, est principalement composé de maisons individuelles situées… sur l’eau. Elles ne semblent pas être sur pilotis ni même construites sur des terres artificielles, ces magnifiques maisons modernes semblent tout simplement flotter. Qui dit maisons qui flottent dit bateau privé et toit terrasse donnant sur le lac. Il y a pire, non ? Notre spot de baignade se trouve donc au milieu de ces maisons flottantes. Une voie rapide aérienne passe juste derrière nous, ce qui apporte malheureusement un peu de bruit. Nous sommes seuls à être installés sur le béton de la “crique”, quelques chiens et leurs maitres viendront nous rendre visite au cours de nos deux heures de baignade et bronzage. Nous nous motivons à nous baigner tous les deux. A 15h40, nous décidons de rentrer en bus au AirBnB afin de préparer notre départ de demain et se doucher avant… le premier match de baseball de notre vie !

18h30 au T-Mobile Park de Seattle, ce c’est Seattle Mariners contre les Nationals de Washington. Allez savoir pourquoi, ce même match a déjà eu lieu hier et ces deux équipes vont se rencontrer six fois consécutivement au cours des prochains jours alors que nous sommes en saison régulière ! Nous arrivons au stade à pied, le stade de football/soccer est situé juste à côté de celui de baseball. D’ailleurs, il y a en ce moment même un match de soccer. Nous avons la conviction que nous n’allons rien comprendre à ce match de baseball, et le calendrier de la saison lui-même nous prouve que nous ne comprenons déjà rien. Les seules bases que nous avons de ce sport sont à mettre au mérite de la Nintendo Wii avec Wii Sport, pour vous dire. Concernant le calendrier, le match que nous voyons ce soir se répète six fois en six jours, sachez qu’une saison régulière de baseball compte 162 matchs. Oui, 162! Nous rentrons facilement dans le stade, on nous offre à l’entrée la figurine d’un joueur. Nous ne savons pas comment nous allons ramener toutes nos affaires en France mais pourquoi pas. Nous sommes bien placés, nous avions acheté des places à un prix plutôt élevé comparés aux matchs en France. C’était achat onéreux est souhaité et assumé, je pense que c’est la première et dernière fois de notre vie que nous verrons un match de MLB (Major League Baseball). Le protocole semble être bien respecté avec l’hymne national américain et le “roof report”. Oui, le jingle du “roof report” aura pris plus de temps que l’annonce elle-même, stipulant que le toit du stade sera ouvert car il y a du soleil. Tellement lunaire que ça en est drôle. En tout cas, la légende se confirme, il n’y a que très peu d’ambiance dans le stade, le show se passe autour du sportif avec les différentes caméras où les supporters dansent fièrement devant, ou bien les quelques animations aux mi-temps des neuf phases de jeu (oui, il y a au baseball neuf “mi-temps”). Au-delà du sport que nous découvrons et qui nous intrigue, c’est aussi le stade qui nous impressionne. Le stade a été construit pour accueillir que du baseball. La forme est bien spécifique, tout comme ses gradins et ses différents points de vue. Le T-Mobile Park peut accueillir plus de 45 000 personnes et offre des vues à couper le souffle que ce soit proche du terrain ou en hauteur. D’ailleurs, à la fin de la troisième phase de jeu, nous décidons de monter en haut des tribunes pour y voir le point de vue et admirer le coucher de soleil. Parce que oui, le stade est tellement haut que nous distinguons du haut du stade l’océan, les montagnes, Space Needle et les autres grattes ciels, tout ça accompagné d’un très beau coucher de soleil. Alors, autant vous dire que le match nous aura intéressé et intrigué mais que dire du stade et du moment que nous aurons passé dedans. En tout cas, il est bon à savoir qu’il n’est pas utile d’acheter une place onéreuse en saison régulière étant donné que beaucoup de sièges sont vacants. Autant acheter un billet peu cher et bouger ensuite de place pendant le match. En conclusion, nous nous souviendrons longtemps de notre expérience baseball qui clôture notre expérience à Seattle et sur la Côte Ouest Américaine.


Partie II – Traversée du Canada

Chapitre 1 – Jeudi 29 mai ; de Seattle à Vancouver

C’est le retour du réveil, et qui dit réveil dit randonnée ou transit à venir. Rendez-vous à la King Street Station de Seattle à 08h30. Nos sacs sont fait de la veille et toutes nos provisions alimentaires ont été consommées, c’est donc le marchand de donuts en bas du AirBnB qui me nourri ce matin. Comme à l’aller, c’est un bus qui nous mène à la gare. Nous sommes chaleureusement accueillis par deux personnes malades dans l’escalier de la gare. Quand je dis “malade”, je parle bien évidemment de toxicomanes du fentanyl. Ces deux individus ont vraiment le mérite d’être mentionnés ici. Par “mérite”, j’entends plutôt notre incompréhension face à la situation qui se produit devant nos yeux. Dans ces escaliers assez larges descendant dans la gare, ces deux personnes sont debout, sans vie, en train de “dormir”. Une homme, les yeux à peine ouverts, statique et une femme debout mais courbée comme si elle souhaitait s’étirer en se touchant les pieds. Je ne mens pas quand je dis que ces gens ne bougeaient pas et étant sincèrement “sans vie” dans ces positions. Nous sommes passés, les avons regardé mais notre passage ne les aura rien “réveillé” ou fait changer de positions… Je comprends mieux maintenant les comportements de certains zombies dans les films : ils sont tout simplement inspirés de faits réels. Par exemple, si mes souvenirs sont bons, dans le film “World War Z” avec Brad Pitt, les zombies sont parfois en veille dans des positions étranges. Nous avons été confrontés à ces mêmes zombies, vraiment. Passons… La gestion de nos bagages est toujours aussi sportive sans voiture. A la King Street Station, le personnel de la gare nous prépare au passage de la frontière canadienne en nous faisant remplir des papiers. Cette démarche administrative nous permet de poser nos sacs et reposer un petit peu nos dos. S’en suit une courte attente dans la fil avant de monter dans le train de l’opérateur “Cascades”. Lors de ce trajet, contrairement à notre périple de 21 heures, nous serons très régulièrement à proximité de l’océan que nous longerons. La liaison dure quatre heures entre Seattle et Vancouver, sans compter le long temps d’attente avant de sortir du train, frontière oblige. La douane nous pose comme toujours tout un tas de question pour savoir pourquoi nous venons au Canada, combien de jours, pour aller où. Heureusement que nous connaissons (presque) l’agenda par cœur. Ca reste quand même long à leur expliquer. Nous donnons à la douanière notre AVE, document administratif nécessaire à l’entrée au Canada. Etrangement elle n’a aucune idée de quoi nous lui parlons. Peut-être que l’AVE est seulement nécessaire pour les rentrées sur le territoire par voie aérienne. La situation à laquelle nous venons d’être confronté est un peu un mystère.

Vancouver, Colombie-Britannique, Canada. Il semble que cet endroit commence à nous parler. Pourquoi ? Parce que les panneaux sont pour la majorité traduit en français. Bon, notre anglais restait quand même suffisant jusque-là pour comprendre la signalisation. Valentine comme moi sommes ici en terrain inconnu. Contrairement aux Etats-Unis, aucun d’entre nous n’est encore allé au Canada (pour rappel je suis allé à New York il y a douze ans). Sans parler du Canada en lui-même, que dire de nos attentes de Vancouver. J’aurais tendance à dire, presque d’un air nonchalant, pas grand chose. Je suis dur et blasé mais après être allé dans des villes aussi significatives touristiquement que Los Angeles, Las Vegas, San Francisco et Seattle, nous ne savons pas vraiment où nous mettons les pieds touristiquement parlant. Pour remonter la pente du positif, disons que Vancouver est un nom mondialement connu, réputé pour ses reliefs environnant à couper le souffle, et ça nous sommes surexcités. Urbainement, Vancouver arrive peut-être un chouïa tard dans ce périple. Ce qu’il faut savoir, c’est que nous prenons cet arrêt de quatre jours comme une aubaine, une opportunité de visiter une ville sans pression, où nous n’allons pas nous presser et nous fatiguer comme nous avons pu le faire à Los Angeles et San Francisco. Et dites-vous que notre raisonnement semble presque être le bon car nos proches connaissant Vancouver nous ont dit qu’il s’agissait surtout d’une ville de balade avec une “vibe” à ressentir. C’est tout ce que l’on souhaite à ce moment du voyage, après trois semaines et demie, cela nous envoie ravis. Nous récupérons le AirBnB vers 16h00, il est 13h30. Nous prenons le choix de déjeuner non loin du AirBnB. Avant d’atteindre le restaurant, autant vous dire que le métro puis le bus avec nos soixante kilogrammes de bagages auront été folklo. Le bus 99 qui traverse Vancouver d’Est en Ouest est… bondé. Il est un des seuls transports qui permet de rejoindre rapidement l’Université of British Columbia (UBC) à l’extrémité Ouest de la ville. Nous apprendrons quelques jours plus tard que de gros travaux sont en cours à Vancouver, notamment pour construire un métro en direction de l’université, ce qui semble cohérent. En tout cas, autant vous dire que notre première expérience avec les Canadiens n’aura pas été la meilleure. Avec une capacité très limitée de mouvement et en faisant le nécessaire pour déranger le moins de personnes possibles dans le bus, deux à trois personnes m’ont gentiment (puis moins gentiment) fait comprendre que ma place avec mes bagages était à un endroit bien spécifique du bus, parce que “this is the rules, okay?”. OK, je fais calmement de mon mieux mais bout intérieurement à l’idée de sortir le plus rapidement possible de cette boîte de conserves roulante. Nous arrivons au Evelyn’s Café sur la Broadway Avenue. Le gérant, lui, est très gentil, nous mangeons très bien pour un prix dérisoire. J’apprécie notamment ma première poutine qui est proposée en substitut des frites avec mon burger. Nous avons changé de monnaie au Canada et le taux de change nous arrange plutôt bien (1 dollar canadien = 0,64 euro). En revanche, chose que je souhaitais mentionner depuis longtemps et que j’ai constamment oublié est le prix affiché au Canada ET aux Etats-Unis. Que penser des prix affichés dans les magasins, restaurants ou transports quand ils peuvent varier de plusieurs dizaines de pourcent au passage à la caisse ? Les prix affichés en Amérique du Nord sont hors taxe. Déjà, c’est une première surprise quand nous passons en caisse. Ensuite, comme j’ai eu l’occasion d’en discuter avec mon ami Yohan qui vit au Canada depuis près de deux ans, il y a en Amérique du Nord une culture du tips (pourboire) qui est presque imposée. Au moment de payer, le TPE est tendu pour payer et la première chose affichée et le % de pourboire que l’on souhaite laisser. Les propositions de % sont d’ailleurs préremplies sur le TPE, afin de ne laisser que très peu d’échappatoire. Parfois, les % affichés commencent à 20%, rien que ça. Bien évidemment qu’il est possible de le refuser, ce que nous faisons régulièrement, d’autant plus que le tips est même parfois demandé au supermarché, à la pharmacie, dans une librairie et j’en passe. En tout cas, notre ami d’Evelyn’s Café aura eu le droit à son tips, lui.

Nous arrivons dans notre AirBnB situé à l’extrémité Sud de Kitsilano, quartier assez prisé des habitants de Vancouver par sa centralité, sans être pour autant dans l’hyper centre mouvementé et commerçant de la ville. Notre appartement est au dernier étage d’une grande maison de quartier. Après Seattle, c’est la deuxième fois que nous sommes réellement surpris par la qualité et la taille de notre logement. En Europe, nous sommes souvent confrontés à des photos pas forcément fidèle à la réalité. En Amérique du Nord, cela fait deux fois que les appartements paraissent encore plus grands et plus beaux que sur les photos (alors que les photos sont déjà avantageuses). Nous n’avons pas d’attente spécifique pour cet après-midi car nous sommes fatigués de notre réveil matinal et du trajet. Il ne faut pas oublier aussi que porter les sacs est très éprouvant. Au total, nous avons du faire près de trois kilomètres avec les bagages sur le dos aujourd’hui. Nous nous posons puis poussons, pour la forme, à la plage de Kitsilano à deux kilomètres du AirBnB. Notre passion pour les thrift shop s’étant accentuée au cours de ce voyage, nous faisons escale par pur hasard dans un de ces magasins. Nous avons émis domicile à Kitsilano durant ce séjour grâce à deux de mes amis ayant de très bons conseils au sujet de Vancouver. Un premier, Arthur, un de mes collègues, qui a vécu de longues années à Vancouver et qui a travaillé pour UBC (University of British Columbia). Un second, Gabriel, ami depuis l’Ecole de Commerce à Marseille, qui habite depuis maintenant trois ans à Vancouver. Nous allons d’ailleurs avoir le plaisir de le voir dès demain. Arthur et Gabriel nous avaient tous les deux conseillés de séjourner dans ce quartier si possible. Nous passons faire quelques courses chez Whole Food Market avant de remonter tranquillement au AirBnB où nous y passerons tranquillement le reste de la journée. Il est environ 19h00.

Chapitre 2 – Vendredi 30 mai ; Vancouver

Vancouver, huitième ville et troisième agglomération du Canada. Après quelques échanges avec des canadiens, la ville connaît depuis vingt ans une croissance démographique exponentielle qui a ses avantages et ses inconvénients. Vancouver est très attractive et il y a surtout du travail! Les gens nous disent que le chômage n’existe pratiquement pas ici. Un des ses inconvénients reste le coût de la vie, principalement expliqué par le coût du logement qui est réputé comme étant un des plus élevés au monde. Pour notre part, nous avons payé depuis longtemps notre AirBnB mais il est vrai qu’il était assez élevé. Vancouver qui a accueilli les Jeux Olympiques d’Hiver en 2010 est une agglomération entourée de relief avec une situation assez nordique qui lui permet d’avoir des conditions d’enneigement intéressantes l’hiver. Ce qui est assez dingue aussi avec cette ville c’est le switch montagne/mer qui existe ici. Bien que de nombreuses îles se trouvent face à Vancouver, dont la très connue île de Vancouver, l’Océan Pacifique est présent au cœur de la ville, ce qui offre un champ des possibles naturels et sportifs énormes. En complément de ces quelques éléments de contexte, mon ami Gabriel nous sensibilisera sur la vision de Vancouver comme étant aussi une ville cloisonnée, avec des airs de “bout du monde”. Pour les amateurs d’outdoor ou de sports aquatiques, le champ des possibles est illimité mais pour des envies d’ailleurs, il est plus compliqué de se projeter sur autre chose le temps d’un week-end ou d’une semaine, avec ou sans avion. Ce point de vue est intéressant car d’une vision touristique, nous ne nous rendons pas compte de ces choses.

C’est “slow morning” pour nous ce matin. Nous voyons Gabriel ce soir avec qui nous avons prévu une randonnée à trente minutes de voiture de Vancouver. Il nous a donné rendez-vous à 16h00 à North Vancouver, quartier où il travaille au siège Arctery’x. Nous sortons de l’appartement vers 11h30 et prenons la direction à pied de North Vancouver. Les distances ici sont assez importantes mais notre chemin jusqu’à North Vancouver ne devrait pas faire plus de six kilomètres en tout. Nous parcourons la ville du Sud au Nord. Une fois de plus, il s’agit d’une ville où il fait bon vivre, il n’y a pas énormément de circulation, ce n’est pas très bruyant, et nous nous sentons vraiment en sécurité. De ce que nous avons lu, la politique de la ville semble très tournée sur l’environnement : recyclage, puits carbone, circulation, vélo, etc. Nos premières observations de la ville vont dans ce sens-là. La végétation dans les quartiers résidentiels est folle. C’est un peu comme aux Etats-Unis d’un aspect urbanisme, il y a énormément de maisons individuelles pour très peu d’immeubles. Toutefois, pour lutter contre cette crise du logement, il est notable de voir qu’à Vancouver il y a quand même d’importantes tours de logements en cours de construction. D’ailleurs, sur “l”île” faisant office de centre-ville (Downtown), il y a déjà énormément de tours de logements plus ou moins… moches. Nous prenons du plaisir à marcher dans la ville, nous traversons Granville Island où nous sommes dans l’obligation de prendre un aquabus (un bateau) pour rejoindre l’île de Downtown. Le trajet prend seulement cinq minutes, si ce n’est moins. Ensuite, traversée totale de l’île de Downtown où nous retrouvons ici l’agitation habituelle des grandes villes, avec les avenues commerçantes ou encore le quartier d’affaires. Sur cet île, la ville à la mauvaise image d’avoir un des plus grands quartiers de malades d’Amérique du Nord liés au fentanyl. Si je ne raconte pas de bêtises, ils sont principalement regroupés dans les zone de Gastown et Chinatown. Sachant que nous savons maintenant quels sont les ravages de cette drogue, nous faisons l’impasse sur ce “hot spot touristique” afin de rejoindre l’extrémité Nord de l’île Downtown, là où nous attend notre seabus pour rejoindre le quartier de North Vancouver. La traversée est beaucoup plus longue que la précédente, entre quinze et trente minutes, je ne saurais pas dire exactement. Hormis un passager relou qui nous aura raconté sa vie sans consentement pendant les premières minutes du trajet, le trajet est fluide et agréable. La vue arrivant à North Vancouver n’est pas non plus celle de Manhattan mais les reliefs environnant apportent quelque chose en plus.

Il est près de 13h30, nous déjeunons au Catch 122 puis faisons un tour dans le quartier. Nous déambulons dans les Shipyards qui semblent être d’anciennes halles de pêche réhabilitées en marché couvert. Nous effectuons un dernier trajet en bus et un ultime stop dans un Liquor Store pour s’approvisionner en bières pour la randonnée de ce soir. Il est 16h00 et nous retrouvons enfin Gabriel. Cela fait très longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de le voir, sept ans je pense. A l’époque de notre année commune à Marseille, nous avions fait la Côte Bleue ainsi que quelques sorties dans les Calanques ensemble. La magie des réseaux sociaux nous aura permis de rester plus ou moins contact, ou du moins de suivre nos vies respectives, ce qui m’a poussé à le contacter dans l’organisation de notre voyage. Ce soir il nous emmène au Saint Mark’s Summit, proche de la station de ski de Cypress Mountain. Le trajet en voiture est assez court, il nous permet de prendre de la hauteur sur la ville, c’est magnifique. Après le Mont Rainier à Seattle, c’est le Mont Baker que nous apercevons au loin. Il s’agit également d’un ancien volcan qui lui aussi fait parti des Etats-Unis, bien que nous soyons au Canada. Nous nous garons dans la station de Cypress, puis débutons tranquillement la randonnée. Celle-ci sera des plus agréables, nous ne voyons pas le temps passer en discutant avec Gabriel. Nous avons une belle mise à jour à faire de nos vies respectives et Valentine et moi sommes très curieux d’en apprendre plus sur sa vie au Canada. Entre son départ de France, son travail ici, ses péripéties avec les ours, son cercle social au Canada, tout y sera passé. Nous arrivons facilement au St Mark’s Summit, les pieds dans la neige, à un peu plus de 1 371m d’altitude au-dessus de la mer. Cette mer étant d’ailleurs juste en face de nous. Le ciel est un peu nuageux mais laisse quelques rayons du soleil apparaître. Nous avons face à nous une vue sur les fjords et les îles de la Colombie Britannique, le lieu est à couper le souffle. Valentine et moi avons acheté de quoi pique niquer avant d’attaquer la redescente. La faune ici semble être beaucoup trop habituée à la facilité de trouver de l’alimentation grâce aux humains. Un écureuil (encore) loin d’être farouche, n’en finit pas de nous coller et rester dans nos pâtes jusqu’à être à deux doigts de rentrer dans notre sac à dos afin de récupérer de la nourriture. Niché depuis notre sommet, nous avons aussi la chance d’apercevoir dans la baie une baleine effectuant un beau saut. Difficile d’assurer avec certitude que c’était une baleine mais je ne vois pas ce que cela pourrait être d’autre quand l’on voit l’écume qu’à provoqué ce saut. Après avoir mangé nos derniers muffins, nous redescendons avant la tombée de la nuit qui est ici vers 21h20. Pas d’ours pour ce soir, simplement des grosses pintades sur le sentier traversant devant nous. Sur la route du retour nous nous arrêtons dans un virage afin de profiter d’une belle vue sur la ville, d’autant plus que la nuit descend et que les premières illuminations nocturnes se mettent en place. Gabriel nous ramène gentiment à notre AirBnB. Notre prochain rendez-vous est déjà pris, c’est prévu demain pour la finale de la Ligue des Champions.

Chapitre 3 – Samedi 31 mai ; Vancouver

Aujourd’hui c’est la finale de Ligue des Champions de football : Paris Saint Germain – Inter Milan. Autre grand événement planétaire de la journée : récupérer notre nouvelle voiture de location. La pluie frappe à la porte aujourd’hui. Si nous excluons la fine bruine que nous avons eu à Los Angeles, c’est le tout premier jour de pluie depuis le début du voyage. L’agence Avis se trouve à un peu plus de trois kilomètres du AirBnB, pour autant l’humidité ne m’empêche pas d’y aller à pied. Je dois y être pour 10h00, Valentine dort encore quand je pars. Je récupère une Hyundai Venue, voiture beaucoup plus petite que notre précédente Jeep Compass. Ce n’est pas forcément un problème, nous n’avons qu’une nuit de prévue dans la voiture. Les sièges se rabattent bien à plat, et ça c’est le plus important. Je note que l’expérience chez Avis aura été médiocre comparé à celle à Los Angeles. La voiture n’était pas prête ni lavée à mon arrivée. Après avoir discuté avec Gabriel hier qui travaille dans le Service-Après-Vente d’Arctery’x, ça me donnerait presque envie d’envoyer un petit formulaire à Avis.

Je rejoins Valentine à l’appartement qui est en train de prendre son café. Nous avons rendez-vous à 11h45 vers Kitsilano Plage chez un ami francophone de Gabriel pour regarder la finale de la Ligue des Champions. Nous y allons à pied, la voiture n’étant pas un prétexte pour ne pas faire deux kilomètres à pied bien qu’il pleuve. Nous passons par un Liquor Store acheter quelques bières. Ici au Canada, la grande distribution ne peut pas vendre d’alcool, c’est pourquoi il y a donc des magasins bien spécifiques, comme cela se fait également dans les pays Scandinaves ou en Islande. Nous arrivons pile à l’heure pour l’hymne de la Ligue des Champions, l’appartement où nous sommes est super chouette. Ce moment va dans la continuité des questions que nous avons posé hier à Gabriel, et notamment celle portant sur son cercle amical en Colombie-Britannique. Les rencontres commencent souvent par Facebook à travers les groupes de francophones, puis ensuite tout va très vite via les amis d’amis etc. Dans le cas présent, le propriétaire est un ami français avec qui il joue au tennis tandis qu’il connaît l’autre invité via des rencontres de beach-volley organisées entre français. Bref, le monde semble être assez petit en tant que francophone à Vancouver. Je ne vais pas refaire le film de la finale, le résultat est tel qu’il est, nous sommes tous super contents. Avec le décalage horaire, la finale était à 12h00. Il est donc 14h15 quand nous partons avec Valentine, avec trois bières dans l’estomac pour ma part. Je suis donc “bien”. Nous enchaînons avec quelques boutiques dans le quartier pour Valentine, puis rentrons tranquillement au AirBnB déjeuner un bout.

L’Université de British Columbia étant quelque chose de significatif pour la ville, Gabriel et Arthur nous ont conseillé d’aller y jeter un œil si possible. Notre après-midi étant déjà bien entamée, nous prenons la voiture pour aller se garer au Sud du campus universitaire. La météo s’est levée, nous avons de la chance. Entre infrastructures sportives significatives mettant tous les ingrédients pour réussir, ou encore salles de spectacles, culturelles et j’en passe, tout ressemble ici à un campus “à l’Américaine”. Gabriel nous a aussi recommandé de visiter le NEST, bâtiment faisant office de foyer pour les étudiants. Le lieu est des plus harmonieux et réfléchi architecturalement. Ca donnerait presque envie de reprendre ses études. Etant un pur produit d’école de commerce, j’ai l’impression que les Ecole de Commerce françaises essaient de prendre ce virage “à l’Américaine”, mais nous sommes encore à des années lumières de ce qu’il se fait en Amérique du Nord. En tout cas, il a l’air de faire très bon vivre à étudier ici, encore plus quand l’on sait que des plages aux odeurs océaniques sont collées au campus. Depuis les salles de classe, il suffit de descendre un escalier sur cent mètres pour apprécier l’air de l’Océan Pacifique et son sable fin. Pour être assez précis, c’est assez surprenant car le campus est situé sur une sorte de colline, il doit être entre 70 et 100m d’altitude. En empruntant les différents escaliers menant à la plage, la végétation devient des plus tropicales, nous avons l’impression d’être dans la jungle. Arrivés les pieds dans le sable, la plage a ce côté très naturel que nous pouvons ressentir sur la côté Atlantique française. Vous savez, ces embruns, le vent, le frais, cette basse végétation présente dans les dunes, ou encore les arbres en arrière plan. Nous empruntons un sentier longeant la plage pour faire une boucle dans notre expédition de l’après-midi afin de se rapprocher de la voiture. On nous avait prévenu et nous n’avons pas été déçus : cette longue plage longeant le campus accueille aussi les naturistes de la ville. Nous avons donc eu le plaisir de croiser sur ce sentier un homme très bien vêtu de la tête… à la taille, c’est tout. Comme toute personne que nous croisons, nous lui adressons nos salutations puis débriefons la situation quelques mètres plus loin agrémentée d’un grand sourire Nous remontons en direction du campus pour rejoindre la voiture. Faute à pas de chance, nous sommes samedi et tout est déjà fermé mais le campus abrite un grand nombre de jardins comme notamment un jardin botanique et japonais. L’Université d’UBC est immense et doit avoir un grand nombre de lieux secrets que nous n’avons pas eu l’occasion de voir. Arrivés à la voiture, nous rejoignons directement Gabriel chez lui avant d’aller dîner au restaurant tous les trois. Il n’habite pas bien loin de chez nous mais il est déjà tard, presque 20h00, d’où le fait qu’il a été plus pratique de le rejoindre directement chez lui en voiture. Grand amateur de nourriture, son choix s’est orienté vers un restaurant coréen ce soir, le Midam Korean Restaurant. Comme il nous l’a exprimé, il y a tellement d’immigrés ici que tous les restaurants étrangers sont de vrais restaurants tenus et cuisinés par ces immigrés. Nous y mangeons très bien et passons un très bon moment. Il est 21h45 quand nous sortons du restaurant et disons au revoir à Gabriel. Comme Valentine l’a très justement dit, nous avons l’impression d’être des locaux ici. Nous prenons notre temps le matin, nous voyons des amis, nous nous promenons puis nous trainons le soir. Ca change des autres mood que nous avons vécu jusqu’à maintenant et c’est ce qui a rend pour le moment notre expérience à Vancouver des plus uniques.

Chapitre 4 – Dimanche 1er juin ; Vancouver

J’ai envie d’aller courir et faire une trace Strava à Vancouver. Avec un peu de bonne volonté, mes envies deviendront des souvenirs. Pendant que Valentine dort, j’enfile mes runnings pour pousser courir jusqu’à UBC. Je l’avais annoncé dès notre arrivée ici, les distances sont importantes à Vancouver, mon run l’est donc également : 19,8 kilomètres. Retour au AirBnB en serrant les fesses, le run m’a retourné l’estomac. Ce matin, il est prévu que nous rencontrions Lorie, la copine Philippine de Gabriel. Il nous a donné rendez-vous à “Le Marché St. George”, un café au Sud de Vancouver où nous sommes obligés de prendre la voiture. Le moment est très agréable, il fait beau ce matin. Lorie et Gabriel se sont rencontrés au travail, à l’époque où les deux travaillaient chez Arctery’x. Actuellement, Lorie qui a fait l’essentiel de sa vie au Canada, rêve d’une expérience professionnelle en Europe. Comme lui a dit Gabriel, pas simple de se projeter à travailler en France sans parler français… En tout cas, c’est vraiment intéressant de voir grâce à ce voyage les envies d’Europe des habitants d’Amérique du Nord. Le projet (ou plan) est prévu pour octobre 2025, ça approche, nous sommes bien curieux de voir où l’avenir les mènera.

Après une bonne heure à discuter au soleil, il est l’heure de dire officiellement au revoir à Gabriel après tous ces moments super chouettes passés avec lui. Nous espérons le revoir prochainement en France ou en Europe. Gabriel est un bon sportif, nous pouvons donc nous projeter à faire plein de choses ensemble dans les Alpes. En partant, Lorie et lui nous ont recommandé d’aller jeter un œil au parc voisin au café, le Queen Elizabeth. Ce Parc est situé en hauteur et permet de profiter d’une nouvelle vue sur la ville. Le trajet en voiture n’est que de cinq minutes, nous nous garons et nous promenons quelques minutes à travers les jardins avant de reprendre la route vers LE parc de Vancouver. Le Stanley Park, lieu de tous les superlatifs pour les habitants de Vancouver. Nous nous parlons ici du troisième parc urbain d’Amérique du Nord, bien loin devant Central Park, mais juste derrière le Golden Gate Park de San Francisco pour seulement 8 hectares. Au-delà de tous les avantages que peuvent avoir un Parc, le Stanley a surtout cette chance d’avoir ses rives en bord d’océan, et donc des plages accessibles aux résidents au milieu d’un écrin de verdure. Afin d’aller voir le poumon de la ville, nous nous garons à son extrémité Sud-Est et achetons des sandwichs à emporter dans une boulangerie afin de les manger au soleil. Après avoir fréquenté plusieurs parcs de renoms au cours de ce voyage, nous ne pourrons en dire plus sur celui-ci. Nous apprécions notre marche sur ses rives, tout est bien imaginé afin de faire côtoyer piéton et vélo. Le côté océanique permet également de trouver plusieurs plages où y poser sa serviette. De plus, Vancouver possède aussi SON pont, à l’image du Golden Gate Bridge, du nom de Lion’s Gate Bridge. Il n’a pas peut-être pas la renommée de celui de San Francisco (qui peut vraiment s’asseoir à la table du monument Golden Gate Bridge ?) mais l’extrémité Nord du Parc offre une belle vue sur celui-ci, au niveau de Prospect Point. Arthur et Gabriel nous avaient recommandé de pousser jusque là-bas. Malheureusement pour nous, le stationnement à proximité a été compliqué, nous n’avons que deux heures devant nous et nous sommes déjà sur la fin du compte à rebours quand nous arrivons proche de la plage de Third Beach. De retour à la voiture, nous prenons la direction d’une librairie Indigo (similaire à la FNAC en France) où Valentine y trouve des livres français afin d’occuper ses dernières semaines de voyage. Dernière halte dans un supermarché afin de faire des provisions pour les quatre jours à venir sur l’île de Vancouver. La fin de notre temps à Vancouver approche, nous repackons tous nos sacs en cette fin d’après-midi sachant que le réveil de demain sera assez matinal.

Tandis que la soirée se devait d’être tranquille à l’appartement, je reçois un message sur Instagram de mon pote Yohan qui me montre que des aurores boréales sont apparues la nuit dernière à Vancouver. Nous n’étions pas prêts de les voir sachant que nous nous sommes couchés relativement tôt après le restaurant coréen. Les médias disent qu’il est possible que le phénomène se reproduise ce soir. Une bonne excuse pour ressortir, d’autant plus que ni Valentine ni moi en avons déjà vu. Le point le plus délicat est d’attendre que le soleil se couche et ça, ça peut être long sachant que nous sommes bien au Nord du continent. De plus, une ville d’envergure comme Vancouver apporte beaucoup de pollution lumineuse. A 21h30 nous prenons le pari de se diriger vers UBC et la plage où nous sommes descendus la veille. Cette zone est assez à l’écart, nous ne devrions pas être embêtés par les lumières ici. Il y a un peu de monde sur la plage, quelques groupes font des feux sur la plage. Il y a du vent mais c’est vivable, nous n’avons pas froid. Nous attendons jusqu’à 23h30 sans voir d’aurore boréale. Pas de regret, nous avons profité des dernières lumières du coucher de soleil et de la rencontre de Joe, étudiant en ingénierie informatique à UBC étant lui aussi descendu sur la plage pour voir les aurores. Cela nous aura fait passer le temps et nous aura permis de faire une nouvelle rencontre éphémère au cours de ce voyage. Cette fois c’est vraiment la bonne, il est 0h00, nous allons nous coucher, le réveil est prévu à 06h00.

Chapitre 5 – Lundi 2 juin ; de Vancouver à Tofino

La nuit a été courte mais nous sommes prêts à ressortir de l’agitation des villes. La voiture est packée (ou presque car je me demande si je n’ai pas perdu/oublié mon chapeau d’Arches National Park), nous partons en direction d’Horsehoe Bay au Nord de la ville de Vancouver afin de prendre notre ferry pour y rejoindre Nanaimo sur la très connue île de Vancouver. Il n’y a pas grand monde sur la route pour un lundi, nous arrivons avec une bonne heure d’avance. Comme d’habitude avant de prendre un ferry, il y a toujours des gens encore plus ponctuels que ce que nous sommes. A se demander si certains ne dorment pas sur l’embarcadère. Horsehoe Bay est un hub de ferry, tout est super bien organisé avec environ quatre destinations possibles depuis cet embarcadère. Notre fil est la numéro 2, nous rentrons aisément la voiture sur le bateau. Le ferry a une durée de deux petites heures, nous avons encore trop de chance car il fait super beau. A peine rentrés dans le bateau que nous prenons un café pour aller le boire sur le pont. Bien que le bateau soit à l’arrêt, la vue sur les îles environnantes et les sommets dans les nuages (dont le St. Marks Summit) est magnifique. Il y a un certain calme qui s’empare des lieux. Au départ du ferry, celui-ci navigue entre les îles avant de partir vers le large direction Nanaimo. La météo est toujours aussi bonne mais la prise au vent depuis le devant du bateau est très rafraichissante. Nous partons nous installer au dos du bateau, à l’abri du vent, face au soleil où nous sommes dans un plaisir total. Peut-être devrais-je dire “kiff”. Le moment est d’un intense bonheur. Cette sensation de naviguer, face au soleil, en voyant défiler les paysages ni trop rapidement ni trop lentement. Nous sommes bien. Le ferry arrive à Nanaimo aux alentours de 11h00. Aucune attente spécifique concernant cette ville, nous souhaitons fuir la ville pour la nature, c’est pourquoi nous prenons directement la direction de Tofino. Le trajet traverse grossièrement l’île d’Est en Ouest. La route connaît un peu de dénivelé sachant que l’île est montagneuse. Nous longeons durant le trajet une rivière et des lacs de montage où plusieurs personnes y font du paddle. Dis comme ça, il fait beau, il n’y a pas de vent, ça fait rêver, mais je n’ose pas imaginer la température de l’eau. Après deux bonnes heures et demi de trajet, nous arrivons dans le petit village de Tofino à 14h00, nous sommes à l’extrémité Ouest de l’île, du Canada, mais aussi du Continent. Nous récupérons le AirBnB à 16h00, nous avons donc un petit peu de temps à tuer, dont celui de déjeuner. Valentine spotte un restaurant végétarien du nom de Bravocados pour ce midi, cela me convient très bien. Je suis fatigué de la courte nuit et du trajet, je ne suis donc pas le plus bavard et “feel good”, pour moi tant que l’on se pose ça me va. Post déjeuner, nous partons déambuler dans le village de sorte à observer le port et ses hydravions, puis faire quelques emplettes dans des boutiques de souvenirs et dans un supermarché.

C’est Baku qui nous accueille dans son AirBnB à quatre kilomètres au Sud de Tofino. Baku (son prénom) réalise actuellement des travaux dans sa maison. Ca tombe bien, ce n’est pas là où nous dormons mais dans une dépendance au fond de son jardin, un chalet en pleine forêt juste derrière sa maison. Le temps des rénovations, il a acheté une caravane dans laquelle il dort avec son jeune malinois fougueux d’un an et demi. Notre AirBnB est plutôt canon. Nous sommes dans un havre de paix tout en bois à l’abris des regards. Aucun vis à vis, et une chambre située en mezzanine à l’étage. Franchement c’est dépaysant et relaxant après plusieurs semaines en ville, le rêve. Si nous pouvons nous permettre de faire juste une remarque, il y a juste une petite odeur de chien dans le chalet. Ca pourrait s’apparenter à de l’humidité ou du renfermé mais notre habitude des chiens fait que nous pouvons facilement deviner la provenance de l’odeur. Supposons que Baku vienne dormir ici avec son chien quand il n’a pas d’hôte. Nous n’allons pas en faire tout un plat, l’odeur est OK, c’est propre et nous allons aérer. Louer un AirBnB signifie dormir chez l’habitant. Il faut savoir faire avec ces détails. Dans tous les cas, Baku est super gentil et nous accueille avec sympathie. Il est d’origine allemande et a longtemps habité à Francfort. Cela fait maintenant trente ans qu’il a immigré à Tofino. Depuis sa maison et le AirBnB, Baku nous montre l’accès presque direct à l’Océan Pacifique. Sans raconter de conneries, nous n’avons qu’à parcourir cent mètres dans un petit chemin de terre et de sable pour tomber directement sur Chesterman Beach : c’est la folie. Une fois les affaires sorties de la voiture, nous partons nous promener sur la plage. La plage est à l’image de ce que je m’en faisais en pensant aux plages de l’île de Vancouver. Une longue plage de sable fin clair à perte de vue, assez large, des petites îles au large avec des arbres à leurs sommets, et des vagues plutôt sympas avec un certain nombre de surfeurs dans l’eau. Il fait beau, il doit faire environ 14°C avec une légère brise mais mon dieu quel plaisir de voir, de ressentir ce que nous vivons actuellement. Nous sommes sur l’Île de Vancouver. En y pensant, ici à Tofino nous sommes un petit au bout du monde. Le village est une impasse et aucune autre route de l’Ouest de l’île ne mène plus au Nord ou à l’Est. Les autres moyens de locomotions sont donc le bateau ou l’hydravion. Pour revenir à Chesterman Beach, la plage forme un angle droit que nous parcourons sur plus de deux kilomètres. Ce qui est notable depuis cette plage, ce sont les maisons qui sont situées sur les îles, en plein océan, à quelques mètres seulement de l’eau et des vagues. L’océan est actuellement à marée basse mais l’eau est déjà si proche, et quand est-il de l’accès à marée haute. Impressionnant. Et que dire de la météo en période de tempêtes. Sur l’autre rive de l’angle droit de la plage, nous sommes un peu plus à l’abris du vent. Nous en profitons pour nous poser au soleil dans le sable pour nous reposer un petit peu. Nous sommes ici à Tofino, en mode détente, nous n’avons pas prévu grand chose de plus. Un aigle passe au dessus de notre tête, volant assez bas. J’essaie de le prendre en photo en le suivant jusqu’à l’arbre où il s’est niché mais sans grande réussite. Tant pis. Une petit heure plus tard, nous faisons chemin inverse afin de rentrer tranquillement se mettre au chaud au AirBnB. Nous nous faisons cuire des pâtes ce soir, prenons notre temps, puis ressortons voir le coucher de soleil sachant que la plage n’a pas bougé, elle est toujours à seulement cent mètres du logement. Il est 21h20, les couleurs sont rouges, le soleil qui se couche à l’Ouest est caché par une rive de l’île où se trouve un hôtel. Cela ne nous empêche pas de kiffer le moment et immortaliser tout cela avec des photos faisant bien apparaître ce rouge changeant de coucher de soleil. Nous rentrons tranquillement nous coucher, nous avons à Tofino quatre nuits de prévu pour trois jours complets sur place.

Chapitre 6 – Mardi 3 juin ; Tofino

Tofino c’est un peu le bout du monde. Dernière ville avant… rien. Le Nord Ouest de l’île de Vancouver c’est une zone presque inhabitée par l’homme. Ce bout du monde il attire quand même beaucoup de personnes, comme beaucoup d’extrémité finalement. Le Cap Nord, Ushuaïa, et j’en passe. Ici, le tourisme est avant tout celui de la vague. Les vagues glacées du Pacifique. Rien à voir avec les crèmes glacées. Des plages aussi belles que l’on pourrait en trouver en Asie, mais ici c’est combinaison intégrale obligatoire. L’eau c’est 12°C l’hiver, 14°C l’été. C’est enfiler sa combinaison pour survivre. Survivre du froid, survivre grâce à cet échappatoire nommé “surf”. Le cadre est dingue et les gens l’ont bien compris. Pourtant le froid ça attire beaucoup moins que le chaud, c’est donc là que l’on voit les vrais fanatiques de vagues. Tofino, en plus de ça, c’est un mini port de pêche pour un vrai port de touriste. Qui dit nature, qui dit Pacifique, qui dit eau froide, dit mammifère marin de grande envergure. Les baleines c’est un tourisme à Tofino.

Nous sommes au calme dans notre chalet au milieu de la forêt. Nous sommes dans une toute petite ville, les attractions touristiques restent limitées. Pas de dizaine de cafés où aller se prendre les pieds, pas de musées à visiter. Nous sommes dans la forêt, la mer est à cent mètres. Nous traînons au lit, sur nos téléphones, éclairés par le soleil se frayant un chemin parmi les arbres. Tofino c’est la capitale canadienne du surf. Je ne surfe pas en France, je fais un peu de bodyboard mais quitte à être ici, autant la jouer local. Nous partons louer du matériel afin de faire passer l’après-midi en prenant un grand bain d’eau de mer (fraiche). Nous louons dans le centre de Tofino à la Pacifique Surf School pour une journée (24h en tout, pratique). Combinaison, chaussons et surf pour moi, combinaison, chaussons et gants pour Valentine qui souhaite faire un peu de longe côte dans les vagues. La planche est sanglée sur le toit de notre Hyundai Venue pour les quatre kilomètres de route. Nous déjeunons au AirBnB puis nous nous motivons. Il ne fait pas très beau aujourd’hui, c’est nuageux et plus nous nous approchons de Chesterman Beach, plus le vent s’intensifie. Les arbres et les quelques maisons qui nous séparent de la plage font office de coupe vent quand nous sommes au AirBnB, c’est efficace. La météo ne nous motive pas tant que ça mais quand il faut y aller il faut y aller. Je porte ma planche jusqu’au pied de l’eau avec difficulté, le vent est très fort. Quelques surfeurs sont à l’eau, comme il est le cas depuis que nous sommes arrivés, il a toujours été questions de surfeurs en train de profiter des vagues. Pourtant, la plage de Chesterman n’est pas la plus réputée en termes de vagues. Nous pourrions nous parler de Cox Bay ou Florencia Bay pour avoir le droit à des conditions de professionnel. Ca tombe bien, je ne suis pas professionnel. La combinaison fait bien le taff, tout comme les chaussons, j’appréhende juste le fait de mettre la tête sous l’eau… c’est très froid et ça fait un peu mal à la tête. Ca remet les idées en place. Tandis que j’arrive à prendre quelques vagues en réussissant à me mettre debout, Valentine s’en va le long de la plage, dans les vagues avec sa combinaison. A son retour vers mon spot de surf, les vagues ont changé, la mer s’est agitée, je galère à progresser. Valentine rentre car elle a froid. Je la rejoins quinze minutes plus tard, fatigué par l’effort et par le côté brouillon des vagues. J’en serai presque frustré. Nous sommes restés au total une bonne heure à l’eau, peut être même une heure et demie. Après avoir rincé le matériel à l’eau douce, la douche chaude est à deux doigts de nous brûler tellement que nos corps sont froids. Il est environ 16h00, nous n’avons pas envie de procrastiner, nous partons nous balader à quelques kilomètres plus au Sud en voiture. Notre ami Nans étant passé par l’île de Vancouver il y a un an, il y avait découvert une épave d’avion non loin de là. L’ayant trouvé sur Google Maps, nous partons y jeter un œil. Le sentier passe tout d’abord par un bunker puis se poursuit sur un chemin très bien entretenu sur des planches de bois permettant d’éviter de se mouiller les pieds dans des pseudos marécages. L’épave de l’avion est assez imposante. Depuis le temps qu’elle est là, elle a bien évidemment été assez “vandalisée” par des tags et des stickers. Des gens sont assis sur les ailes et donnent à manger aux oiseaux. Heureusement que la majorité des panneaux ici disent de ne pas donner à manger à la faune. Nous rebroussons chemin et rentrons tranquillement à l’appartement.

Baku, notre hôte, nous a proposé à notre arrivée à Tofino d’aller faire un feu sur la plage un soir. “Ce soir” c’est ce soir. Il est 21h30 et Baku transporte à l’aide de sa brouette plusieurs bûches de bois. C’est venteux ce soir, il nous amène à l’extrémité Nord de la plage afin d’être un minimum à l’abris. De notre côté, nous avons prévu les bières : une IPA de la Tin Hat Hut, refuge que nous prévoyons de visiter le 07 juin prochain à notre départ de Tofino. Le moment autour du feu est génial et paisible. C’est un sacré hôte AirBnB de nous proposer de faire ça. Nous discutons de sa vie, son passé en Namibie et en Allemagne, son arrivée à Tofino, l’évolution de la ville, des prix de l’immobilier, du tourisme, de la rivalité entre Tofino et Ucluelet et de beaucoup d’autres choses. Bref, deux bonnes heures à voir les lumières s’abaisser et le noir s’installer. Bien que le feu nous réchauffe, il commence à se faire tard pour nous. Je prends le relai avec la brouette sur la dernière portion du trajet sachant que les bras de Baku fatiguent. La journée fût des plus tranquilles, c’est les vacances.

Chapitre 7 – Mercredi 4 juin ; Tofino

Les 24h de réservation de surf sont passées. Nous avons longuement hésité à se remettre à l’eau ce matin mais les combinaisons encore mouillées de la veille associées au froid extérieur et à la température de l’eau auront eu raison de nous. Il est 11h00, les affaires sont déposées à la Pacific Surf School. Mon collègue Arthur qui pour avoir habité à Vancouver connaît bien son île, nous a conseillé d’aller boire un café au Harbourview Coffeehouse. C’est étrangement un des rares cafés avec vue mer du village. Pour un lieu avec une vue “premium”, nous sommes d’ailleurs étonnés par les prix abordables des cafés. Depuis la terrasse où nous sommes installés, nous voyons défiler des bateaux plus ou moins gros, dont un tractant depuis une remorque flottante des camions de chantier d’une île à une autre. C’est à ce même café que nous recevons un message de notre hôte Baku. Depuis notre arrivée, il s’est excusé à plusieurs reprises des travaux ayant lieu dans sa maison. Sa maison n’étant pas notre AirBnB, cela ne nous pose aucun souci. Toutefois, il semble qu’il ait prévu des travaux soi-disant “bruyant” demain. Dans ce sens, il nous a d’ailleurs demandé ce matin ce que nous avions prévu demain sur cette plage horaire. La conversation se poursuit donc sur le système de messagerie de la plateforme AirBnB et au-delà de nous demander nos plans, il nous fait comprendre qu’il a réservé pour Valentine et moi un hydravion pour aller se baigner dans les sources chaudes Hot Spring Cove demain après-midi. Nous ne comprenons pas ce qui est train de se passer. Nous le faisons répéter par message pour être sur d’avoir bien compris ses mots et la démesure de ce “cadeau”. Il nous confirme à plusieurs reprises qu’il va y avoir beaucoup de bruit autour du AirBnB demain, que ça l’embête et qu’en parallèle cela lui fait plaisir de nos offrir cette expérience. Que dire… nous le remercions chaleureusement tout en pensant sincèrement que ce cadeau est très exagéré comparé à un bruit où nous serions tout simplement parti nous promener l’après-midi. Pour que la situation soit bien comprise, ce vol en hydravion qu’il nous offre n’est pas le sien ou celui d’un de ses amis, c’est un hydravion d’une compagnie de tourisme local et la prestation qu’il nous offre coûte… 650 euros pour deux. Je ne rigole pas. Bref, attendons de voir demain si ce rêve est bien éveillé.

A prendre notre temps le matin, l’heure du déjeuner arrive assez rapidement. Dans ce sens, Arthur nous a également recommandé de tester Tacofino, un food truck mexicain réputé du coin. Ce n’est pas la Saint Arthur aujourd’hui mais presque, nous lui faisons honneur en suivant ses conseils une deuxième fois en deux heures. L’attente est assez longue, le lieu est très prisé des locaux et des touristes. La vibe est vraiment cool, c’est détente comme un vrai lieu de surfeurs. Une fois notre burrito avalé, nous rentrons à l’appartement puis partons nous poser tranquillement sur Chesterman Beach. L’atmosphère sur la plage est spéciale aujourd’hui. Les nuages du matin s’étant levés, le soleil fait s’évaporer l’eau du sable mouillé qui créé un brouillard des plus dense. Nous prenons quelques photos avant de s’installer sur la plage bouquins à la main. Il est vers 15h30 quand nous rentrons au AirBnB faire nos sacs. Oui, nos sacs pour aller se promener, découvrir de nouvelles plages de l’île. Baku et son co-propriétaire Dylan (autre personne au combien sympathique, un surfeur qui s’en va quinze jours en Indonésie pour aller surfer) nous ont conseillé d’aller absolument voir la Florencia Bay. De ce fait, nous y partons sans tarder en se garant au Kwisitis Visistor Center. C’est ici un Parc National, nous payons ainsi l’équivalent de 11,5 dollars pour se garer dans cette zone. Le sentier reliant le Visitor Center, South Beach et Florencia Bay est incroyable. Nous marchons sur des sentiers en planche de bois très bien foutu sur environ quatre kilomètres nous permettant de passer au dessus la végétation. Un avantage pour nous afin de ne pas nous salir les choisir, tout comme pour la végétation qui ne se voit pas dégrader par les pas des touristes. Au-delà de ce sentier des plus agréables, nous avons l’impression de marcher à travers une forêt tropical tellement que la végétation est dense et différente de ce que nous avons en France. C’est vraiment du pur régal, nous ne croisons presque personne. Nous arrivons à la Florencia Bay qui est pour moi un des coups de cœur depuis notre arrivée sur l’île de Vancouver. La plage a un côté secret et mystique avec ce brouillard. Quand l’on regarde la plage dans sa longueur nous avons cette forêt verdoyante à la végétation tropicale à notre gauche, au centre la plage au sable fin jaune avec ce brouillard en mouvement et à droite cette eau bleue et clair où se forme des vagues rectilignes. Nous nous arrêtons près de dix minutes avec Valentine, debout, sans bruit, presque ému par ce calme et le bruit des vagues. La plage est vide. Trois surfeurs sont à l’eau. Nous remontons les escaliers menant sur la plage puis empruntons un sentier différent de l’aller afin de faire une boucle. Nous longeons la route menant au parking de Florencia Bay puis rentrons dans une zone marécageuse, Shorepine Bog Trail, qui nous fait marcher au dessus d’une forêt humide. Il est 17h30 quand nous regagnons la voiture. Nous avons fait une bonne dizaine de kilomètres en voiture vers le Sud-Ouest de l’île pour arriver jusqu’ici. Quitte à être ici, nous décidons donc de pousser jusqu’à Ucluelet pour aller y observer son phare. Il fait super beau et la fin de journée approche, nous profitons d’une poutine en terrasse d’un food truck, le Jiggers, tout en sirotant un soda. Les lumières du soir se font ressentir, c’est parfait pour commencer notre petite boucle de quatre kilomètres afin d’aller voir le lighthouse d’Amphitrite Point. Le sentier est une fois de plus des plus agréables entre forêt, passage par des plages et vue sur mer. Le phare est bien là, accompagné par un bruit des plus intriguant. La provenance de ce bruit est difficilement identifiable jusqu’à la lecture des panneaux touristiques du lieu. Il s’avère que ce bruit des plus étranges permet au marin de se référer à autre chose que l’aspect visuel de la lumière du phare afin d’être prévenu de la présence de terres. Il est difficile d’écrire sur un bruit mais celui-ci nous a suivi pendant les quatre kilomètres de boucle. A la première écoute, nous pensions qu’un ours était en train de grogner dans des buissons. Arrivés à la voiture, nous reprenons la route des quarante kilomètres nous éloignant du AirBnB. Il est environ 20h00, nous nous arrêtons sur l’une des plages les plus connues de l’île, Long Beach, afin de profiter sans effort du coucher de soleil. Comme le dit si bien son nom, cette plage est longue. Nous nous garons au parking d’Incinerator Rock. Ce spot de la plage permet d’admirer un rocher sortant de l’eau au beau milieu de la plage. C’est vraiment très beau et cela doit être un lieu franchement apprécié des surfeurs au vue du monde encore à l’eau à cette heure-ci. Je n’y suis jamais allé mais ce lieu me fait penser aux photos de spots de surf que je peux voir de Bali. L’eau doit évidemment être 10 à 15 degrés inférieure à celle de l’Océan Indien, certes, mais les paysages et l’ambiance qui règne me fait penser à ce que fait véhiculer l’Indonésie des surfeurs. Nous nous arrêtons près de quinze minutes sur un rocher surplombant de quelques mètres la plage. Cet instant est encore une fois très fort en émotion de part sa beauté, son calme, sa nature, ses lumières. A se demander si cet endroit n’est pas la définition d’un paradis. Tellement de lieux pourraient s’apparenter à un paradis, un paysage de montagne, un paysage océanique, la maison de ses rêves, tout est dans l’émotion et les personnes qui font de ce moment un moment d’exception. La beauté du lieu m’émeut intérieurement, je suis avec Valentine que j’aime, tout y est pour être dans un semblant de paradis. Les yeux face au soleil, nous arrivons finalement au AirBnB après un après-midi des plus chargés qui nous aura montré à quel point cet île se doit d’être vue une fois dans une vie.

Chapitre 8 – Jeudi 5 juin ; Tofino

Si l’on en croit la parole de Baku, nous sommes aujourd’hui censés faire de l’hydravion. Je ne pensais pas écrire ça un jour dans ma vie. Vous savez, il y a toujours cette petite appréhension à se dire “les mots sont-ils des actes ?”, ou bien allons-nous avoir la mauvaise surprise de devoir payer quelque chose en arrivant là-bas ? Nous sommes dans un certain état d’excitation tout en restant prudent. D’ailleurs, pour l’histoire, quand il nous a envoyé ce message, nous avions prévu d’aller réserver du “whale watching” sur un bateau, activité touristique beaucoup plus abordable pour notre portefeuille. Pour rappel, nous avons longtemps souhaité ne pas prendre d’avion au cours de ce voyage. Il s’agit un peu de l’ADN de ce voyage. En préparant ce voyage, nous avions vu qu’il existait bien la possibilité de faire de l’hydravion. Avec du recul, nous avions assumé le fait que cela aurait pu être une expérience d’une vie, mais qu’elle restait quoi qu’il arrive contre nos valeurs et incompatible avec notre pourvoir d’achat. Quand Baku nous a envoyé ce message, nous étions partagés. Partagés par le fait de nous offrir quelque chose de si important, partagés par nos valeurs. Ces valeurs, nous y croyons toujours. Les cadeaux, nous nous les choisissons pas, nous les respectons et acceptons, encore plus quand il s’agit d’une expérience, une vraie, et non celle d’aller d’un point A à un point B sans profiter de quelconque paysage.

Notre “cadeau” est censé décoller à 13h30. Nous prenons la matinée pour aller courir chacun de notre côté. Pour ma part, je pousse jusqu’à Tofino par la route en réalisant une boucle via MacKenzie et Tonquin Beach tandis que Valentine court sur Chesterman Beach. Sans le savoir, chacun d’entre nous prend le temps de se poser sur la plage pour redescendre en température et profiter du bruit des vagues sans savoir que l’autre personne est dans les parages. Le reste de la matinée se résume à passer à la douche, déjeuner et se préparer pour notre activité de l’après-midi.

Il est 13h30 à Atleo River Air Service. Aucun hydravion n’est amarré. Nous nous adressons au guichet qui nous confirme qu’une réservation est bien à notre nom. Nous n’avons rien à payer. La femme à l’accueil nous annonce qu’il va y avoir un léger retard. Entre nous, nous nous en foutons, ce qui est train de se passer est réel. Une famille de trois personnes attend avec nous, nous devrions être cinq dans l’avion, sans compter le pilote. Avec vingt petites minutes de retard, l’avion se pose, sur l’eau, dépose ses deux passagers et nous fait embarquer. Nous embarquons sur un bateau, sur l’eau. Le pilote se nomme Shaun. Il est bien sympa, comme tout le monde ici au Canada. Il a une vraie dégaine de pilote, charismatique avec ses lunettes et la Tom Cruise. C’est toujours frustrant de se demander si les gens sont réellement sympas ou s’ils le font pour le tips. C’est un vrai sujet car nous ne savons jamais qui est susceptible de “demander” un tips. Dans l’hydravion, Shaun nous communique très rapidement quelques informations de sécurité avant de décoller. Nous avons un casque avec un micro sur les oreilles pour nous protéger du bruit et pour pouvoir communiquer tous ensemble pendant le vol. Notre ceinture est évidemment bien bouclée. La piste de décollage est l’eau, ou plutôt l’Océan Pacifique, pas de tour de contrôle, rien. La propulsion de l’hydravion fait s’élever de l’eau sous ses flotteurs puis nous nous retrouvons officiellement dans les airs. Que dire. Nous survolons la rive Ouest de l’île de Vancouver composée d’îles, de montagnes enneigées et de plages paradisiaques. Les fonds marins sont clairs et turquoises. Je suis partagé entre la volonté de prendre beaucoup de photos et celui de simplement profiter de l’instant présent, celui d’une vie, celui d’un cadeau unique. Les vues sont magnifiques, nous avons encore une fois beaucoup de chance sur la météo, seules quelques portions sont recouvertes de ce dense brouillard qui ne monte pas plus haut que les arbres. Après vingt minutes de vol, Shaun fait atterrir l’hydravion, sans aucun mal, sur l’île des Hot Springs Cove. Shaun nous donne l’heure de rendez-vous pour repartir d’ici, elle est prévue à 16h45. En effet, faire de l’hydravion aurait pu être la seule et unique expérience mais le fait de prendre ce moyen de transport avait pour objectif nous emmener nous baigner dans les sources chaudes de l’île. Je considère que nous sommes vraiment sur une activité des plus “élitiste” ici, celle de prendre un hydravion pour aller se baigner dans de l’eau chaude. Entre l’embarcadère de l’hydravion et le lieu des Hot Springs Cove, il est demandé une marche des plus agréables d’environ deux kilomètres et demie. Le sentier est comme ceux des autres jours. C’est tellement plaisant de marcher dans le plus grand calme sur ce sentier fait de planches en bois permettant de protéger les sols et se sentir en plein cœur de la forêt pacifique. Nous passons au dessus d’un petit ruisseau sentant le souffre signifiant que nous arrivons aux sources chaudes. Il doit y avoir une dizaine de personnes. Ce n’est pas la grosse affluence car il existe un quota journalier d’accès à ces sources chaudes. Seulement douze personnes en même temps ont le droit d’y accéder. Entre nous, il n’y a pas beaucoup de places, ce qui justifie la jauge, mais Shaun nous a dit que la période pré-covid a été des plus catastrophiques pour le lieu avec plus de trente personnes à la fois ici. Je ne sais comment l’on peut faire rentrer trente personnes ici mais bon. Le lieu est donc assez intimiste et tout est fait pour le confort des visiteurs. Des toilettes et un endroit pour se changer sont prévus. L’eau chaude ruisselle en cascade depuis en rocher pour se déverser dans trois petites piscines naturelles avant de se jeter dans l’océan. Nous enchainons les différents bassins pour y comparer les températures. L’eau doit être entre 38 à 40 degrés. A l’endroit de mélange des eaux entre celle des sources chaudes et celle de la mer, l’eau doit aux environs de 25 degrés. Cela reste impressionnant quand l’on sait que l’eau de mer est environ à 14 degrés. C’est dans une des piscines naturelles que nous faisons plus ample connaissance avec la famille nous ayant accompagné dans l’hydravion. Un couple (re)marié d’environ cinquante ans s’étant rencontré à Yale, lui est astrophysicien tandis que madame est “neuroscientist”. Autant vous dire qu’à 29 ans, avec nos portefeuilles de jeunes actifs, nous nous demandons vraiment ce que nous faisons là après avoir pris un hydravion. Je dis ça car il est aussi possible de rejoindre les sources par bateau, c’est moins cher mais quand même. Nous avions regardé, pour deux personnes en bateau, c’est environ 500 euros TTC. Nous finissons notre heure et demie de chill sous l’eau chaude de la cascade. Ce temps aura été similaire à une heure et demie dans un bain ou sous la douche, sans voir l’eau se refroidir et sans réfléchir à sa consommation d’eau ou sa facture d’électricité/gaz. Quand je sais que plein d’idées me viennent sous la douche, je suis presque déçu de ne pas avoir pensé à l’innovation du siècle au cours de cette expérience. Nous partons nous changer puis rebroussons chemin jusqu’à l’embarcadère. Honnêtement, nous avons du mal à réaliser ce que nous sommes en train de vivre, gratuitement, au cours de cet après-midi. Que penser de la gentillesse de Baku et surtout POURQUOI fait-il ça pour nous ? Nous avons été gentils avec lui comme nous sommes gentils avec d’autres, sans pour autant en avoir fait “trop”. Ce qui se passe est inimaginable. Shaun est à l’heure et nous attend à l’embarcadère. Nous lui demandons d’immortaliser le moment en nous prenant en photo devant l’hydravion. Que le dieu de l’environnement nous pardonne. L’hydravion est au complet, nous décollons avec l’espoir d’apercevoir des baleines. Il n’y avait qu’à demander, Shaun doit être habitué. Une baleine et son jeune bébé sont à l’arrêt, très proche des rives d’une plage. Quelle surprise. Déjà, la surprise d’en voir, mais surtout d’en voir ici, si proche d’une plage. Sont-elles en train de se reposer ? Sont-elles blessées ? Par expérience, rien de bien inquiétant selon Shaun, tout est normal. Ce Shaun reste quand même un sacré pilote, il nous aura permis de survoler près de trois fois les baleines en faisant des tours sur nous-mêmes. Un pilotage sportif qui aura quelque peu déstabilisé Valentine. Nous revenons avec une vue depuis les aires sur le village de Tofino et ses îles. C’est intéressant de voir les petites maisons cachées que nous ne voyons pas depuis les rives du village. L’atterrissage aura été un succès, tout comme cette expérience. Inoubliable. Nous remercions chaleureusement Shaun puis retournons à notre “quotidien” de vacancier.

Oui, notre “quotidien”, celui d’aller faire des courses à peine être sorti de l’hydravion. De retour au AirBnB, Baku et Dylan sont là. Les travaux semblent avoir été importants, c’est vrai, et ils semblent au combien heureux d’avoir aussi bien avancés. Ils semblent qu’ils aient depuis plusieurs années des gros problèmes de toiture avec une pluie ruisselante dans les toilettes. Le sujet semble apparemment être de l’histoire ancienne. Au-delà de ce sujet, nous ne savons comment remercier du plus profond de notre cœur Baku. Il semble heureux pour nous. Après les différentes discussions avec lui, notamment celle autour du feu, il nous avait confié son rêve d’aller aux Etats-Unis faire quelques parcs nationaux et aller visiter New York. C’est rien face au cadeau qu’il vient de nous faire mais nous lui offrons un tee-shirt acheté à Yosemite (tee-shirt qui devait être un cadeau pour un proche en France) afin de le remercier avec nos moyens.

Le reste de la soirée se résume à refaire nos sacs (je commence à en avoir trop marre de refaire constamment nos sacs) et chiller avant de partir officiellement de Tofino. Nous profitons d’un dernier coucher de soleil sur Chesterman Beach, pour notre dernier moment avant très longtemps face au Pacifique. Demain nous quittons Tofino et l’Océan Pacifique. Cet océan qui ne nous aura presque pas quitté depuis trois semaines. L’air marin, ça fait du bien.

Chapitre 9 – Vendredi 6 juin ; de Tofino à la Wendy Thompson Hut

Ce voyage avance au bon rythme. Nous avons maintenant largement passé la moitié du voyage. Pouvons-nous considérer que nous sommes donc sur la fin ? Trop de choses nous attendent encore, beaucoup de choses sont déjà passées aussi. Deux mois c’est long mais pour le moment ça ne va ni trop vite, ni trop lentement. J’attends de voir la nostalgie qui va nous toucher une fois dans l’avion à New York mais en y pensant, je ne suis pour le moment pas déboussolé en me disant qu’il ne reste que trois semaines. C’est surtout grâce à notre travail que nous pouvons vivre ces expériences uniques, il faut donc bien retourner travailler un jour.

Au revoir le Pacifique, au revoir Baku. L’heure est venue de s’éloigner de la Côte Ouest qui ne nous quitte pas depuis cinq semaines. L’air maritime, celui d’un océan inconnu pour nous en France, pour le remplacer par la chaleur des reliefs canadiens. Il est 09h00 quand nous chargeons la voiture et disons un dernier au revoir plein de gratitude à notre hôte. Nous pensons n’avoir rien oublié, hormis mon bob acheté à Arches National Park qui s’avère être introuvable. Aucune idée d’où il a pu passer. Nous reprenons le ferry à Nanaimo pour un trajet exactement similaire à lundi dernier. Prendre le ferry à Nanaimo n’était pas notre plan initial. Nous devions le prendre au Nord Est de l’île de Vancouver, à Comox, pour débarquer à Powell River avec l’ambition de dormir à la Tin Hat Hut (un refuge). Hélas, en essayant de réserver le ferry il y a deux jours, nous avons eu la mauvaise surprises de voir que tous les trajets aux heures correctes étaient déjà complets. Dégouté. Grâce à Arthur, j’avais identifié un plan B où dormir ce soir, un autre refuge proche de Whistler, la Wendy Thompson Memorial Hut. Il etait donc plus simple pour nous de trouver des ferrys au départ de Nanaimo pour Horseshoe Bay. Notre ferry est à 13h20, nous arrivons à Nanaimo à 11h45. Je suis toujours autant stressé par le temps, encore plus quand il s’agit d’une échéance “significative” comme une traversée en ferry. Je stresse Valentine pour trouver quelque chose à manger à emporter dans le centre de Nanaimo qui ne nous ferait pas perdre de temps. Elle identifie “The Vault Café”, lieu tendance qui a l’air super chouette pour s’y poser en terrasse mais beaucoup trop d’attente. Notre dévolu se jette quelques rues plus loin au Gabriel’s Café où nous commandons des sandwichs à emporter. Nous mangeons ces mêmes sandwichs dans la fil d’attente d’embarquement. Entre nous, nous aurions pu avoir le temps de manger tranquillement au café mais bon… louper potentiellement un bateau, ça me stresse. Une fois rentrés sur le bateau, c’est un Océan Pacifique très calme qui nous accueille cet après-midi. Nous tuons les deux heures de trajet à base de lecture et sieste pour Valentine sans s’aventurer sur le pont.

Horseshoe Bay, la boucle est bouclée. Cap au Nord maintenant, nous ne devrions pas arriver de bonne heure au départ de la randonnée, heureusement pour nous que le soleil se couche assez tard. Nous nous arrêtons à Squamish acheter un bear spray en raison du risque de croiser des ours noirs ou des grizzlis au Canada. D’ailleurs, les chances d’en croiser sont augmentées au lever et coucher de soleil donc ça nous fait quelque peu flipper. Après avoir perdu quinze bonnes minutes dans un bouchon vers Whistler, nous nous arrêtons à Pemberton pour acheter notre petit déjeuner du lendemain et notre dîner du soir. Le dilemme de la soirée est de savoir si nous prenons le temps de manger sur place ou à emporter au vue de l’heure. Il est 18h00. Nous actons de dévorer rapidement notre pizza Margarita au modeste prix de 37 dollars (24 euros) afin de ne pas donner faim aux ours sur le parking. Il est 19h15 quand nous arrivons et commençons la randonnée. La Wendy Thompson Hut est un refuge appartement au Club Alpin Canadien. Dans ce cadre là, il a été obligatoire de payer des frais de gestion pour la nuit, 25 dollars par tête. C’est réservation obligatoire. D’ailleurs, quand nous avions réservé notre nuitée, nous avions vu qu’il n’y avait que nous. Nous avons rechecké dans l’après-midi et deux autres personnes ont également réservé pour cette nuit. Nous ne devrions donc pas être seuls et nous le confirmons étant donné qu’une Jeep est garée non loin de Hyundai Venue. Nous sommes les deux seules voitures. Il est prévu 5,7 kilomètres pour 470 mètres de dénivelé. Les lumières sont déjà basses mais nous devrions pouvoir le faire le faire avant la nuit, bien que de la neige devrait se trouver par moment sur le sentier. Nous attaquons par une grosse partie de forêt bien humide qui nous trempe les pieds dès le premier kilomètre. En parallèle, comment expliquer que le coucher de soleil additionné à notre première expérience de randonnée au Canada ne fait pas bon ménage : je suis très stressé de rencontrer des ours, sincèrement. Nous faisons du bruit comme nous le pouvons mais j’en arrive à me poser la question si les ours sont susceptibles de nous entendre avec le vacarme que font les ruisseaux environnant. Nous rencontrons nos premiers névés de neige dans la forêt avant de passer au-dessus de cette végétation et se trouver complément les pieds dans la neige. Celle-ci est assez dure, c’est OK, mais la progression est plus lente et nous nous enfonçons quand même sur quelques pas. Nous avons à ce moment-là énormément (!) de chance de suivre les pas des randonneurs qui doivent nous attendre au refuge. Hormis les leurs, il n’y a rien pour nous aiguiller sur le meilleur chemin à suivre, sauf nos applications GPS qui nous montrent des sentiers invisibles sous la neige. Ce qui est aussi étrange c’est la présence de traces rouges dans la neige. Ces traces nous suivent depuis le début de la randonnée. Nous pensons à du vieux sang, ce qui ne limite pas notre stress, mais au vue de la quantité c’est à se demander si ce n’est pas de l’application d’une bombe de couleur qui permettrait d’orienter les randonneurs jusqu’au refuge. Très étrange. Je me fie quelque fois à ces traces, sans réel succès (après quelques recherches, il s’avère que ce sont des algues qui se forment d’une manière inconnue sous la neige et créées ces couleurs rouges sang). Nous avançons assez lentement tandis que le soleil se couche lui à la bonne heure. Le temps passe, nous sommes concentrés, nous avançons, mais sentons réciproquement une certaine perte de patience. Nous ne prenons aucun plaisir, c’est un fait. Si nous étions partis plus tôt, nous aurions galéré certes, mais nous n’aurions pas eu cette pression de se faire rattraper par la nuit. En plus de ça, nous nous attendions à de la neige mais peut-être pas autant… Le soleil se couche à 21h20. A 21h15, Valentine marque un petit arrêt pour exprimer sa frustration par quelques larmes. Je tente de la réconforter et de la rassurer, d’autant plus nous ne sommes plus qu’à trois cents mètres du refuge. L’ironie du sort nous aura donné un des plus beaux coucher de soleil depuis le début du voyage dans ce moment de souffrance physique et moral. Nous tournons brièvement le dos pour le regarder sans pour autant l’immortaliser avec nos appareils. Notre seul objectif est d’arriver, ce coucher de soleil n’est donc qu’un souvenir pour nos mémoires. Il est 21h30, nous sommes arrivés au refuge, il y a de la lumière dedans. Avant de rentrer, je prends Valentine dans les bras, énervé par moi-même de l’avoir “mise en danger” et de lui avoir donné une mauvaise expérience de cette randonnée. J’ai eu peur pour elle et je m’en veux. Un jeune couple nous attend dans le refuge : George de Nouvelle-Zélande et Holden de Salt Lake City. Ils se sont rencontrés en Nouvelle-Zélande lorsqu’ils travaillaient tous les deux dans une station de ski. Nous avons de la chance, ils ont fait un feu, ce qui nous permet d’étendre nos chaussures et chaussettes mouillées. L’ambiance reste cependant étrange, comment dire… c’est la première fois depuis le début de notre voyage que nous tombons sur des gens aussi peu bavards. Nous avons comme l’impression de les déranger, qu’ils se projetaient quelque peu à l’idée d’être seuls dans le refuge et que nous avons gâché leurs plaisirs. Toutes les questions viennent de nous, ils nous répondent sympathiquement, sans creuser la conversation. Tant pis. Nous sommes usés physiquement et mentalement mais nous étions prêts à converser une petite heure par sympathie. George et Holden montent à la mezzanine sous les coups de 22h00 tandis que nous redescendons en pression dans la salle commune au rez-de-chaussée. Le refuge est très qualitatif, il y a 16 couchages qui s’apparentent à du king size. En France, le refuge aurait mentionné 40 couchages avec le même espace. Etant donné que nous ne sommes que quatre, chaque couple s’est positionné à une extrémité du dortoir. Il est l’heure (d’essayer) d’aller se coucher. Une randonnée et soirée forte en émotions est maintenant derrière nous. Nous sommes tous les deux au lit en sécurité et ça c’est le plus important.

Chapitre 10 – Samedi 7 juin ; de la Wendy Thompson Hut à Salmon Arm

Nous avons bien dormi. Nous étions hier soir dans un état émotionnel second, je pense que cela nous a bien fatigué. Nous avons dormi sur des matelas, chose plutôt qualitative, et non des planches en bois. Il s’avère que nous trouvons de tout en refuge, les matelas sont notamment parfois optionnels. Si cela avait été le cas, je pense que nous aurions fini par péter un câble à notre arrivée hier soir. En tout cas, nous ne pouvons que confirmer nos paroles d’hier concernant Holden et George. Ils avaient bien des plans et ce n’est pas parce que nous étions là qu’ils ont changé de plan. Bref, un nouveau “fun fact” dans ce Chemin de Fer. Nous nous réveillons vers 07h30 prendre notre petit-déjeuner fait de biscuit et d’un petit thé fait grâce à notre réchaud. Il fait beau dehors, les émotions sont passées, nous profitons du moment dans ce lieu unique. La descente devrait être plus douce, d’autant plus que nous ne sommes plus inquiets par l’arrivée de la nuit. Nous ne croisons pas nos amis avant notre départ qui semblent traîner au lit, surement ravis de notre départ matinal. Nous inscrivons un petit mot dans le “carnet d’or” du refuge avant de partir en direction de la voiture. Nous retrouvons facilement nos pas de la veille, nous sommes moins effrayés par les ours en pleine journée et savons que nous avons le temps pour descendre. Le sentier est exactement le même que la veille. Nous croisons un groupe de quatre trailleurs en sortant de la forêt puis arrivons à la voiture vers 11h15. Au même moment, c’est une famille d’environ 16 personnes ayant réservée le refuge pour la nuit que nous croisons. Nous les alertons sur le niveau de neige puis démarrons la voiture, bien contents d’en avoir terminés avec cette randonnée. Franchement, les plans galères font des bons souvenirs, nous pouvons maintenant en rigoler mais nous ne faisions vraiment pas les malins hier soir.

La bonne nouvelle pour tout le monde est que cette expérience nous aura convaincu à prendre une nuit en hôtel ou AirBnB ce soir. Nous n’avons encore rien réservé pour ce soir par contre nous avons une réservation pour cinq nuits à Golden, British Columbia après-demain. Il s’agit donc de trouver un logement en direction de Golden sans pour autant se taper dix heures de route aujourd’hui. Nous déjeunons à l’Abundance Artisan Bakery à Lillooet. C’est ici que nous décompressons une bonne fois pour toute et racontons nos péripéties de la veille à nos proches. C’est aussi ici que nous actons sur le choix de notre logement. Après plusieurs échecs, notre choix se porte sur une chambre individuelle avec salle de bain privative à Salmon Arm, à trois heures de route de Lillooet. En partant à 13h30, nous devrions donc facilement y être en fin d’après-midi. Notre café de digestion avalé, nous reprenons la route en traversant une zone très aride jusqu’à Kamloops. C’est dingue à quel point nous n’imaginions pas une météo et des paysages comme ça au Canada. Nous traversons des déserts et le thermomètre ne cesse de monter. Celui-ci affiche près de 30 degrés. Nous comprenons mieux maintenant pourquoi le pays fait constamment face aux feux de forêts. Arrêt essence à Kamloops pour une arrivée à 16h40 à Salmon Arm où nous sommes chaleureusement accueilli par George (pas celui d’hier soir), 78 ans, grand voyageur, photographe, peintre et ancien rugbyman ayant déjà joué en France. Concernant le AirBnB, sans avoir de cuisine, nous avons grossièrement tout le rez-de-chaussée pour nous, c’est royal. La décoration est des plus soignées grâce aux peintures et photos de George. De plus, l’endroit où est situé la maison est calme, nous sommes sur les hauteurs d’une petite ville où il n’y a pas d’agitation. George nous recommande des endroits à visiter à Salmon Arm. Après avoir pris le temps de se poser et de se doucher, nous prenons la direction des bords du lac. Il y a comme une ambiance de Suisse ici. Salmon Arm est une petite ville au bord d’un très grand lac entouré de collines un peu plus petites que de “vraies” montagnes. C’est vert, c’est très calme, il fait chaud, mon cerveau a vraiment du mal a switcher sur le fait que nous sommes au Canada et non en Suisse. Après vingt bonnes minutes de marche nous arrivons à la principale attraction de la ville : une jetée donnant sur le lac. Quelques personnes se promènent comme nous. Etant donné que nos ventres commencent à grogner, nous spottons une café/restaurant, le Night Café, à proximité de la jetée où nous nous posons à l’intérieur. Il fait tellement chaud qu’il n’est même pas envisageable de se mettre en terrasse au soleil. Valentine sirote un cocktail tandis que je bois un cidre, le serveur qui nous sert est très sympa mais très perché, à se demander s’il n’est pas pété. Nous commandons ensuite à manger puis rentrons tranquillement au AirBnB où nous avons rarement été aussi impatients de dormir dans un vrai lit. Avant d’aller nous coucher nous tentons de se poser sur la terrasse de nos hôtes, vite rattrapés par une invasion de moustique. La messe est dite, ciao bonsoir.

Chapitre 11 – Dimanche 8 juin ; de Salmon Arm à Golden

Journée off. Ca fait du bien de se poser. Depuis un mois et demi nous tournons en moyenne à 17 000 pas par jour. C’est une moyenne, il y a eu des jours en voiture ayant fait baissés cette moyenne tout comme de grosses journées randonnées qui l’ont drastiquement fait augmenter. Golden, British Columbia, c’est là où nous allons poser nos valises pour cinq nuits à l’entrée des Parcs Nationaux de Yoho et Banff. Si la météo est au rendez-vous, nous devrions avoir le temps de faire tout ce que nous souhaitons faire dans les différents Parcs. Ainsi, nous décidons de laisser de côté notre fougue aventureuse aujourd’hui.

Nous nous réveillons à Salmon Arm. Je crois qu’il s’agit de la première fois qu’un AirBnB m’offre le petit-déjeuner. Nous sommes embarrassés car les gens sont tellement gentils aux Etats-Unis et au Canada que nous ne savons toujours pas si nous devons laisser un tips ou non pour ce “geste”. Après vérification dans l’annonce, il est bien mentionné que le petit-déjeuner est inclus en prenant une chambre chez George et Angela. C’est une agréable surprise sachant que nous n’avions pas fait attention à ce “détail”. C’est Angela, la femme de George, qui nous amène le petit-déjeuner en terrasse comprenant des crudités, du fromage, du jambon, des viennoiseries et des yaourts. Il fait beau et pas trop chaud ce matin, toutes les conditions sont réunies pour profiter du confort qui nous est offert par nos hôtes canadiens. Après ce petit-déjeuner, Valentine appelle sa famille tandis que je charge les affaires dans la voiture. George, qui pendant ce temps arrose les plantes, entame la conversation avec moi. Nous discutons de sa famille dont de ses enfants et petits enfants : il a un fils canadien, architecte, ayant rencontré sa femme canadienne en Egypte si je ne me trompe pas. En parallèle, il me parle de leurs vacances en France où ils leur arrivent de réaliser des “switch” de maisons afin de visiter de nouveaux pays, comme cela a été le cas un été dans la région de Millau. Ils sont impressionnés par nos maisons de pierres ayant des histoires de plusieurs centaines d’année. A y penser et en comparant les villages des différents pays du globe, il est vrai que nous sommes bien lotis en France. Il me parle également de ses petits enfants qui apprennent le français et qui comptent sur mamie Angela pour les faire progresser. C’est un nouveau moment plaisant que nous passons avec des locaux, des gens au grand cœur, comme nous en avons beaucoup croisés jusque-là. Nous les saluons puis prenons la route en direction des vallées montagneuses canadiennes. Au-delà de la température très élevée ici, ce qui nous impressionne sur les routes ce sont le nombre de chemin de fer présents dans les vallées. Le transport ferroviaire pour les usagers n’est pas du tout développé, or, que dire du fret ferroviaire. Des kilomètres et des kilomètres de train allant à une vitesse très modeste transportant jusqu’à deux niveaux de containeurs, c’est impressionnant. Les infrastructures pour voyager sans polluer pourraient être là si seulement ces trains étaient alimentés par électricité (ce qui n’est pas le cas) et si seulement ces trains pouvaient également transporter des passagers (ce qui n’est pas le cas). D’ailleurs, ce point sur le fret ferroviaire est très notable au Canada mais nous en avons aussi beaucoup vu aux Etats-Unis. C’est Gabriel qui nous disait que tout est importé au Canada donc finalement, qui dit importation dit fret interne, que ce soit par la route ou le train. Ces trois heures de trajet entre Salmon Arm et Golden nous font passer à travers le Parc National des Glaciers. C’est ici que nous achetons notre pass pour les Parcs Nationaux Canadiens. Le système n’est pas aussi bien fait qu’aux Etats-Unis où il y a des post de rangers à chaque entrées de parcs. Au Canada il est important de bien acheter son pass sinon c’est amende assurée. Nous l’achetons pour 150 dollars canadiens (100 euros) ce qui va nous permettre d’entrer dans tous les Parcs Nationaux du pays pour un an. La route que nous empruntons est très belle, nous sommes dans de larges vallées avec de hauts sommets de plus de 3000 mètres au-dessus de nos têtes. Nous apercevons plusieurs glaciers depuis notre fenêtre. Nous ne nous arrêtons pas dans le Parc et filons directement à Golden où nous déjeunons aux alentours de 14h15 dans un café/boulangerie, le Papa Bear’s Kitchen. C’est aux alentours de 15h15 que nous récupérons notre AirBnB, accueilli par notre hôte Andrew, sur le départ pour le travail. Cet AirBnB est au sous-sol d’une maison, nous avons tout un étage pour nous mais ce n’est pas très lumineux. Nous restons bien loti avec un très grand espace rien que pour nous, y compris un accès direct agréable et calme sur l’extérieur. Comment dire par contre qu’à l’extérieur… il fait très chaud. Nous devons frôler les 25 degrés à l’ombre. Notre activité de l’après-midi se résume à aller faire des courses au supermarché du coin puis, en fin de soirée, sortons à pied retirer du liquide afin de payer nos cafés aux refuges du lendemain. Au retour, nous nous arrêtons dans un bar jouant de la live musique, le Wolf’s Den. Nous sommes en terrasse avec vue sur les montagnes tout en écoutant un groupe jouer du Beatles (Don’t Let me Down) ou The Police, quel plaisir. En partant, nous passons devant un city stade avec ses paniers de basket où des ballons sont à disposition. Il ne fallait pas nous en dire plus pour faire quelques air ball et passer une bonne demi-heure sur le city. Valentine se prête au jeu, que ce soit sur des lancers francs ou bien en prenant des photos et vidéos. C’est le coucher de soleil, nous sommes dans un bled de montagnes au milieu des reliefs, les lumières sont oranges, le soleil se couche, c’est un putain de moment de vie que nous sommes en train de vivre, sérieusement. Il est 21h00, nos mains sont dégueulasses de poussières et nos corps luisants de sueur, nous rentrons nous doucher et dîner, le réveil est programmé à 03h30 demain matin.

Chapitre 12 – Lundi 9 juin ; Lake Louise

Les incendies canadiens font la une des médias européens. Nous avons de la chance, nous passons pour le moment à travers, il n’y a pas l’ombre d’une fumée depuis notre arrivée au Canada. Quand nous en parlons aux locaux, ils sont partagés. Partagés car ces feux ils en sont habitués. Partagés car ces feux, ils arrivent quand même très tôt cette année. Andrew, notre hôte à Golden, semble perplexe par l’impact du réchauffement climatique sur cette précocité. Selon lui, les incendies c’est normal. Normal de voir les maisons de ses amis brûler. J’ai l’impression que les émissions de gaz à effet de serre sont quelque chose de très “européen”. A entendre certaines personnes dont Andrew, Donald Trump a su convaincre beaucoup de Nord-Américains avec ses “fake news”.

Le réveil sonne, il est 03h30. C’est vraiment tôt. Qu’est ce que l’on ne ferait pas pour éviter les touristes. Nos amis qui sont allés dans les Rocheuses au cours des dernières années nous ont prévenu du monde au Lac Louise : une cohue de touristes, une impossibilité de se garer, la nécessité de réserver une navette pour y aller. Nous avons tâché d’anticiper, quitte à se faire du mal. C’est vrai que le nom “Lake Louise” parle à beaucoup de monde, c’est un des lieux les plus prisés du Canada. Nous avons une heure de route pour nous y rendre. Nous avons fait le choix de l’hébergement à Golden car la ville nous réservait les logements aux prix les plus intéressants tandis que les villages de Banff et de Lac Louise étaient hors de prix. Nous avons donc choisi kilomètres contre les prix absurdes.

Nous arrivons au parking à 05h00 du matin. Nous ne sommes pas dans la haute période touristique mais nous avons voulu prendre une certaine marge de manœuvre. Nous nous en sortons bien étant donné que le parking n’est pas plein, mais loin d’être vide pour autant. De là, le lac n’est qu’à 100 mètres. Il a beau être 05h00, environ quarante personnes attendent le lever de soleil depuis les rives du lac. Tout le monde est positionné à l’endroit le plus proche du parking alors que les rives font plusieurs kilomètres. Nous nous écartons un petit peu de la foule afin de profiter des premières lumières du jour sans être entassés les uns sur les autres. Le lac fait office de miroir, nous voyons les reliefs et les glaciers en double. Il ne fait pas si froid ce matin, des moustiques se joignent au lever de soleil. Après avoir contemplé ces premières lumières sur les glaciers de la rive Ouest du lac, nous prenons en altitude en direction du lac Agnès et de Big Beehive, un sommet à 2 270 mètres donnant sur le lac. Sans trop de surprise, nous ne croisons pas grand monde à 06h00 du matin, seulement un couple que nous doublons dans la montée et puis, plus rien. Il n’y a pas de vent au sommet, ni l’ombre d’un humain. Nous nous mettons en bord de falaise, en sortant un peu des arbres, pour profiter d’un casse-croute avec vue sur lac. Le lac est d’un bleu électrique, il est immanquable. Nous restons ici près de quarante minutes. Ce temps assez long de pause est volontaire puisque notre souhait est d’aller prendre un café dans un refuge au bout du Lac Louise. Le problème en étant parti tôt du parking est que nous devons attendre son ouverture prévue à 09h00. Il y a pire dans une vie que d’attendre sur un sommet, seuls, donnant sur l’un des lacs les plus connus au monde.

Nous avons l’embarras du choix sur les sentiers au Lac Louise. Nous pouvons rejoindre le café par un chemin différent de la montée, et ça c’est vraiment cool. Etonnement, il semble que nous soyons les premiers à passer par cette descente ce matin. Nous nous en rendons compte en prenant des dizaines et des dizaines de toiles d’araignées dans le visage et dans nos jambes. C’est très surprenant, et même un luxe d’être les premiers à ouvrir une voie au Lac Louise. Comme quoi, au-delà de la saison, il est prouvé qu’il n’y a qu’à faire quelques kilomètres avec un petit peu de dénivelé pour filtrer 99% des personnes d’un endroit touristique. Face aux glaciers des Six Plain Glacier, nous nous retrouvons à la Teahouse du même nom où nous profitons d’un « breakfast ». Il est 09h15, nous nous sommes levés à 03h30, ce repas fait presque office de déjeuner pour nous. Installés sur le balcon du refuge, Valentine a le soleil dans le dos tandis qu’il effleure mon visage. Dans ces conditions, nous apprécions notre café, sandwich et cinnamone roll. Après cette pause gourmande, nous redescendons tranquillement sur un sentier qui n’en est pas un, trompé par des traces de pas. Rien de bien méchant, le chemin par où nous passons à beau ne pas être référencé sur Strava ou Kommot, dans l’ensemble ça passe, parfois en se mouillant un petit peu les pieds dans un ruisseau formé par les fonte des neiges et des glaciers. Une fois le sentier retrouvé, nous nous retrouvons à l’extrémité Ouest du Lac, sur ses bords de sable, avec une vue rasante sur le plus bel hôtel du lac, le Fairmont Château. Il est encore tôt, il ne fait pas trop chaud, il n’y a pas trop de monde là où nous sommes actuellement. Bien évidemment, ces mots deviennent de plus en plus éphémères plus nous nous rapprochons du parking. Même constat qu’à notre arrivée au Lac ce matin, les gens sont tous agglutinés au même endroit afin d’immortaliser leur tête d’un selfie avec un semblant de bout de lac en arrière-plan. Il est 12h00.

Nous avons encore toute la journée devant nous et que dire de tout ce que nous avons déjà fait aujourd’hui. Le coup de barre n’est pas encore arrivé et ça, ça ouvre le champ à pas mal de possibilités. Le Lac Moraine est juste à côté, peut-être pouvons-nous prendre un bus pour nous y emmener sachant que les voitures n’y ont pas accès. Idée avortée, nous apprenons qu’il faut réserver à l’avance et l’accès à pied se résume à plus de vingt kilomètres aller retour. Nous bougeons donc la voiture de sa place de parking très prisée afin de se rendre au Visitor Center savoir ce que les rangers peuvent nous recommander. La jeune ranger nous recommande des « to do » dans les Parc Nationaux de Yoho et de Banff, accessibles en voiture ou bien en randonnée. Yoho étant sur notre route du retour, Valentine file s’acheter à boire dans le café voisin puis nous partons dans sa direction. Nous nous arrêtons d’abord aux Takakkaw Falls à l’extrémité Nord de la vallée de Yoho accessible en dix minutes à pied. Il s’agit de chutes d’eau assez impressionnantes et puissantes comme nous avons pu en voir avec la Yosemite Falls. Les Takakkaw Falls étant le cul de sac de la route de la Yoho Vallée, nous faisons chemin inverse et prenons ensuite la direction du Natural Bridge, canyon formant une sorte de pont naturel sur lequel nous pourrions marcher si seulement les touristes faisaient preuve d’un peu plus de prudence. Bilan : nous nous contentons d’admirer ce Natural Bridge depuis un pont un peu moins naturel. Enfin, ultime arrêt de la journée à Emerald Lake où tout est dit dans le nom. Il y a énormément de monde stationné sur le parking, et donc une affluence qui s’en suit au lac. Nous marchons une centaine de mètres pour sortir de la cohue touristique, prenons quelques photos puis partons en direction de la voiture afin de rentrer au AirBnB. La fatigue commence à se faire ressentir sur la route, ce n’est pas un mal d’arriver pour se reposer et ne rien faire de l’après-midi et de la soirée. Nous chillons sur la terrasse du AirBnB sur nos écrans de téléphone et d’ordinateur puis dînons nos pâtes et légumes achetés la veille au supermarché. Il n’est pas prévu de réveil aux aurores demain, profitons pour rattraper le sommeil de la veille.

Chapitre 13 – Mardi 10 juin ; Icefields Parkway

Les Rocheuses, c’est vaste et géographiquement c’est assez flou. Si j’en crois Wikipédia, les Rocheuses font parties de la chaîne de montagnes des “Cordillères Nord-Américaines”. Ces mêmes Rocheuses abritent plusieurs Parcs Nationaux dont le Parc National de Yoho, Banff, Kootenay, Jasper, Glacier et j’en passe. Certains sommets font plus de 4 000 mètres d’altitude mais sans aller jusqu’à cette altitude, tout paraît assez haut. Depuis Golden, Banff, le Lac Louise et bien d’autres communes, nous sommes toujours entourés de beaux reliefs avec pour certains des sommets encore enneigés à la fin mai.

Nous avions vraiment besoin de dormir après le réveil très matinal d’hier. Autant le plan de la veille était de se lever très tôt pour rentrer tôt, autant aujourd’hui nous sommes sur un modèle totalement contraire. Nous ne nous pressons pas ce matin. Nous planifions d’emprunter exactement la même route que la veille sauf qu’au lieu d’aller au Sud dans le but de rejoindre Lake Louise, nous partirons au Nord explorer l’Icefields Parkway. Oui, l’Icefield Parkway, cette route mondialement connue que l’on voit constamment sur les réseaux sociaux qui est entourée de sommets et de glaciers. Cette route aux lignes de signalisation jaunes (comme partout en Amérique du Nord) offre un spectacle naturel unique au conducteur et aux passagers. Ca, c’est juste une partie de notre plan de la journée. Une partie car nous allons quand même profiter de ce ciel bleu pour randonner à proximité de cette route. L’objectif n’étant pas de simplement rester dans notre Hyundai Venue.

Après avoir pris notre temps à Golden et conduit une bonne heure et demie, nous passons un post de ranger à l’Américaine puis nous garons sur le parking de Bow Lake. Ce lac porte plutôt bien son nom, il est très “bow”. Après le bleu électrique du Lac Louise, Bow ressemble plus à un bord de mer méditerranéen à l’eau turquoise transparente. Le Canada est le pays des cinquante nuances de bleu, vraiment. Avec l’aide de mon ami Arthur, j’ai identifié l’ascension du Mount Jimmy Simpson (2 977m) pour aujourd’hui. Un aller retour de quinze kilomètres pour mille mètres de dénivelé. Le plan paraît ambitieux mais faisable. C’était bien évidemment sans compter sur la neige présente au sommet visible depuis la vallée. Autant vous dire que nous sommes maintenant vaccinés de la neige depuis notre randonnée à la Wendy Thompson Hut. Je n’ai pas envie de partir sur un nouveau plan galère donc, à vue d’œil, nous planifions de tenter l’ascension son voisin, le Jimmy Simpson Junior. Il y aurait 250 mètres de dénivelé en moins pour beaucoup moins de neige, deal. Il est 12h30, il a été convenu avec Valentine de déjeuner avant de commencer la randonnée. Le seul café au bord du lac, le Provision Co, nous propose un Chili Con Carne à la viande de bison. Pourquoi pas, ça change. C’est avec le ventre plein que nous attaquons la montée. Nos espoirs de faire le Jimmy Simpson Junior sont de courte durée étant donné que nous ne trouvons pas le départ. Les deux sentiers identifiés par Komoot ne semblent pas exister. N’ayant pas envie d’emmener Valentine dans un nouveau plan galère, nous actons d’avancer tranquillement en direction du “vrai” Mount Jimmy Simpson, sans ambition de monter tout en haut. Nous longeons ainsi Bow Lake sur toute sa longueur puis attaquons une montée d’escalier nous menant face à une cascade ayant pour source la fonte d’un magnifique glacier. Le reste de la montée se verra avortée pour Valentine en raison de la complexité du sentier. Komoot nous indique une pente à plus de 50% sur deux cents mètre de dénivelé. Cette fois-ci, pourtant, l’application ne s’est pas trompée, c’est bien le bon sentier. Tandis que Valentine rebrousse chemin en direction de la cascade, je continue, curieux de voir ce qu’il se passe un peu plus haut. Depuis hier et notre marche au Lake Louise, nous n’avons pas oublié l’éventualité de rencontrer des ours. Bien que nous nous soyons séparés, il y a assez de passage d’humains là où descends Valentine pour qu’elle ne soit pas inquiétée. C’est tout le contraire me concernant sachant que je suis seul sur cette randonnée et que je traverse quelques passages de forêts. Je siffle, je crie afin qu’ils m’entendent, tout en étant muni du bear spray dans mon sac à dos. Après avoir longé une corniche et rencontré une fois de plus la neige aux alentours de 2 400m, je rebrousse également chemin au vue des conditions inadéquates. Avec plus de 600 mètres de dénivelé réalisé, le panorama reste des plus agréables avec une vue sublime sur Bow Lake, ses sommets environnants, ainsi que sur les différents glaciers. Nous nous sommes fixés comme heure de rendez-vous 16h30 avec Valentine, j’arrive facilement à la retrouver au soleil non loin du café du midi à 16h00.

16h00, c’est l’heure à laquelle nous sommes rentrés hier, aujourd’hui c’est l’heure à laquelle nous mettons le Cap encore plus au Nord afin d’aller explorer les spots accessibles en voiture de l’Icefields Parkway. Nous commençons par Peyto Lake qui demande une marche d’environ dix minutes pour une centaine de mètres de dénivelé. Ce lac est juste “wahoo” de par sa nouvelle nuance de bleu. Vraiment, ça paraît presque artificiel. Il y a beaucoup de monde sur l’observatoire de ce lac. Nous profitons de la vue le temps de quinze minutes puis repartons environ cent kilomètres au Nord afin d’aller voir le Champ de Glace Columbia, un immense glacier accessible à pied. C’est aussi durant cette centaine de kilomètres que nous prenons vraiment l’ampleur de cette route majestueuse. Qu’il puisse y avoir de si beaux, de si hauts sommets et de si grands glaciers sur vingt kilomètres, pourquoi pas, mais ça fait 150 kilomètres que nous sommes sur cette route et ces paysages ne s’arrêtent jamais. Nous arrivons vers 17h30 au Champ de Glace Columbia. L’horaire est touristiquement assez “tardive” ce qui fait qu’il n’y a pas grand monde. En raison de “crevasses invisibles” à proximité du glacier, il nous est impossible de marcher dessus, tant pis. Nous apprécions ainsi la vue rasante sur ce glacier qui perd de son volume d’année en année, ce qui est bien mentionné par différents panneaux de sensibilisation. Allez savoir pourquoi, c’est ici, à près de 2 200 mètres d’altitude que nous avons les premières lueurs de réseau de la journée. C’est donc ici que nous passerons près d’une demi-heure à se mettre à jour des différents réseaux, dans la voiture, à l’abri de la légère brise.

Le ciel devait se couvrir ce soir mais nous avons beaucoup de chance pour le moment. Il fait beau, il doit faire 15 degrés au pied du glacier. Nous décollons du Champ de Glace Columbia vers 18h30 où nous avons près de trois heures de route pour rentrer. Valentine me fait gentiment comprendre que s’il est possible de trouver à manger sur la route, ça l’arrangerait. Le problème est que nous sommes ici dans la nature profonde. Ce parc qu’est Banff, cet Etat qu’est l’Alberta ou encore ce pays qu’est le Canada sont tellement vastes que les petits villages de bord de route n’existent pas. Nous pouvons par chance tomber sur un semblant de station service mais rien de plus. Bon, sachant que cette route est une des plus touristiques du pays, nous trouvons après 75 kilomètres un semblant de zone d’activités regroupant boutiques de souvenirs, camping, lodge, station service et restauration rapide. Nous sommes à Saskatchewan River Crossing, il est 20h00, nous mangeons des hot dog sur les marches à l’entrée du shop. La situation est amusante, il faut essayer de s’imaginer une sorte de station service au milieu de montagne, le long d’une route normalement assez passante, à une heure assez tardive, où deux individus dînent comme ils le peuvent un hot dog dégoulinant de sauce sur les deux marches permettant d’accéder à la “supérette”. Tout cela en mode “dégueulasse” et plein de poussière après la randonnée d’aujourd’hui. Les hot dog dévorés, nous reprenons la Icefields Parkway en direction du Sud afin de rentrer au AirBnB. La chance (ou le symbole) fera que c’est ici, sur cette route, que nous verrons nos premiers (et derniers) ours. Un premier se baladant tranquillement sur la “bande d’arrêt d’urgence” avant de partir se cacher dans la forêt. Un second, environ cinquante kilomètres plus loin, traversant la route à tâtons avant de s’engouffrer dans la forêt. Autant nous n’étions pas la seule voiture à s’être arrêtée pour le premier ours, autant pour le second nous avons eu ce plaisir rien que pour nous, celui de voir la traversée de ce bel ours noir un peu pato. Franchement, ces ours sont la cerise sur le gâteau de notre voyage. Après des coyotes, des aigles, des baleines, voilà que nous voyons maintenant des ours. Sur la checklist des choses à faire et à voir au cours de ce voyage, je crois que nous arrivons officiellement au bout. C’est plein de bonheur et de vigilance que nous rentrons au AirBnB. Quand je dis “vigilance”, ça en est de la positive, celle d’espérer voir de nouveaux des ours. Mon collègue Arthur m’avait prévenu que nous avions des chances d’en voir au lever ou au coucher du soleil sur cette route, cela n’a pas manqué. Merci la vie.

Chapitre 14 – Mercredi 11 juin ; Radium Hot Springs

Nous ne voyons que très peu la pluie depuis le début du voyage. Les fois où nous l’avons senti sur notre peau se comptent sur les doigts d’une main. Je me souviens de la bruine de Los Angeles, de cette pluie à Vancouver le jour de la victoire de Paris en Ligue des Champions et… je ne sais même plus. Ça nous arrange, cela nous permet de nous occuper, de faire des activités de plein air. A côté de ça, les forêts canadiennes sont en train de cramer et je ne pensais pas qu’il ferait aussi chaud dans ce pays. Vous savez, le Canada, cette image d’un pays rempli de neige l’hiver et verdoyant quand il n’est pas recouvert de ce même manteau neigeux. Après tout, cessons de parler, aujourd’hui il est censé pleuvoir. Ça rajoute un doigt au compteur.

Journée de transition aujourd’hui au milieu des Rocheuses Canadiennes. Nous faisons beaucoup de route depuis deux jours avec les aller/retour en direction du Parc National de Banff. C’est ok, mais nous ne disons pas non à faire un peu moins de route aujourd’hui. Conduire ça fatigue. Ce matin c’est balade dans Golden. Avant que nous partions à pied dans le centre-vill(ag)e, Andrew discute avec nous accompagné de son jeune chiot Healthy qui a à peine douze semaines. C’est un croisé entre un cocker/et un caniche brun, je ne saurais trop dire. Par l’intermédiaire de certains sujets, nous sortons de cette conversation avec une conserve de sirop d’érable et une saucisse d’élan. Cet élan qu’Andrew a lui-même chassé et dépecé dans son garage. Nous sommes là sur du home made, du vrai. Andrew c’est un mec qui semble super sympa né à Golden. C’est le genre de gars serviable qui peut nous recommander beaucoup d’endroits sans savoir si ses goûts sont « nos goûts ». En tout cas, nous apprécions le temps qu’il nous consacre. Nous sortons dans Golden faire quelques courses dans un supermarché de produits locaux puis déambulons dans une librairie et enfin sur un marché hebdomadaire. Il y a un cours d’eau à Golden, c’est sympa sans être « the place to be ». Il fait chaud ici, il y a comme une ambiance « poussiéreuse ». Nous ne savons pas par quoi cela est expliqué, peut-être la pollution du fret ferroviaire, un nuage de fumée des incendies Canadiens ou encore le vent qui lève tout simplement de la poussière. La ville reste quand même attractive car il y a sur les montagnes environnantes des stations de ski dont Golden pourrait s’apparenter comme le hub de certaines. Une ville où les touristes sont assurés de trouver une certaine dynamique le soir. Nous rentrons de virée en ville puis déjeunons tranquillement au AirBnB. Il ne reste que deux nuits ici, il s’agit de finir tous les aliments que nous avons acheté pour ne rien trimballer dans nos sacs à notre départ. La question est maintenant de savoir « que faisons-nous cet après-midi ? ». J’ai identifié sur Google Maps des sources chaudes à cent kilomètres au Sud de Golden. Cent kilomètres, oui, moi qui ne voulais pas faire de route. Aller/retour, ça représenterait environ deux heures et demie de voiture maximum. L’autre argument c’est qu’il est censé pleuvoir cet après-midi. Se baigner dans une eau à 40°C quand il fait chaud dehors, pourquoi pas mais ça reste perfectible, en revanche se baigner dans cette eau sous la pluie, ça ça peut être sympa.  La proposition convient bien à Valentine, nous y filons donc aux alentours de 14h30 pour une arrivée vers 15h45. Les sources chaudes n’ont ici rien à voir par rapport à celles de Tofino. Il s’agit de sources chaudes naturelles qui ont été aménagées sur un format piscine. Il y a deux bassins : un bassin à environ 38°C où l’eau n’est jamais plus haute qu’un mètre 20 et un autre bassin de 25°C environ similaire à une vraie piscine de trois mètres de profondeur. Les vacances c’est aussi de la détente. Je ne suis pas friand de ce genre d’expérience quand il s’agit de courtes vacances mais dans le cadre d’un voyage de deux mois, cela ne fait pas de mal. Nous y restons approximativement deux heures sans y avoir vu la pluie. Sympa l’eau chaude avec une température extérieure de trente degrés… En sortant des sources chaudes nous tombons nez à nez avec un mouflon canadien juste au bord de la route. Nous avons du aller voir sur internet pour connaître le nom précis de cette bête. Ca ressemble fortement à un bélier étrangement pas très farouche. Après cette rencontre des plus cocasses, nous reprenons la route en direction de Golden. Andrew nous a évoqué ce matin l’éventualité de voir des ours si nous montons à la station de ski au-dessus Golden, Kicking Horse Mountain Resort. Cela ne nous fait pas faire un gros détour, seulement quinze minutes. Nous y montons, faisons une halte à Cedar Lake où nous prenons une grosse averse, montons à la station où ne voyons pas d’ours, puis redescendons gentiment au AirBnB. Le destin aura donc voulu qu’il ne soit pas forcé. Cela signifie que si nous voulons voir quelque chose, dont des ours, laissons faire les choses naturellement, sans les forcer. C’est un nouveau dîner que nous passons au AirBnB à manger nos dernières provisions de pâtes. C’est simple, efficace, économique.

Chapitre 15 – Jeudi 12 juin ; Banff Ville et Moraine Lake

Au-delà d’être un Parc National, Banff est aussi un village. Qui a donné en premier le nom à qui ? Nous ne savons pas. Nous voyons ce village comme une opportunité, celle de la dernière chance dans le but de ramener des souvenirs à nos proches. Nous avons déjà un sac plein de cadeaux en tout genre mais ce n’est pas suffisant à notre générosité. La durée de ce voyage et les lieux où nous passons n’aident pas au fait d’économiser. Il s’agit aussi d’essayer de faire plaisir à tout le monde. Nous essayons de faire du mieux que nous pouvons.

La météo semble ne pas s’être trompée aujourd’hui, le ciel est menaçant. Les nuages sont accrochés aux sommets, ils ne laissent que très peu de place aux reliefs. Après notre petit-déjeuner, nous prenons la route en direction de Banff. Il s’agit ce matin d’encore et toujours la même route reliant Golden au Lake Louise, celle que nous connaissons presque par cœur maintenant : ses virages, ses montées, ses trains aux kilomètres de marchandises incalculables, les panneaux signalant les différents lieux touristiques de la vallée. Arrivés à Banff aux alentours de 11h00, nous nous garons à l’entrée de la ville, proche de la gare, pour ne pas être embêtés par le stationnement. Il y a de la place, c’est gratuit et il y moins d’un kilomètre à pied pour rejoindre le « centre-ville ». L’ambiance de Banff pourrait être comparable à celle de Chamonix. Seul le côté “moderne” pourrait opposer Banff à l’authenticité de Chamonix. Certaines grandes marques outdoor sont présentes, tout comme des boutiques de souvenirs universelles de type “made in China”. Nous allons de magasin en magasin regarder ce qui pourrait nous plaire et plaire à nos proches puis nous nous posons déjeuner dans un fast-food coréen du nom de Hankki. Nous avons du temps à tuer en ce début d’après-midi sachant que nous devons nous rendre à Lake Louise (le village) pour 15h00 dans le but de rejoindre le Lac Moraine en navette. Banff n’étant pas New York, nous faisons passer le temps dans un café, le Mountain Folk Coffee Co., juste après notre déjeuner à Hankki. Le lieu est assez intimiste, il n’y a pas beaucoup de places assises. Nous sommes assis face à une femme accompagnée de son berger australien assis à côté d’elle sur le canapé du café. Après une bonne heure à scroller un café à la main, nous prenons la direction de la voiture pour rejoindre Lake Louise village. Comme j’ai eu l’occasion de l’exprimer précédemment, autant Lake Louise est accessible en voiture grâce à un parking aux places limitées, autant il est obligatoire de se rendre au Lake Moraine en bus ou à pied étant donné que les voitures y sont interdites. D’ailleurs, c’est réservation obligatoire pour les navettes, celles-ci ouvrent tous les matins à 08h00 pour avoir des créneaux 48 heures après. Le bus, ou plutôt le car, s’engage sur la petite route menant au Lake Moraine à une allure des plus douces. Nous croisons deux à trois bus sur la portion d’environ quinze kilomètres menant au lac. Pour le moment nous avons de la chance sur la météo, le ciel est très menaçant mais nous n’avons pas de pluie. Le fait que le lieu soit inaccessible pour les voitures rend le lieu un peu plus vivable que le Lake Louise, il y a du monde sur les rives mais ça reste « honnête ». Le Lake Moraine est un des lacs que je ne voulais pas manquer au cours de ce voyage. Des photos que j’en avais vu, ce lac est, selon moi, plus impressionnant que le Lake Louise avec de hautes montagnes rocheuses un peu comparables aux Dolomites. Il faut prendre en considération le fait que nous devons être à notre cinquième ou sixième lac depuis notre arrivée dans les Rocheuses, et ça ça nous rendrait presque blasé. Blasé ou pas, le lieu est magnifique, j’insiste. Notre souhait n’est bien évidemment pas de rester sur les rives du lac. Nous avons identifié une douce randonnée menant au Eiffel Lake situé à 5,5 kilomètres pour environ 450 mètres de dénivelé. Le sentier est des plus simples, nous croisons des marmottes ainsi que des écureuils qui rendent la randonnée des plus bucoliques. En parallèle, la traversée d’anciennes avalanches ne nous redonne pas spécialement le goût à la neige depuis notre excursion à la Wendy Thompson Hut. Arrivés à Eiffel Lake, les premières gouttes se font ressentir. Le ciel est très menaçant et nous apercevons les différentes nuées de pluie avancer au fil des reliefs. A titre d’exemple, un glacier présent juste au-dessus du Lac Moraine est devenu invisible en quelques minutes, cachés par les nuages bas bourrés de pluie. Toute la descente se fait donc sous la pluie, nous arrivons sur les rives du Lac Moraine trempés. Nous prenons cela positivement, il s’agissait pour nous de notre dernière randonnée au Canada (et du voyage). Finir ce road trip sous la pluie, en sachant que nous ne dormons pas dans la voiture est vu d’un bon œil. Considérons que la nature pleure notre départ. Après un tour dans la boutique de souvenirs du Lake Moraine, nous prenons notre bus retour puis rentrons tout humide dans la voiture en direction de Golden. C’est la dernière fois que nous empruntons cette route dans ce sens mais la première fois sous un déluge comme celui-ci. La situation nous détend, nous ressentons comme une nostalgie faire son apparition. Il est 20h30 quand nous arrivons au logement, nous profitons de la machine à laver et du sèche-linge mis à disposition par le AirBnB pour faire un reset de nos vêtements. C’est l’heure de refaire une fois de plus nos sacs.

Chapitre 16 – Vendredi 13 juin ; de Golden à Calgary

Le temps. Il passe. Il ne reste que quelques grains dans le sablier. Les souvenirs s’accumulent sans pour autant déborder. Le rétroviseur est chargé d’images, de souvenirs. Je suis satisfait de les avoir immortalisé grâce à ce récit. C’est aujourd’hui la fin du deuxième road trip de ce voyage. Un dernier bout d’asphalte, un dernier coup de volant qui va rapidement nous précipiter à l’extrémité Est du Canada.

Golden est la ville où nous serons restés le plus de temps lors de ce voyage. Une ville qui nous était auparavant inconnue qui nous est désormais familière. Golden c’est Andrew, ce AirBnB en sous-sol, ces post randonnées en terrasse et j’en passe. Nous ne croisons pas Andrew avant de partir, Valentine se charge de lui envoyer un message une fois dans la voiture pour le remercier de sa gentillesse. Cette même voiture, notre Hyundai Venue, chargée à bloc, où nous avons optimisé au mieux les bagages afin d’anticiper notre prochain périple ferroviaire. Valentine a eu l’idée de faire un sac spécialement pour le train, d’autant plus que nous devons enregistrer nos bagages à la gare comme dans un aéroport. Autant vous dire que nous sommes bien dans l’anticipation car le trajet en train ne commence que demain soir. Etant donné que toutes nos affaires sont rangées au millimètre, nous n’avons pas prévu de randonner aujourd’hui. Il est prévu de déposer la voiture au plus tard à 18h30 à Calgary et : c’est tout. Nous avons identifié le village de Canmore sur le trajet, ville où nous avons noté hier que plusieurs tee-shirts étaient à l’effigie de la ville lors de notre virée à Banff. Nous supposons qu’il s’agisse d’une station de ski environnante. Cet arrêt à Canmore est aussi un bon compromis étant donné que la ville est située à deux bonnes heures de Golden et seulement une heure de Calgary. Nous nous y arrêtons pour déjeuner. Cette ville de montagne possède une avenue principale très commerçante et piétonne. Il y a beaucoup de galeries d’art et de photos, l’ambiance est bonne, il fait beau, nous sommes en tee-shirt. Nous nous posons pour déjeuner en terrasse, face au soleil, dans un café, le Canary Coffee, proposant des sandwichs. Nous ne devons pas être au hot spot culinaire de la ville étant donné que nous sommes les seuls en terrasse. Nous restons près d’une heure assis au soleil, chatouillés par une tempête de pollen, en se faisant la remarque qu’il est vendredi, que nous sommes au milieu du Canada et que nous sommes bien ici au Canada le visage au soleil. Nous avons conscience que la fin approche mais cela n’est pas un problème. Cette voyage nous donne cette chance inouïe de pouvoir continuer à grandir, à s’éduquer grâce à cette expérience intemporelle où nous prenons le temps d’aller au contact des gens et des villes. Nous voyons beaucoup de choses sans aller trop vite, sans cette volonté de dégueuler d’images et d’instants inutiles à vouloir trop en voir. Nous faisons des choix. Avant de rejoindre la voiture nous nous promenons sur les bords de la petite rivière de Canmore où des pontons ont été aménagés au-dessus de l’eau. Nous avons l’impression d’être en pleine nature alors que les routes sont voisines. Il est environ 15h00 quand nous quittons Canmore en direction de Calgary.

Calgary ce sont les Jeux Olympiques d’Hiver 1988. Comme beaucoup de villes hôtes des Jeux Olympiques d’Hiver, il est difficile d’y voir un côté hivernal. Enfin, il fait apparemment très froid ici l’hiver mais les reliefs se font déjà loin. Du moins, ils sont à une heure de route. J’ai presque envie de comparer Calgary à Lyon de par sa taille et sa “proximité” des massifs montagneux. Je dépose Valentine et nos différents sacs au AirBnB. Ce AirBnB n’est pas mauvais mais restera comme le moins alléchant du voyage. Nous l’avons pris tard, tous les logements à Calgary étaient très onéreux. Nous nous retrouvons donc dans une sorte de coliving avec une chambre individuelle parmi d’autres voyageurs AirBnB. Nous y rencontrons Pablo, 22 ans, pilote d’hélicoptère venant tout juste de se faire licencier et se faire virer de son logement. Pablo a donc pris ce AirBnB en urgence hier avant de s’envoler pour Winnipeg où il espère y trouver un nouveau boulot. Une fois nos bagages déposés, je pars faire le plein d’essence puis déposer la voiture chez Avis. Contrairement aux Etats-Unis, nous avons eu de la chance avec la voiture ici, pas de pare-brise fissuré ni de voyant allumé, nous sommes ravis et soulagés. Je reviens à pied de chez Avis avec environ deux kilomètres et demi de marche. J’ai le droit à un premier aperçu de la ville avec sa skyline et ses bords de rivière. Une chose est sure, le logement était peut-être cher mais pour ce qu’il en est de l’emplacement, nous sommes super bien placés. D’ailleurs, à mon retour nous en profitons pour aller courir chacun se notre côté sur les bords du Bow. Séparément, oui, étant donné que nous n’avons pas le même rythme. Il est important pour nous de prendre ce temps pour se défouler avant d’être confiné pendant trois jours dans un train. Bien que nous n’avons pas emprunté le même itinéraire, nous trouvons le moyen d’arriver pile en même temps au AirBnB où nous redescendons en température ensemble sur un bout de trottoir à l’ombre du soleil juste. Le vent s’est levé et transporte beaucoup de pollen, ça a été assez chiant en courant.

Après une bonne douche, nous partons explorer la ville à pied aux alentours de 19h30 afin d’y trouver un lieu où dîner. Pablo nous a conseillé la 8ème et 17ème Avenue qui sont apparemment les plus vivantes de Calgary. Cela fait un peu de marche après le run mais nous nous motivons à descendre jusqu’à la 17ème où un grand nombre de bars et restaurants branchés y sont accumulés. Quant à nous, nous faisons le choix d’un restaurant japonais au très bon rapport qualité prix trouvé sur Google, le Redheads Japa Café. A la suite de ce dîner, nous partons profiter du coucher de soleil sur la Crescent Heights Lookout Point à moins de 500 mètres du AirBnB. Il semble que cela soit un spot prisé pour les basses lumières au vue du monde présent ici. Nous noterons la présence de narcisses prenant un malin plaisir à se faire prendre en photo face à la skyline. Une asiatique a notamment demandé une dizaine de fois à une de ses amis de la prendre en photo dans une robe des plus aguichantes sans prêter une seule fois attention à la vue. En parallèle, c’est aussi un défilé de voitures de sport qui prennent un malin plaisir à faire ronronner leur moteur tandis que nous, comme d’autres personnes, viennent simplement chercher le calme du soleil couchant. C’est raté pour ce soir. L’image face à nous n’en reste que très belle. Nous redescendons tranquillement au AirBnB se coucher avant d’attaquer le périple ferroviaire que nous attendons tant.

Chapitre 17 – Samedi 14 juin ; de Calgary à Edmonton

C’est le retour des journées transition. Celles sans voiture où nous devons aller d’un point A à un point B avec tous nos bagages. Autant vous dire que nous perdons des points de vie au cours de ces journées.

Première étape, porter les sacs sur nos dos avec cinquante mètres de dénivelé pour un kilomètre de marche. Pour rappel, je dois avoir près de 40 kilogrammes sur mon dos et mes bras tandis que Valentine doit être à 25kg. Deuxième étape, prendre un bus le temps de deux arrêts. Troisième étape, marcher à nouveau un kilomètre. Premier challenge de la journée accepté, nous arrivons avec une heure et demie d’avance à l’air de stationnement où nous devons récupérer notre Flixbus en direction d’Edmonton. Avant de préparer ce voyage nous n’avions jamais entendu parlé de la ville d’Edmonton, et pourtant, au-delà d’être sur le trajet du Transcanada, c’est surtout la capitale de l’Etat d’Alberta. Pendant ce temps d’attente, nous sommes témoins de l’escorte d’une personnalité politique devant participé au G7 à Kananaskis, ville sur la route des Rocheuses que nous avons emprunté hier. Autant vous dire que les cent mètres qui nous séparent de la résidence de cette personne sont deux salles deux ambiances. Nous aurions pu être confondu avec des SDF avec le nombre de bagages que nous transportons et de notre dégaine pleine de sueur. Le Flixbus est à l’heure, nous embarquons pour trois heures et demi de trajet à travers l’Alberta sur une route des plus linaires prenant la direction du Nord. Nous arrivons à l’heure à Edmonton où plus d’un million d’habitants résident. Ce qui tient l’économie ici c’est principalement le pétrole. D’ailleurs, le surnom de l’équipe de hockey sur glace locale est « les Oilers » (les pétroliers). La chance que nous avons aujourd’hui c’est qu’Edmonton est en finale de NHL (National Hockey League) contre les Florida Panthers. Il y a actuellement 2-2 en finale (4 matchs gagnant) et il y a un match ce soir à Edmonton. Sachant que notre train est planifié à 19h50 et que le début du match est à 18h00, peut être allons nous pouvoir voir un bout du match dans un bar.

Il s’agit maintenant de se rendre à la gare et autant vous dire que les transports en commun ici ce n’est pas leur fort. Exceptionnellement nous faisons recours à Uber pour aller à la gare après les kilomètres lestés de ce matin qui auront été bien trop éprouvant. Après trente minutes de Uber à traverser une ville très étalée où rien ne semble très attractif, nous nous retrouvons à la gare semblable à une station service. Le hall est des plus minuscules et pas besoin de chercher la voie d’où va partir notre train, il n’y en a qu’une. Pour rappel, nous sommes quand même dans la capitale de l’Alberta. Cette gare prouve le côté plus que marginal du train comme moyen de locomotion au Canada. Toutes les voies ferrés sont destinées au fret et à rien d’autre. Il est 16h45, le train part dans trois heures et le problème est que la gare n’est tout simplement pas ouverte. Un problème en cache un autre, le train a apparemment plus de trois heures de retard selon l’application ViaRail (l’équivalent de la SNCF au Canada). La journée a déjà été éprouvante, nous gardons notre calme, en silence. Nous sommes dehors, il ne pleut pas mais nous sommes pour autant loin d’un plaisant vingt degrés. Par chance, la gare ouvre ses portes quinze minutes après notre arrivée et nous pouvons enregistrer nos bagages afin de les laisser à la gare. Oui, les bagages c’est comme dans les trains aux Etats-Unis ou bien les aéroports en France, nous devons enregistrer nos bagages afin qu’ils soient placés dans un wagon spécifique. Nous sommes donc débarrassés de plus de cinquante kilogrammes de bagages et ça c’est du luxe pour nous. La nouvelle problématique qui se pose est que la gare est située dans le trou du de la ville, à l’extrémité Nord. Il n’y a absolument rien à proximité. Nous spottons sur Maps un bar à 1,8 kilomètres de la gare, The Growlery Beer Co., semblant proposer de la bière maison. Nous n’avons pas tant marché aujourd’hui et n’avons pas vraiment le choix. Nous en prenons donc la direction le long d’une deux fois deux voies. Plutôt atypique, en effet, mais nous ne pouvons pas faire autrement sachant qu’il n’y a pas de trottoir ici. Même Maps nous indique de passer à pied le long de la route. Du moins, il y a un semblant d’herbe où marcher mais cela n’a rien d’un espace spécifique pour les piétons. Nous arrivons sans mal au bar où, comme souhaité, le match des Oilers est diffusé. Je crois au destin et au fait que le retard du train était nécessaire. Nécessaire afin de profiter d’une nouvelle expérience unique au Canada, celle de vivre une finale de NHL dans une ville où l’équipe EST en finale ! Nous sommes accueillis dans le bar par une serveuse parlant le français/québécois. Nous ne comprenons pas tout ce qu’elle nous raconte mais elle apprécie de voir des français ici tout en se demandant ce que nous foutons à Edmonton. Nous même nous pourrions nous poser la même question. En tout cas, la soirée est de qualité, un food-truck est installé sur le parking et nous alimente en burger et poutine. Malheureusement pour les locaux, les Oilers perdent 2-5 ce soir mais cela n’a pas vraiment d’importance pour nous. Il est plus de 21h00, la journée commence à être très longue, notre seul souhait est d’avoir nos fesses posées dans notre cabine de train. D’ailleurs, étrangement, au fur et à mesure de la soirée nous voyons le train gagner en temps sur l’application ViaRail. Tandis qu’il a par moment affiché un retard de près de quatre heures, le voilà maintenant avec deux heures de retard « seulement ». Nous accélérons le pas par peur de pouvoir le louper. C’était sans compter sur un nouvel arrêt cinq kilomètres avant la gare d’Edmonton qui aura coûté deux nouvelles heures de retard, quatre heures donc au total. Il est 23h45, après une fouille de nos bagages, nous montons officiellement dans la voiture 14, cabine B où nous retrouvons nos lits superposés et notre WC individuel. Rachel notre « préposé » (comme ils l’appellent ici) nous donne les consignes de petit-déjeuner, déjeuner et dîner sachant que ce trajet est un peu du « all inclusive ». Nous sommes éclatés, nous partons nous coucher.

Chapitre 18 – Dimanche 15 juin ; Traversée du Canada en train

Des nuits dans un train, j’en ai passé quelques-unes. Sur des sièges principalement, plus ou moins confortables. Le siège entre San Francisco et Seattle restera quand même le must de ce que mes fesses ont pu côtoyer le temps d’une nuit. Une nuit dans une cabine cela m’est arrivé deux fois de mes souvenirs accompagnés de mes équipiers de handball et d’inconnus.

Notre cabine possède deux lits superposés d’un peu plus de 90 centimètres de large environ. Bien que nous nous aimons beaucoup, il serait très difficile de trouver un semblant de confort en dormant ensemble entre ces quelques centimètres. Il est donc prévu de faire lit à part pour les trois prochaines nuits. Le train a beaucoup bougé cette nuit. Les voies ferrées ne semblent pas adaptées au confort des passagers ni à la “haute vitesse”. Sa vitesse est variable entre “être à l’arrêt” et 130 kilomètres par heure de ce que nous pouvons suivre sur l’application Via Rail (opérateur du transport de passager ferroviaire au Canada). Nous ne semblons pas avoir rattrapé notre retard, cela semble très variable. La problématique c’est qu’en plus du temps de trajet total de ce train (4 jours en tout au départ de Vancouver et à destination de Montréal), notre train n’est pas prioritaire face aux trains de fret. Ainsi, dès que nous croisons un train, c’est à nous d’attendre. Etant donné que nous avons une correspondance de deux heures et demie à Montréal mardi 17 juin, nous gardons un œil sur l’évolution de ce retard. En plus du mouvement, le train peut paraître un petit peu bruyant la nuit entre le contact des rails, la ventilation et le croisement avec les autres trains. Rien de positif dans tout ce que je dis jusque-là mais autant vous dire que Via Rail et ses équipes ont tout prévues. Des bouchons d’oreille, deux oreillers par personne, de la literie des plus corrects et nous ne devons pas encore avoir tout vu. Nous voyons ici que la compagnie est à nos petits soins. Nous prenons l’ampleur du confort dans lequel nous sommes quand nous rejoignons la salle de restaurant où il est prévu que nous prenions le petit déjeuner. Nous nous parlons ici de nappes blanches, de serveurs en uniforme de la plus grande sympathie nous apportant un petit déjeuner des plus luxueux et des plus goûtu. Le choix de petit déjeuner est large il y a une carte, il va des pancakes aux œufs Bénédicte en passant par une omelette. Le choix est d’environ six possibilités et franchement c’est super bon. En parallèle, il faut prendre en considération qu’en plus de l’intérieur de ce wagon il y a cette vue sans cesse changeante. Ce qui est dingue aussi c’est l’aisance du personnel maitrisant à la perfection les turbulences. Aucune goutte de café renversé, pas un pète de travers, c’est incroyable. Nous sommes seuls sur cette table de quatre ce matin, il semblerait que nous puissions partager notre table mais ce n’est pas le cas pour nous ce matin.

Dans ce train il y a deux wagons restaurants. Un wagon restaurant est environ pour cinq voitures si je ne me trompe pas. Dans ces voitures nous retrouvons différents standings en termes de couchage. Il y a la gamme Prestige avec toilettes, lit double et salle de bain privative, une autre gamme avec lit double, toilettes privatives et douche partagée, notre gamme avec lits superposés, toilettes privatives et douche partagée et la gamme siège avec toilettes et douches partagées. Il doit y avoir une douche pour environ 6 cabines (12 personnes), sans réelle certitude de ce que j’écris. Une chose est sure, c’est bien suffisant étant donné qu’à chaque fois que j’y ai mis un pied, la douche était libre. Cette douche est des plus spacieuses et confortables. L’eau est chaude, les serviettes sont fournies, tout comme le savon. Nous avons d’ailleurs ce fameux “attendant” ou “préposé” alloué en charge de deux voitures. Ces personnes sont vraiment à nos petits soins et que dire de leur sympathie, d’autant plus que dans ce train nous ne pouvons pas faire de rapprochement entre la sympathie et la quête du tips. Enfin, à la vue de la population très âgée du train, il doit bien avoir quelques tips qui se distribuent à droite à gauche.

Si l’on s’arrête sur la population présente dans ce train, il est vrai que la moyenne d’âge est assez élevée. Enfin, je ne peux parler que de notre compartiment de cinq voitures étant donné que les autres compartiments ont leur propre restaurant et donc que nous ne les croisons peu si ce n’est jamais. Nous relevons beaucoup de profils différents dans les passagers. Des personnes passionnées de train avec leur bouquin à la main, des passagers s’ayant faire offert ce voyage en guise de cadeau, une simple volonté de découvrir le voyage en train pour certain, une volonté de voir le Canada sans se fouler à marcher pour d’autres ou encore un binôme mère et fille monté à bord pour se créer de bons souvenirs en famille. Une chose est sûre, chaque passager transporte une histoire avec soi. Il n’y a qu’à observer les regards de ces personnes dans la voiture panoramique, fixant ces paysages en mouvement, remplis d’émotions et de pensées puissantes. C’est vrai que pendant cette journée nous avons le temps. Le temps de lire, d’écrire, de parler et d’observer le comportement de chacun. Certaines personnes, certains couples semblent attachant. Notre personnalité d’Européen ne va pas forcément énormément vers les gens, ce qui est tout le contraire de la mentalité Nord-Américaine qui prend un malin plaisir à naturellement discuter avec les différentes personnes.

Discuter, nous y sommes confrontés à l’heure du dîner. Il y a deux services, nous avons été choisis pour être du premier servi à 11h00. Tout comme ce matin, un choix de quatre plats est présenté avec la possibilité de commander une soupe ou une salade en entrée. Tout est “gratuit” sachant que cela est inclus dans le prix de notre billet. Seules les boissons alcoolisées sont payantes. Par exemple, commander un coca ou un icetea est gratuit. Ce midi, nous sommes accompagnés de Fred, américain, et Bill, canadien de Winnipeg, qui eux-mêmes ne se connaissent pas. Il n’est pas simple de converser quand trois personnes sur quatre ne se connaissent pas. Il y a aussi beaucoup d’égo chez les Nord-Américains, notamment chez Fred, environ 60 ans, qui nous exposent gratuitement son savoir. Bill quant à lui est plus mesuré et sympathique mais Fred ramène constamment sa fraise. Il n’est pas méchant franchement mais nous sommes en quelque sorte face à un “monsieur je sais tout”. Que ce soit avec eux ou d’autres personnes, nous ressentons que nous sommes parmi des personnes qui voyagent beaucoup, bien loin des aprioris des Américains ne connaissant rien à l’Europe. Bon, Bill et Fred ne connaissent pas la Croatie mais nous n’allons pas leur en vouloir. Nous sortons du déjeuner un petit peu lessivé. Vous savez, cette sensation d’avoir tout donné après une conversation n’ayant pas de but. Le moment de partage est sympa, les conversations nous apprennent beaucoup de choses sur les gens où l’Amérique du Nord mais nous espérons avoir l’occasion de côtoyer de nouvelles personnes ce soir.

L’après-midi passe relativement rapidement sachant que le dîner est servi à 17h00 et que nous avons passé un premier fuseau horaire. Nous occupons ces quelques heures en écrivant, lisant et en profitant de la voiture panoramique. Nous faisons aussi la rencontre d’un couple de bordelais français d’une petite soixantaine d’année. Leurs enfants leur ont offerts cette traversée en lien avec la passion du papa, fan de train après avoir habité quinze ans dans une gare grâce à un papa cheminot. Arrivé l’heure du dîner, c’est Elizabeth, la fille, et Line, la mère qui nous accompagnent à table. Toutes les deux viennent du Wisconsin. Il y a une énergie chez elles qu’il sera compliqué d’oublier. Line, la mère, doit approcher les 80 ans et comment expliquer le régal de parler à cette femme pleine d’énergie, d’humour, d’analyse, d’attention et d’écoute. La “frustration” du midi est vite passée, ce dîner passe à vitesse grand V en parlant de nos vies, de nos expériences et des saveurs de nos assiettes. Un plat un peu trop épicé aura contraint Elizabeth à quitter prématurément la table nous laissant seuls avec sa mère. Nous nous nouons d’amitié avec Line et nous prenons un malin plaisir à la recroiser tout au long de cette traversée.

Nous avons traversé aujourd’hui l’Etat des plus plats du Saskatchewan. Que dire, des champs à perte de vue qui nous permettent d’avoir un horizon “presque” dégagé pour profiter d’un coucher de soleil. La salle panoramique est pleine des passagers venus s’émerveille des lumières du soir. La soirée est silencieuse comme elle peut être animée par des conversations et blagues en anglais. Il n’est pas simple de tout suivre et tout comprendre quand ils parlent entre eux. Nous écoutons d’une oreille. Après avoir rejoins notre cabine aux alentours de 22h00, j’y ressors aux alentours de 23h00 en approchant de Winnipeg, capitale du Manitoba. Environ six vieux roublards sont présents dans la salle panoramique et racontent des conneries entre eux. Ces retraités semblent être tellement heureux de partager des moments avec des amis éphémères. Certains sont mariés, d’autres célibataires, d’autres veufs. C’est une addition d’histoires qui se retrouvent dans cet espace et je trouve vraiment cet instant très puissant. Je les écoute, dos à eux, ils parlent un anglais pas si simple à comprendre et ils ont bien compris que je n’étais pas natif anglophone. Nous approchons de Winnipeg. Les lumières de la ville sont assez légères. Je tente de faire quelques pauses longues avec mon appareil photo sans réelle réussite. Ce n’est pas grave, le plus important est de vivre l’instant et je le vis actuellement avec ces petits vieux au combien attachant.

Chapitre 19 – Lundi 16 juin ; Traversée du Canada en train

Nous connaissons l’Hémisphère Nord et Sud de notre planisphère mais pourrions nous parler de ces mêmes Hémisphères au sujet du Canada. Le Canada compte dix Etats, dont sept sur la partie “Sud ” du pays. Sur Google Maps, nous pouvons voir une démarcation bien précise et droite entre la frontière Sud et Nord avec des Etats du Territoire du Yukon, Territoire du Nord-Ouest et Nunavut. Là où je veux en venir c’est que ce train nous permet d’avoir une vision bien précise de ce que nous trouvons dans chaque Etat du Sud du pays. Après avoir découvert la Colombie-Britannique, l’Alberta et le Saskatchewan, nous voilà maintenant dans le Manitoba. Et ce n’est que le début car nous allons également traverser l’Ontario et le Québec. L’avantage de ce train qui n’est pas à grande vitesse (contrairement à l’avion) c’est que nous voyons du pays. Nous avons plus qu’un aperçu des paysages, des maisons, des lieux que nous traversons. Cela nous permet de nous cultiver, traverser des zones auxquelles nous n’aurions jamais pensé mais aussi le faire sans se fatiguer. Se laisser porter par un train comparé au fait de conduire est différent. Cela a ses avantages et ses inconvénients, notamment le fait que nous ne pouvons pas nous arrêter quand nous le souhaitons mais nous sommes détendus à l’idée de ne pas avoir cette “pression” de conduire.

Si nous revenons à ce train. Comme je l’avais écrit dans la préface, notre voyage ayant pour but de prendre le moins d’avion possible a des limites. Les trains en France fonctionnent en grande partie à l’électricité (pas que, certains TER fonctionnent au fioul) et cette électricité est directement produite par nos centrales nucléaires considérées comme “green”. D’ailleurs, certains connaissent peut-être cette anecdote mais EDF est l’entreprise la plus consommatrice d’électricité en France. De ce que nous pouvons voir depuis la voiture panoramique du train, les rejets de cheminée ne semblent rien avoir d’électrique pour le “Canadien” (le nom du train). Nous pouvons penser qu’il s’agit de fioul, sans certitude. Ce fonctionnement loin d’être green relève finalement bien des questions. Dans un monde qui nous pousse à moins prendre l’avion, quelles sont finalement les solutions mises à disposition des usagers ? Sur une distance comme celle-ci, le train rejette t’il réellement moins de CO2 qu’un avion ? Le voyage en vélo n’est pas une alternative pour tout le monde et cela se comprend pour des questions de temps et de conditions physiques. Les gens ont beau avoir de bonnes intentions en prenant le train, les gouvernements gardent cette responsabilité de faire changer les choses en investissant dans ce qui est le mieux pour notre planète. En tout cas, nous n’avons rien à cacher de ce voyage, nous avons fait ce constat que malheureusement ce train ne semble pas être électrique, malgré tout, nous prouvons que voyager en train, sur une si longue distance relève du possible et du confortable.

C’est un couple de Pennsylvanie qui nous oppose ce matin au petit-déjeuner. Des gens d’un certain âge étant eux dans la partie “Prestige” du train. Prestige ici une cabine plus grande avec une salle de bain privative. Lui est un ancien gérant de plusieurs supermarchés aux Etats-Unis tandis que madame était auparavant infirmière. Peut-être que vous vous reconnaitre dans mes paroles à venir mais certaines personnes ont un peu de mal avec la discussion le matin. Ils ont besoin d’émerger, qu’on les laisse dans leurs pensées avec un café à la main. Ici, il faut s’imaginer qu’on vous “oblige” à parler avec des inconnus tout en étant les paupières encore lourdes du matin. C’est dur, très dur, d’autant plus quand il y a un bruit ambiant qui ne facilite pas la compréhension et que nous n’avons pas une aisance parfaite en anglais. L’échange est agréable ces personnes âgées semblent heureuses de converser avec des “jeunes”. L’échange bifurque sur le sport qui aura finalement mené le sujet sur la part de black dans certains sports. Est-ce réellement un hasard que le sujet migratoire arrive sur la table quand l’on parle à des personnes aussi âgées ? Passons… Nous partons dans la chambre faire une sieste puis tuons le temps à base de lecture et de contemplation des paysages depuis la cabine. Au déjeuner, c’est Barry et Diane qui nous font face. Il est 13h00, nous avons émergés, nous sommes ouverts à la discussion. Ce couple d’environ 65 ans est touchant. Ces deux personnes sont veuves et ont un respect tellement beau pour l’histoire de son partenaire. Après le décès de sa femme, Barry a vécu une expérience en Bretagne en France afin d’y rejoindre une femme. Une histoire qui n’a pas duré car “you know, French girls are a bit… bossy”. Il garde toutefois une admiration pour la France et pour le temps passé dans l’Hexagone où il travaillait comme jardinier. Avec Diane, ils sont ensemble depuis près de cinq ans et résident sur la sunshine coast près de Vancouver. Ils ne sont pas mariés mais en couple et ont une expérience notable dans l’expression et la prise de recul de leurs sentiments. Nous passons un très agréable déjeuner avec eux en buvant leurs paroles, leurs histoires et leurs émotions de leurs vies passées. Cela rejoint un petit peu ce que je disais hier au sujet des histoires de chacun dans ce train. Que ce soit à travers un déjeuner ou des regards dans le train, nous sentons le vécu si fort de toutes ces personnes, nourries et à la fois rongées par le temps. Nous checkons Diane et Barry à la sortie du déjeuner qui nous remercient pour le moment de partage, chose que nous faisons également chaleureusement.

Nous faisons la rencontre de Jean-Luc à la sortie de la voiture restaurant. Jean-Luc est le mari de Christine, la femme de Bordeaux que j’ai rencontré hier dans le train. Nous l’interrompons pendant qu’il se sert un café. Nous passons au final près d’une heure à discuter de tout et de rien avec lui, c’est pour vous dire que nous sommes bien mieux réveillés que ce matin. D’ailleurs, après un après-midi passé à lire et prendre des photos, c’est avec ce couple bordelais d’une petite soixantaine d’année que nous profitons du dernier dîner du trajet. Christine est hôtesse de l’air chez Air France pour les vols internationaux tandis que Jean-Luc est un jeune retraité de chez EDF. Le français facilite la fluidité de la conversation, le dîner est des plus agréables en abordant la vie respective de chacun, tout comme notre vision du monde et de la France. En plus de toutes les personnes que nous avons côtoyé jusque-là dans le train, ce couple restera pour nous une superbe rencontre. Après le dîner nous profitons d’un nouveau moment de calme et de contemplation dans la voiture panoramique. Les kilomètres fusent tout comme les paysages et les fuseaux horaires. Les premières estimations nous feraient arriver en avance demain, affaire à suivre.

Chapitre 20 – Mardi 17 juin ; du Train à Montréal

Nous nous réveillons dans l’Ontario avec pour capitale Toronto. Après le Saskatchewan identifiable par ses terres agricoles à perte de vue, le Manitoba avec ses plaines un peu plus végétalisées que le Saskatchewan, nous avons maintenant le droit à l’Ontario aux paysages fait de forêts et de lacs. Ces paysages font penser à des pays comme la Suède ou la Finlande : riches en végétation, très pauvres en reliefs, inondés de lacs. La nuit a été rude, les chemins de fer canadiens ne sont pas plus adaptés au transport de passagers d’un Etat à un autre. Ca a énormément bougé et cogné, d’où le fait que Valentine reste dormir pendant que je file au petit déjeuner. Je suis seul à ma table ce matin, c’est plaisant, notamment le matin. C’est notre dernier jour dans le train, ce moment de solitude est plaisant afin de prendre une nouvelle fois conscience de la chance que nous avons de vivre cette aventure en train. Le train déambule de lac en lac, j’ai un café chaud entre les mains, je suis exposé Ouest, je ne suis pas embêté par le soleil, je suis bien. La voiture restaurant est assez vide ce matin étant donné qu’un brunch est proposé après le petit-déjeuner. Les passagers semblent avoir fait leur choix tandis que le mien est de pouvoir prendre les deux. Je m’installe en voiture panoramique avant d’aller gentiment réveiller Valentine. Une fois son esprit éveillé, nous rangeons nos affaires de sorte à ce que notre “proposée” puisse remettre la cabine en mode jour (siège) et non nuit (lit). Nous partons ensuite prendre le brunch, tout en pensant bien à un mettre la brochure “chambre à faire” sur la poignée de notre porte côté couloir. Nous arrivons seuls à table pour le brunch avant que nous soyons rejoints par deux femmes du Nebraska. Nous n’en avons pas vu tant que ça jusque là mais ces femmes sont assez fortes, si ce n’est obèse pour l’une d’entre elle. L’échange rame un peu, nous ne finissons malheureusement pas le voyage sur la meilleure des notes. La conversation est tellement sans vie que nous ne tardons pas à nous sortir de table une fois le brunch englouti. Deux wagons plus loin, nous partons profiter une dernière fois du wagon panoramique pendant une petite heure avant de revenir dans notre cabine. Nous prenons une dernière douche puis trainons sur nos téléphones avant une arrivée au combien à l’heure avec près d’une heure et demie d’avance. Le retard au départ d’Edmonton nous a fait un peu stresser mais nous avons appris au fur et à mesure de ce voyage que le train met toutes les chances de son côté pour arriver à l’heure (si ce n’est à l’avance). Il voit très large sur les horaires, notamment le dernier tronçon où il prévoit 4h29 pour faire moins de 100 kilomètres. Il y a de la marge.

Nous arrivons à la gare de Toronto. Nous attendons nos bagages à la gare comme dans un aéroport et disons au revoir au couple de bordelais Jean-Luc et Christine. En parallèle, nous n’avons malheureusement pas l’occasion de recroiser d’autres belles rencontres de ce périple comme Elizabeth et Line afin de leur dire au revoir. C’est finalement la dure loi des rencontres éphémères. Ces personnes nous les croisons, nous leur parlons mais nous ne savons jamais quand sera la dernière fois que nous les verrons. Nos bagages sont récupérés. Etant donné que nous arrivons avec un peu d’avance ici à Toronto, nous nous sommes débrouillés pour modifier notre billet pour Montréal afin de prendre le train prévu une heure et demie plus tôt. Vous comprendrez donc que nous n’avons pas prévu de visiter Toronto et ses chutes du Niagara. Nous ne pouvons pas tout faire et nous avons donné la priorité à d’autres lieux tout aussi excitant comme New York. Nous ne sortons même pas prendre l’air hors de la gare lors de cette escale de deux heures. Nous lisons et attendons patiemment, un petit peu stressé à l’idée de savoir si nos bagages vont passer sans devoir payer un extra. En lisant les règles de bagages nous sommes bien au-dessus du seuil.

Autant le transport de passager ferroviaire ne semble pas être très commun au Canada, autant cette ligne de train Toronto – Montréal déplace les foules. Il y en a toutes les deux heures et une longue fil d’attente est en train de se créer dans le hall de la gare en face de nous. Nous montons finalement sans problème dans le train, les bagages n’auront pas suscité d’intérêt de la part de la personne ayant scanné nos billets. Après deux jours et dix-sept heures de train, nous revoilà reparti pour quatre heures de trajet. Quatre heures de trajet des plus mouvementés sachant que je n’ai jamais pris un train de transport de passager aussi mouvementé que celui-ci. L’intérieur du wagon est des plus clean, il n’y a rien à dire par rapport à cela, très similaire à ce que l’on peut voir en France mais que dire des à-coups liés aux rails à partir du moment où le train prend un semblant de vitesse. Admettons que le train monte au maximum à 150km/h, ok, mais que dire de l’effet machine à laver qui en découle. Quelle chance avons-nous d’avoir un réseau ferroviaire aussi qualitatif et rapide en France (bien que le réseau SNCF soit trop cher). Nous arrivons à Montréal juste avant la nuit. Nous galérons une fois de plus avec nos sacs en sortant du train. Par grande gentillesse mon ami Yohan nous attend à la sortie de la gare avec sa voiture. Ce sont des retrouvailles humides, pleine de sueur qui ont lieu. Tous nos bagages remplissent son coffre, nous roulons vitres ouvertes, ça y est, nous avons traversé le Canada en train et j’ai tenu ma promesse de rendre visite à mon ami.

La soirée déjà bien entamée, notre trajet en voiture commence par un stop à un restaurant thaïlandais afin d’y récupérer notre dîner à emporter. Garés dans le quartier du Plateau du Mont Royal, nous sommes accueillis à l’appartement par Mélanie, la copine de Yohan, et plusieurs de leurs amis. Ce soir au programme c’est Koh Lanta. Enfin… c’était Koh Lanta, le plan ayant été revu à la baisse au grand regret de Mélanie. Après une bonne heure en compagnie de leurs amis, tout le monde rentre chez soi aux environ de 22h30. Nous nous douchons, discutons tranquillement puis partons nous coucher après une longue journée (des longues journées!) de voyage et de transit.

Chapitre 21 – Mercredi 18 juin ; Montréal

Avec Yohan nous nous sommes rencontrés à KEDGE Marseille en première année de Master. Comme pour Gabriel de Vancouver finalement avec mais lui c’était en deuxième année. Les deux ne se connaissent pas. Nous nous sommes beaucoup rapprochés car Yohan et moi habitions la même ville, Toulouse, et sa gentillesse et sa personnalité ont très rapidement matché. Nous sommes très différents tous les deux mais un certain équilibre a su se créer entre nous où le goût pour le sport a tissé un vrai lien solide. Depuis sept ans maintenant et cette année universitaire nous n’avons jamais perdu contact, nous avons surtout créé de vrais souvenirs ensemble à travers des randonnées, des voyages, un marathon et bien d’autres. Bref, énormément de moments significatifs, mémorables qui font que pour moi, Yohan c’est un ami, un vrai, avec qui je me projette beaucoup dans différents projets.

Yohan a découvert la performance sportive sur la même période que notre rencontre. Pour donner un ordre d’idée, il a participé à deux Half Ironman l’année dernière et prépare actuellement un (full) Ironman. C’est dans ce cadre là que nous partons courir dès 06h30 du matin. C’est tôt, surtout après trois nuits dans un train, mais notre passage à Montréal est très court et nous souhaitions vraiment aller courir ensemble. Il m’a concocté un tour des plus touristiques afin de me faire découvrir les principaux lieux de Montréal. De retour chez Yohan, sa montre annonce que nous avons fait 17,8km pour 242m de dénivelé. Yohan est en télétravail aujourd’hui tandis que Mélanie est partie travailler au bureau ce matin. Notre hôte nous offre un petit déjeuner des plus protéinés à base d’œufs au plat et de confiture framboise maison. Oui, cette confiture faite hier soir par Yohan, comme si c’était courant de faire de la confiture un mardi soir à 22h00 (ça c’est Yohan et c’est pour ça qu’on l’aime).

Travail oblige pour Yohan, Valentine et moi partons explorer la ville vers 09h00 avec l’objectif de rejoindre le coiffeur Priska pour 11h30, hot spot de la coiffeur recommandé par Mélanie à Valentine. Nous commençons par le parc très connu du Mont Royal où nous prenons un peu de hauteur (et de dénivelé) sous une chaleur déjà étouffante de bon matin. Chacun de nos pas sont des plus doux afin de s’éviter au maximum de transpirer. En plus de la chaleur, c’est l’humidité qui est des plus désagréables. Arrivés au Belvédère Kondiaronk, nous immortalisons notre venue ici par un selfie à la “Yohan” en x0,6. Dans le même temps, un jeune photographe nous demande s’il l’on souhaite immortaliser ce moment par une photo au prix libre, proposition que nous refusons. Nous redescendons ensuite du parc par de grandes avenues passantes afin de rejoindre le coiffeur. Je laisse Valentine cinquante mètres avant son rendez-vous afin de me poser dans un café pendant son rendez-vous. Je commande et m’installe en terrasse au Café Cantinova puis vois étrangement Valentine revenir quelques minutes plus tard. Le coiffeur est apparemment introuvable et nous mettons en effet un temps fou à le trouver, perdu dans un immeuble de co-working au style industriel. Je décide ainsi de m’installer dans les communs du coworking pendant la réalisation de sa nouvelle coupe de cheveux. Armée de cheveux plus courts, nous rejoignons ensuite Yohan à pied au marché Atwater où nous déjeunons dans un food court en terrasse. Il fait chaud, Yohan arrive en sueur après avoir fait le trajet à vélo. Yohan et Valentine commandent à manger sur le même stand tandis que je me penche sur autre choix gastronomique. Le food court est très prisé mais nous réussissons à dégoter une place sur une table.

Yohan ayant très sympathiquement posé un congés cet après midi afin de passer du temps avec nous, nous partons ensuite longer un des canaux permettant de rejoindre le centre-ville. Une visite de Montréal n’en serait pas une si Yohan ne se prêtait pas au jeu de nous montrer toutes les boutiques les plus hipsters de la ville. Parmi ces shops nous pouvons noter la boutique Ciel et Norda, tout comme SSENSE située en hyper centre. Comme je lui dis toujours, nous y allons pour ma culture générale mais il ne faut pas s’attendre à me voir acheter quoi que ce soit. Nous déambulons ensuite de rues en rues, le centre-ville fait un peu penser à celui d’une ville européenne. C’est d’ailleurs la première fois que nous avons cette impression depuis le début du voyage avec des petites places ainsi que des petits patios nichés à certains endroits. Yohan profite notamment d’un de ces marchés de créateurs présents dans un patio pour acheter un chouchou à Mélanie. Manière de se mettre au frais dans cette chaleur très humide, nous nous arrêtons boire un café froid au Crew Collective Café. C’est un très bel endroit où profiter d’un café sachant qu’il s’agit d’une ancienne banque. La hauteur sous plafond donne au lieu une sensation de réelle grandeur, tout comme l’architecture très formelle gagnant un peu de chaleur grâce aux lustres aux Kelvin assez bas. Nous enchaînons ensuite sur la promenade du Vieux-Port où nous avons un avant-goût du Cirque du Soleil, spectacle auquel nous allons assister ce soir. Il doit être aux environs de 16h00 quand nous prenons la direction de l’appartement de Yohan en s’arrêtant faire quelques courses dans le but de grignoter avant de partir. Mélanie est à l’appartement quand nous arrivons. Dans le cadre de sa préparation Ironman (elle aussi!), elle enchaîne dans cette fournaise vélo puis course à pied avant de passer à table puis de filer en direction du Cirque. Pendant ce temps-là, nous profitons de la fraicheur de la climatisation dans le salon de Yohan.

C’est en voiture, à l’arrière avec Valentine, que nous nous faisons emmener en voiture au Cirque, conduits par ce qui pourrait s’apparenter à nos parents Yohan et Mélanie. Nous nous garons dans un parking souterrain pré-réserver par Yohan qui nous éloigne seulement de dix minutes à pied du Cirque. Le spectacle est à 19h30 et se nomme “Luzia”. Cela doit faire 25 ans que je ne suis pas allé au Cirque. Une belle occasion pour y retourner au vue du nom clinquant qu’est le Cirque du Soleil, d’autant plus qu’il s’agit du Cirque local de Montréal ! Belle initiative de Yohan de nous avoir proposer cette activité. Le spectacle est grandiose, les représentations sportives et esthétiques s’enchaînent pour le plus grand plaisir de nos yeux. Une problématique technique et de sécurité interrompt le spectacle le temps de cinq minutes, sinon que de dire de ce spectacle de sons, lumières et sportif à couper le souffle. Nous sortons du Cirque avec un soleil couché depuis une petite heure. Nous reprenons tranquillement le chemin en direction de la voiture puis de l’appartement. Petite douche et ça y est, nous sommes au lit. La climatisation est le sauveur de notre venue à Montréal.

Chapitre 22 – Jeudi 19 juin ; Montréal

Yohan et Mélanie sont en télétravail aujourd’hui. Mélanie a son bureau dans la chambre, nous l’entendons échanger en anglais tandis que Yohan est sur la table du salon. Leurs boulots respectifs sont assez éloignés de leur domicile ce qui fait que le “home office” les arrange pas mal, d’autant plus que leur prépa marathon demande une certaine organisation. Nous nous levons donc dans cet open-space très bien climatisé où il est également possible de se préparer un petit déjeuner. Comme hier, notre hôte s’occupe de nous faire cuire des œufs. Yohan et Mélanie prennent une petite pause afin de prendre le petit-déjeuner avec nous.

En plus de vouloir découvrir un peu plus de Montréal, nous ne souhaitons pas déranger nos hôtes dans leur travail. Fin organisateur et planificateur qu’est Yohan, il nous recommande un tour des plus pointilleux afin de visiter ce qui se doit d’être vu à Montréal. Le ciel est couvert ce matin avec une chaleur étouffante et humide, c’est dur à vivre. Nous commençons notre city tour par le Parc de la Fontaine et les rives de son lac pour remonter ensuite à l’Ouest de la ville en direction des rues commerçantes du Boulevard Saint Laurent, de la Rue Saint Dominique et de la Rue Saint-Denis. Valentine et moi rentrons sans intention d’achat dans plusieurs boutiques afin de profiter d’une redescente en température grâce à la climatisation. Le quartier dans lequel nous sommes est, sans parler de la température et de l’humidité, très agréable, avec un charme à l’européenne où piéton, vélo et automobiliste semblent bien cohabiter. Je ne me souviens plus exactement mais je n’ai pas souvenir d’avoir vu beaucoup de pistes cyclables dans les villes que nous avons visité jusqu’à maintenant. Après ce yoyo de rues, nous nous installons manger au Saint-Viateur Bagel & Café Mont-Royal, institution de Montréal qui nous a été recommandée par Yohan. Le serveur à l’accueil nous prévient qu’ils ne prennent pas la carte bancaire, ça m’agace. Je file retirer du cash dans un ATM voisin pendant que Valentine m’attend devant le “restaurant”. Nous commandons nos bagels avant de s’installer en salle. Il doit être aux environs de 12h30, il s’agit ce jour-là d’un énième tête à tête avec Valentine durant ce voyage et il semblerait bien que je ne me lasse pas. Nous commentons l’actualité, ce que nous observons lors de nos virées urbaines ou bien nous restons simplement dans un paisible silence. Nous profitons de ces moments ensemble. Nos bagels au saumon fumé sont rapidement engloutis puis nous repartons en direction du Parc Saint-Wilfried-Laurier et sa très agréable Avenue Laurier E. C’est ici que des premières gouttes de pluie descendent du ciel. Une humidité pleine de chaleur qui peine à faire descendre la température. Les odeurs sont à l’image d’un asphalte bouillant et d’une pluie qui s’évapore rapidement. Yohan nous a prêté son parapluie sous lequel nous nous abritons. Nous cherchons un moyen d’acheter du sirop d’érable, sirop que nous avons vu en nombre hier dans le Vieux Montréal. Faute à pas de chance, tous les sirops qualitatifs se trouvent là-bas et où nous sommes aujourd’hui beaucoup trop loin pour nous y rendre. Nous en trouvons sur la place du Métro Mont-Royal où une jeune française de Tours nous serre. Il s’avère que cette personne connaît du Conservatoire la meilleure amie de Valentine, Constance. Le monde est petit. Il est environ 15h00, nous ne voulons rentrer trop tôt à l’appartement pour ne pas déranger Yohan et Mélanie, nous nous frayons donc un chemin entre les gouttes afin de se poser au Café le Loup Bleu. Nous serions presque dépaysés après un mois et demi outre-Atlantique, tout le monde parle français dans cette ville. Quand je dis “français”, je trouve personnellement que près d’une personne sur deux doit être française sachant qu’elles n’ont pas d’accent.

Nous arrivons à l’appartement vers 16h30-17h00. Nous chillons tranquillement dans le salon, Yohan vient de se faire livrer un énième gadget pour vélo qu’il offre Mélanie. S’en suit un chassé croisé à la douche avant d’aller au restaurant où Yohan a réservé ce soir. Nous y allons en voiture où nous avons un mal fou à trouver de la place. Après deux tours de pâté de maison, le miracle d’une place libre se produit à proximité du restaurant, le Siboire. Il s’agit d’un restaurant convivial, assez bruyant avec une très grande salle où il est possible de dîner et boire des verres. Par chance, les serveurs nous placent dans une salle annexe, un peu moins bruyante. Petit dîner de couples à parler de tout et de rien, accompagnés de poutine, burger et j’en passe. La cuisson du steak de Yohan pose problème, il le fait signaler à la serveuse qui s’en presse de lui en ramener un autre, serveuse qui en réalisera un geste commercial. Nous immortalisons le moment par des photos argentiques et de mon appareil photo. En sortant du restaurant nous partons prendre le dessert dans un magasin de glace “branché” de la ville, l’Iconoglace, la spécialité étant la glace “cookie dough”. Comment dire que nous avons beaucoup mangé de pâte à cookie cru, un peu moins de glace. C’est très bon mais bien écœurant à la fin. Il fait nuit à Montréal, il est près de 21h00. La queue pour le magasin de glace est longue comme le bras, nous avons bien attendu quinze minutes avant de se faire servir.

Nous profitons de la voiture de Yohan qui nous dépose gentiment à la gare routière où nous prenons notre bus pour New York ce soir. Grandes accolades de remerciements pour ce super temps de qualité passé tous les quatre ensemble. Comment ne pas les remercier aussi de nous avoir dépanné une valise qui nous permet de voir sereinement notre retour en France. J’ai tenu ma promesse de venir le voir au bout du monde et au-delà de cette promesse, quel plaisir de passer du temps avec mon grand ami Yohan et de faire un peu plus connaissance avec Mélanie que je ne connaissais que très peu. Les coffre est fermé, le moteur allumé, un dernier geste de la main pour leur dire au revoir puis nous voilà officiellement dans l’attente de notre dernier transit du voyage. Le bus est prévu à 23h45, nous avons deux petites heures à traîner. Nous nous brossons les dents puis attendons tranquillement l’annonce de notre FlixBus. Il ne fait pas très chaud dans ce bus, la climatisation est au max. Une bonne heure après notre départ, nous nous arrêtons au poste frontière de Blackpool. RAS, tout est bien rodé, puis nous reprenons la route pour six nouvelles heures de trajet où nous essayons de dormir comme nous le pouvons. Les sièges en cuir ne facilitent pas les choses étant donné que je glisse de mon siège. Un autre fact de ce voyage étant que nous finirons par perdre notre gourde d’eau acheté à Zion. Pas grave, si les mauvais souvenirs de ce voyage se résument à ça, estimons nous heureux.


Partie III – New York

Nous voilà arrivés au terminus de notre voyage. New York City. Pas de réelle nécessité de rentrer dans un grand détail. Nous sommes ici dans une nouvelle ville, mais quelle ville. Nous sommes en juin 2025, il fait très chaud à New York. Nous sommes hébergés à Brooklyn chez un couple de cinquantenaire prénommés Ainslie et John. Tous deux travaillent dans la production de documentaires / séries. De ce que nous en comprenons, c’est très axé vers des faits divers type “meurtre”. Ils sont payés à la mission donc ils ont certaines périodes off comme en ce moment. Ainslie et John ont deux enfants : une fille qui travaille dans le coding et un fils travaillant dans la cryptomonnaie. Nous croiserons notamment le fils au cours de la semaine. Nous sommes hébergés au premier étage d’une villa de Brooklyn. Il fait très très chaud à l’étage. Il y a un brasseur d’air et Ainslie et John nous ont installé un climatiseur d’appoint. Pendant la semaine, New York enregistrera notamment la journée la plus chaude de la ville depuis 2012… Afin de retrouver les différentes adresses où nous sommes allés, voici un listing de nos journées à New York :

Chapitre 1 – Vendredi 20 juin ; New York
  1. Départ de la gare routière de Montréal à 23h45. Passage de douane en pleine nuit qui aura été assez rapide. Le bus entre les deux villes s’arrête seulement à Albany. Arrivés à 06h45 à la gare routière de Manhattan. Le trajet n’aura donc été que de sept heures.
  2. Trajet en métro jusqu’à Brooklyn, sorti à Prospect Park et halte au Hamlet Café avant de déposer nos affaires au AirBnB.
  3. Passage au AirBnB vers 09h00 pour déposer les affaires. Nous sommes accueillis par Ainslie et John. Nous laissons les affaires dans le salon. Je remarque des goodies des New York Red Bull (un des club de foot de New York). J’apprends qu’Ainslie joue et est impliquée dans l’écosystème “soccer” du coin”.
  4. Retour au métro à Prospect Park et descente vers Sud Manhattan afin de visiter Chinatown et Little Italy. Continuité en direction de Soho. Beaucoup de magasins ne sont pas encore ouverts (ouverture entre 10h00 et 11h00). Nous nous arrêtons chez Nike, Vavaia et Madewell. Nous allons ensuite voir la maison de Friends.
  5. Déjeuner dans une boulangerie chez Madman Espresso & Bakery.
  6. Café toujours vers Soho / Greenwich Village à Oslo Café en terrasse.
  7. Marche jusqu’aux Pier sur les rives Ouest de Manhattan.
  8. Marche en direction de la Ghostbusters House qui est fermée. Descente ensuite vers le Memorial 9/11 et le Westfield qui est architecturalement très beau.
  9. Retour au AirBnB.
  10. Chill à l’appartement puis passage au supermarché afin de pique niquer dans Prospect Park. La boathouse du Park est privatisée ce soir-là pour un mariage.

Journée plus intense que prévue sachant que nous avons mal dormi dans le bus. Environ 23 000 pas pour une aussi courte nuit, on ne l’aura pas tant senti que ça mais nous sommes cuits au retour au AirBnB dans l’après-midi. Je pense que nous étions quand même excité de vivre la New York life. Il fait chaud mais pas trop encore, ça reste vivable pour le moment.

Chapitre 2 – Samedi 21 juin ; New York
  1. Discussion au petit déjeuner avec John et Ainslie qui nous conseillent d’aller à Coney Island voir la Mermaid Parad qui a lieu une fois par an. Pas convaincu puis convaincu.
  2. Métro depuis Prospect Park jusqu’au terminus qu’est Coney Island. C’est samedi, beaucoup de monde déguisé dans le cadre de la Parade qui commence à 13h30. Découverte du coin en passant par Luna Park.
  3. Arrêt à la plage pendant deux heures. Des vendeurs de boisson mexicains qui transportent dans leurs sacs de quoi faire des mojitos et autres cocktails.
  4. Déjeuner à Nathan’s Famous pour manger un hot dog debout à l’ombre puis nous assistons à la Mermaid Parad pendant une petite heure.
  5. Retour au AirBnB pour poser nos affaires de plage et passer rapidement à la douche se rincer.
  6. Métro jusqu’à Manhattan où on s’est trompé d’arrêt pour aller voir Trinity Church, Wall Street et le Taureau à l’entrée de Wall Street. Les gens font la queue pour se prendre en photo avec le taureau, il doit y avoir plus de 50 mètres de gens à attendre les uns derrière les autres.
  7. Ferry qui va jusqu’à Staten Island pour avoir une vue sur la Statue de la Liberté. Le ciel n’est pas d’un bleu éclatant, ça rend l’ambiance assez intéressante.
  8. Il y a un outlet village à Staten Island donc on en profite pour aller chez Nike, Gap et Levi’s.
  9. Ferry retour au coucher du soleil qui nous permet de voir le soleil couchant sur la Statue de la Liberté. Il fait frais sur l’eau tandis que quand nous approchons de Manhattan, un halo de chaleur se fait ressentir avec une sensation d’écrasement.
  10. Nous dînons sur place à Joe’s Pizza proche de Wall Street. L’attente est très longue car nous avons commandé une full pizza contrairement aux commandes de “slices” qui sont servies beaucoup plus vite.
  11. Nous nous motivons à aller à pied jusqu’à Brooklyn Bridge et le traverser by night.
  12. Nous rentrons en métro depuis Brooklyn pour une arrivée approximative à l’appartement vers 23h00.
Chapitre 3 – Dimanche 22 juin ; New York
  1. Métro jusqu’à Harlem afin d’aller y voir un Gospel. Il pleut ce matin, nous n’avons pas prévu d’affaires de pluie. C’est une humidité assez chaude, la température ne redescend pas pour autant. Sur la route nous cherchons un distributeur de billets afin de laisser un peu d’argent dans la quête.
  2. Nous sommes séparés des fidèles afro américains et des touristes asiatiques lors du Gospel, c’est un peu “chacun dans sa case”. L’église est assez grande. Les fidèles sont sur la tribune inférieure tandis que les touristes sur la tribune supérieure. L’ambiance est joyeuse, le son est très fort, la cérémonie est à 90% composée de champ. Je dis à Valentine que je souhaite sortir au bout d’une heure, elle me suit. L’expérience était intéressante mais je ne me suis pas senti à ma place. Me considérant “athée”, j’ai un peu de mal avec le fait que des vies entières doivent être expliquées par la croyance d’un Dieu. Nous laissons vingt dollars dans la quête puis sortons. Il ne pleut plus.
  3. Nous prenons un bus puis nous arrêtons sur la Rive Est de Central Park, au New York City Museum, lieu où Valentine a une référence de série (Gossip Girl?)
  4. Nous marchons dans Central Park afin de se rendre devant le MET. Nous attendons Abou et Sarah avec qui nous avons prévu de déjeuner. Ils sont en voyage dans l’Est Américain pour deux semaines. Abou est américain et a encore de la famille et des amis ici.
  5. Nous passons acheter des cookies à Levain Bakery et mangeons dans un Salad Bar sans fioriture.
  6. Nous nous séparons avec Abou et Sarah et filons avec Valentine au MET où nous y restons jusqu’à la fermeture à 17h00. Etant donné que nous sommes pris par le temps, nous marchons très vite afin de voir les principales œuvres du musée.
  7. Après un après-midi fatiguant à piétiner dans le musée, nous nous posons dans un café à proximité du nom de “Malta Coffee”.
  8. Nous prenons le métro pour aller voir le coucher de soleil sur Brooklyn Bridge. Il y a du monde mais c’est vivable. Des jeunes mexicains jouent de la guitare et chantent sous le pont en hommage à des personnes disparues.
  9. Nous marchons sur la rive Ouest de Brooklyn avec vue sur Manhattan. Nous avons aussi une vue sur le roller rink sur les rives du fleuve.
  10. Ce soir c’est soirée de GAME 7 de NBA entre les Indiana Pacers et les Thunder d’Oklahoma City. Nous passons la soirée au Henry Street Ale House. Nous sommes installés au comptoir, le gérant est trop sympa avec nous. Nous partons un chouia avant la fin du match étant donné que le match est déjà plié. Nous rentrons en métro au AirBnB.
Chapitre 4 – Lundi 23 juin ; New York
  1. Petit-déjeuner avec Ainslie et John dans la cuisine. Il fait très chaud à New York et dans la maison. Le ventilateur fonctionne à plein régime. Nous avons dormi avec la climatisation, obligé.
  2. Visite du MOMA toute la journée où nous y déjeunons le midi.
  3. Depuis le MOMA nous allons à Time Square à pied. Il doit être environ 18h00. La place est très rose en raison de pub T-Mobile en abondance.
  4. Nous nous dirigeons vers la High Line à pied et nous posons dans un café (Bluestone Lane 55 Hudson Yards Café) avant de nous y aventurer.
  5. Nous passons devant l’attraction “Vessel” puis traversons la High Line du Nord au Sud.
  6. Nous rentrons dans le métro mais nos cartes ne marchent pas. Nous nous sommes fait “niquer” car deux entreprises délivrent des cartes de métro : OMNY et MétroCard. OMNY dit proposer des trajets pour sept jours pour 34 dollars, or, il n’y a que 12 trajets inclus pour ce prix, à la différence de MétroCard. Nous prenons donc une MétroCard chacun, nous sommes obligés de repayer 35 dollars par tête.
  7. En sortant du métro à Brooklyn nous sortons nous acheter de quoi manger pour ce soir.
  8. Nous mangeons ce que nous avons acheté (salad, wrap, fromage) dans la cuisine avec John et Ainslie qui partagent la table avec nous. Le moment est chaleureux et convivial. C’est John qui a cuisiné ce soir pour Ainslie. Ils ont pris des résolutions où ils cuisinent un jour sur deux. John s’inspire d’un livre de cuisine bien spécifique pour préparer ses plats.
  9. Pour une fois, nous ne nous couchons pas trop tard ce soir.
Chapitre 5 – Mardi 24 juin ; New York
  1. Journée au Musée d’Histoire Naturelle de New York. Arrivée aux alentours de 10h45 sur le même modèle que ce que l’on a fait au MOMA. Nous avons réservé à 11h00 une attraction sur l’Univers (Encounters in the Milky Way) au Planétarium du Musée.
  2. Déjeuner au Food Court du Musée (qui ressemble plus à une cantine). Le choix est large, c’est pizza pour moi, sushi pour Valentine.
  3. Nous enchaînons rapidement après le déjeuner pour réussir à faire “tout” le musée sans se faire prendre par la fermeture.
  4. Nous sortons du Musée un peu après 16h00 puis nous baladons en sortant dans Central Park étant donné que le Musée donne face à sa rive Ouest. Nous passons par Bethesda Fountain, Central Park Carroussel et Impire Rock.
  5. En sortant du Park nous passons par un Target (la boucle est bouclée, nous sommes passés à Target à Palm Springs au début du voyage acheter notre matelas gonflable) pour acheter des éponges Scrub Daddy.
  6. Nous nous posons ensuite dans un Macdo sur la 8ème Avenue afin de se rafraichir et profiter d’un Milkshake et d’un Sunday pour Valentine.
  7. Comme tous les soirs, nous rentrons tranquillement en métro et nous arrêtons au supermarché à la sortie du Métro Prospect Park afin de s’acheter une salade pour le soir.

Les journées musées sont les plus fatigantes. Piétiner est bien plus éprouvant que marcher, bien qu’un musée soit climatisé.

Chapitre 6 – Mercredi 25 juin ; New York
  1. Nous avons réservé le gratte-ciel SUMMIT à l’ouverture à 09h00. Nous avons un chouïa d’avance donc nous profitons que Grand Central soit juste à côté afin d’aller y piquer une tête. C’est l’heure de pointe, c’est un chassé croisé de personne. Le Hall Principal est tellement grand que bien qu’il y ait du monde, il n’y a pas de sensation de “saturation”.
  2. Nous arrivons dans la fil d’attente du SUMMIT. Tout un protocole commercial est mis en place pour consommer et acheter ce dont nous n’avons pas besoin. Prise de photos presque obligatoire afin d’intégrer nos visages dans des fonds à l’effigie du gratte-ciel. Nous réussissons à décliner et donc passer devant certaines personnes. L’ascenseur nous monte à je ne sais quel étage. Il y a tout un jeu de lumières et sonore afin de vivre une vraie “expérience”. C’est franchement pas mal.
  3. Le SUMMIT surplombe Manhattan. Ce n’est pas le plus haut gratte-ciel de la ville mais ça n’en reste quand même très haut. Nous avons une vue directe sur l’Empire State Building. Nous avons hésité à monter sur l’Empire State Building mais il est vrai qu’être sur l’Empire ne permet pas de le voir. Nous en avons également pour notre argent (le prix est similaire à celui de l’Empire) car plusieurs expériences gratuites sont inclues dans le prix du billet. Le temps d’une heure (le temps dedans n’est pas chronométrée), nous passons dans différentes salles aux différents thèmes. C’est visuel et très photogénique. Le sens de la marche nous mène au dernier étage où est présent un café et une terrasse extérieure. Nous descendons sans consommer. Nos yeux ont consommé.
  4. En sortant nous allons acheter des Donut’s chez “Pan” puis allons nous poser boire un café dans le très agréable Bryant Park. Nous y mangeons nos Donut’s.
  5. Bryant Park donnant sur New York Public Library, nous rentrons observer le bâtiment. La majorité des salles sont privées et destinées aux étudiants. Valentine arrive à se faire passer pour une étudiante afin d’aller contempler la salle principale. Elle ne prend pas de photos, elle se sent bien seule touriste parmi toutes ces personnes qui travaillent.
  6. Nous descendons ensuite la 5ème Avenue afin d’aller voir le Flatiron Building. Malheureusement pour nous, celui-ci est en travaux. Nous faisons donc une pause au Madison Square Park afin de réfléchir à nos prochaines étapes de la journée.
  7. Nous nous arrêtons commander un Matcha (pour Valentine) au “Cha Cha Matcha”, lieu conseillé par Julie, une amie de Valentine. Il est commandé en “take away”.
  8. Depuis le Café nous marchons jusqu’à Chelsea et Chelsea Market. Le marché est très grand, il y a beaucoup de monde. Ces lieux permettent aussi de facilement trouver des toilettes.
  9. Nous empruntons plusieurs rues de Chelsea puis descendons dans Greenwich Village se balader. Nous sommes dans le quartier à la vibe “bobo” de New York.
  10. Nous rentrons faire une pause au AirBnB de 15h00 à 19h00 où nous commençons à packer nos sacs.
  11. Nous ressortons le soir dîner à Manhattan à la Fraunces Tavern où nous avons réservé pour le dernier soir du voyage. Nous n’avons pas beaucoup fait de restaurants “significatifs” jusque-là, nous souhaitions marquer le coup sans un aller pour autant dans un endroit trop fancy. Les plats étaient OK mais loin d’être incroyables.
  12. Après-dîner nous prenons un métro afin d’aller voir Times Square by night. Il y a du monde, les lumières nous font penser à ce que nous avons vécu à Las Vegas. Nous entendons un agent de sécurité dire à un passant que privatiser un 20m² en plein milieu de Times Square coûte 30 000 dollars. Il s’amuse de la personne ayant réservé (du moins c’était un photographe, je ne suis pas sur que ce soit cette personne qui ai payé).
  13. Nous sortons du bruit et des lumières de Times Square afin de prendre le métro retour en direction de Brooklyn et Prospect Park.
Chapitre 7 – Jeudi 26 juin ; New York

Le 26 juin sonnera comme la date qui clôturera officiellement le Chemin de Fer. C’est aujourd’hui notre dernier jour à New York et sur le continent Nord-Américain. Impossible de tenir quelconque conclusion à cette date. Nous avons le droit d’être déjà nostalgique, mais il est hors de question d’avoir déjà la tête au bilan sachant que nous avons encore un jour dans cette ville aussi unique qu’est New York. Notre vol est prévu à 00h15. Nous avons toute la journée.

  1. Dernier petit déjeuner dans la cuisine avec John et Ainslie qui ont accepté que nous laissions nos sacs toute la journée dans leur maison.
  2. Nous ne prenons pas instantanément le métro aujourd’hui. Nous marchons dans Prospect Park (Brooklyn) et rejoignons à pied Public Brooklyn Library qui n’a aucun intérêt.
  3. Nous marchons ensuite dans la quartier de Park Slope situé dans Brooklyn. C’est vivant et sympa.
  4. Pour notre dernier déjeuner à New York nous nous arrêtons manger dans un dîner dans le quartier de Park Slope à “Purity Diner”. C’est bon, simple, efficace. Je mange un bagel, une des spécialités de New York. Il y a le débrief de la draft de la veille à la télé. Le sujet de l’émission est sur les blessures à répétition au Tendon d’Achille (en référence à Haliburton) et si la répétition du matchs n’est pas une raison à toutes ces blessures.
  5. Nous prenons le métro jusqu’à Soho où nous réalisons un dernier tour de shopping. Valentine m’achète un haut chez Madewell (merci Yohan), puis nous rentrons dans Uniqlo et Levis sans rien acheter.
  6. Après notre séance shopping, nous reprenons le métro en direction du quai du ferry menant à Rockaway Beach. Nous avons environ une demi-heure d’attente avant que le ferry arrive. Nous sommes témoin du plus gros postérieur de l’histoire de la chirurgie esthétique. Ca en est indécent. Indécent de savoir la place qu’elle doit prendre dans le taxi dans lequel elle vient de monter.
  7. Le ferry en direction de Rockaway Beach est très long. Cela est expliqué par la distance qui sépare New York de Rockaway Beach. Pour quatre dollars par personne nous en avons pour notre argent en termes de transport maritime. C’est un autre moyen de visiter la ville, nous découvrons plein de nouveaux quartiers de la ville par la mer. Nous passons sous le Verrazano-Narrows Bridge et contemplons cette fois Coney Island depuis la mer. Il y a sur le ferry une famille juive des plus nombreuses. Il y a également deux jeunes asisastiques munis de leur canne à pêche qui semblent enjoué de prendre ce ferry étant donné le nombre de photos qu’ils prennent des alentours. Le trajet en bateau en vaut le coup, au contraire de Rockaway Beach qui est un peu sans saveur. Il n’y a pas de chose significative à voir. La plage est très grande et à perte de vue, c’est tout. Il y a un remblai qui permet de longer la plage tandis que les habitations n’ont rien d’incroyable.
  8. En se promenant sur le remblai, nous nous arrêtons boire une (maxi) limonade et un jus d’orange. Je ne me souviens plus du lieu. C’est un bar à ciel ouvert.
  9. Le trajet en métro jusqu’à Brooklyn est très long. Nous avons un changement de ligne avec près de quinze minutes d’attente. En sortant du métro à Brooklyn, nous avons le droit à une belle averse. Par chance, un bus nous menant pratiquement jusqu’au AirBnB s’arrête juste devant nous.
  10. John et Ainslie ne sont pas là quand nous récupérons nos affaires au AirBnB vers 19h00. Nous prenons une douche avant de partir puis fermons la porte et déposons les clés dans la fente faisant office de boîte aux lettres.
  11. Nous marchons avec nos bagages jusqu’à la station Prospect Park et enchaînons trois métros différents.
  12. Nous arrivons à l’aéroport avec près de cinq heures d’avance sur notre vol. Ce n’est pas un problème, nous n’avions pas plus à faire avec nos bagages à New York.
  13. C’est la fin du Chemin de Fer.

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