(début d’écriture de cet article en 2017)
Trois cent soixante-cinq jours plus tard, je reviens vers vous pour un retour en arrière à propos d’un voyage unique en son genre. Comme vous pouvez le voir dans le titre, je vais vous parler de mon dernier voyage en terres scandinaves, périple qui a eu lieu fin mai – début juin 2016, il y a un an maintenant. Ça remonte à loin, oui, mais comme quoi, la nostalgie affecte tout le monde, en particulier moi qui me remémore souvent tous ces moments hors du commun.
Pour vous rappeler le contexte de ce voyage. Dix jours d’expédition avec Pierre-Alexandre, Marin et Thomas au départ d’Oslo en passant au-dessus du cercle polaire Arctique ayant pour destination les Iles Lofoten et Fredvang où nous avions loué un appartement pour trois jours. Aucune ville étape prédéfinie, aucun hôtel réservé chaque soir. Un voyage économique mais surtout improvisé où nous n’avions clairement aucune contrainte temporelle.
First Day – From Oslo to Beitostolen

Arrivées décalées entre Pierre-Alexandre, Marin et Thomas qui ont touché le sol norvégien dès le 21 mai au petit matin après une courte (!) nuit à l’aéroport de Bruxelles-Charleroi. De mon côté, plus facile de relier la Finlande à la Norvège. Une heure et demi de vol, et un atterrissage en fin d’après-midi à Gardermoen. Une courte visite de la ville pour les gars, un passage chez le coiffeur du coin pour Marin, et hop, rendez-vous devant l’Opéra d’Oslo pour tout le monde aux environs de 18h00. Courses pour le repas du soir, check, valises parfaitement rangées dans le coffre, check, en voiture, c’est parti pour quelques heures de route afin de s’avancer un petit peu sur le “Second Day“. Après avoir élaboré un parcours type pour nos dix jours, destination Beitostolen, “ville” aux portes du parc national de Jotunheimen (un des plus réputés de Norvège). Ironie du sort, gros brouillard à l’entrée du parc. Bien qu’il fasse déjà sombre, la visibilité n’excédait pas les cinq mètres. Arrêt obligatoire en plein milieu de la nuit sous peine de voir notre périple s’arrêter prématurément en cas de trop grosses prises de risques sur la route. Première erreur, arrêt sur un endroit terreux. Bilan, la voiture est déjà dégueulasse.
Second Day – From Beitostolen to Alesund

Réel premier jour de notre voyage plus qu’excitant en ce 22 mai. Beaucoup d’étapes mémorables au programme que nous avions pris le temps d’écrire sur un petit bout de papier des lieux “à voir”. Avec tout cet enthousiasme, nous avions presque oublié que la météo pouvait vite mettre fin à tous nos grands sourires de voyageurs du dimanche. En effet, notre premier stop à Bessegen, l’une des randonnées les plus belles du monde (http://www.nationalgeographic.com/adventure/trips/best-trails/worlds-thrilling-hikes-trails), fût malheureusement annulé en raison du brouillard et de la pluie. Première désillusion mais nous gardons le moral en espérant que tout ce mauvais temps se lève. Retour sur la route, second arrêt inattendu aux bords d’une cascade, petite mais puissante, dont il m’est impossible de retrouver le nom. Vraiment un beau panorama sur les collines de la Norvège du Sud. Ensuite, nous avions en ligne de mire, Geiranger, l’un des joyaux et des lieux les plus touristiques de Norvège. En même temps, cet endroit en vaut le coup. Il s’agit du bout d’un énorme Fjord où d’incroyables montagnes le borde. Un superbe spectacle. Après une pause-café et shopping dans ce cadre plutôt unique, tout le monde de retour à bord de notre Golf. Première interrogation, “où allons-nous?”. Devons nous partir à Alesund et se rallonger un petit peu plus ou bien filer directement vers Trondheim… Comme nous l’avons déjà dit, nous n’avons pas de contrainte temporelle. Direction donc Alesund, ville très connue pour sa beauté et son panorama qui la surplombe. Nous n’avons pas été déçus. Hormis à Bessegen, la météo aura été belle avec nous aurons eu un beau ciel dégagé pour notre ultime étape du jour. Après une pseudo douche prise dans un Burger King, petite bière au pied du phare de la ville, sans prise de tête, en oubliant tous les problèmes du quotidien. Nous sommes tout seul, nous sommes en Norvège et l’aventure ne fait que commencer.















Third Day – From Alesund to Trondheim

Deuxième nuit une fois de plus compliquée mais on s’améliore de jour en jour. Ce jour-là, nous avions trouvé un parking excentré de la ville, dans un coin assez naturel et calme. Après avoir expérimenté le premier soir la méthode dormir tous les quatre assis, nous avons décidé de baisser la banquette arrière et coucher à trois derrière allongé. Trois c’était peut-être trop mais il y a du mieux. On apprend de nos erreurs et on sait enfin comment on pourra s’y prendre ce soir lors de notre troisième nuitée. Avant tout ça, une grosse journée nous attend, pas la plus longue en termes de distance mais pas mal de choses à voir. On décolle d’Alesund aux environs de 9h, petit café et viennoiseries à la station-service Statoil, notre petit rituel du matin. C’en est suivi pour nous une nouvelle aventure. Nous nous basions beaucoup aux panneaux de signalisation touristiques aux bords de la route, donc souvent, quand nous avions le temps, nous prenions le temps d’aller y jeter un œil. Sur ce coup, on nous indiquait une sorte de cascade sous-terraine pour une heure de marche. Bon, pourquoi pas. Une heure, une heure et demi, presque deux heures, nous commencions à clairement s’impatienter. En arrivant finalement à la cascade, rien de bien dingue. Déception… Avant que Pierre-Alexandre rentre dans la grotte et nous dise qu’il y avait un passage. Verdict, après un gros quart d’heure de spéléologie à galérer avec nos flashes de téléphone portable, la cascade était là et la déception fût vite mise de côté. Un joli spectacle avec de superbes couleurs. Nous décidions donc de reprendre la route avec pour nouvelle étape la Route de l’Atlantique, photo et paysage que l’on voit tous sur Instagram ou Facebook. Ce fût effectivement fort sympa avec ce pont en courbe assez impressionnant avec les montagnes en arrière-plan. Super chouette. Il était donc temps de filer en direction de Trondheim, ultime stop de la journée. Une ville vraiment très sympa avec de belles couleurs vives. Un canal très calme, très propre. Vraiment un petit coup de cœur pour les gars et moi. Nous avions garé la voiture sur une aire à côté d’une forêt, Pierre Alexandre et Marin sur les sièges avant, baissés, et Thomas et moi-même derrière allongés. Première nuit que l’on a pu considérer comme reposante.












Fourth Day – From Trondheim to Levang Fergeleie

Le début des problèmes. Enfin, relativisons, un problème qui n’en était pas forcément un puisqu’il s’agit maintenant d’un sacré souvenir. Contexte: afin de rejoindre les Iles Lofoten par les terres et non par ferry, nous avions pour objectif de rallier Bodo, ou du moins s’en approcher un maximum. Une longue étape en perspective en ce 24 mai. Enfin, j’insiste, nous n’étions pas pressés. S’il fallait conduire jusqu’à minuit, nous l’aurions fait. Nous n’avions donc pas forcément de lieux à voir en particulier ce jour-là, à l’exception d’un, Torghatten, un trou dans une montagne qui surplombe toute une baie. Un léger détour mais rien de bien méchant sur le papier. Une petite étape qui en a valu finalement le coup. Si je ne me trompe pas, nous étions arrivés assez tard, aux alentours de 14h30 et où nous avions pris le temps de manger notre lunch. Une heure plus tard, nous rembarquions en direction de Bodo. Deux opportunités s’offraient à nous: passer dans les terres ou longer le littoral réputé comme étant très beau. Seconde option, le littoral a eu raison de nous. Bon… ce qu’il faut savoir c’est qu’en prenant le littoral nous avions deux à trois traversées de ferry (variant entre 15 et 40€ chacune). Le fait est qu’il y a tellement de traversées à prendre en compte dans tout le voyage qu’à la fin tu commences réellement à te créer un propre budget ferry. Jusqu’ici tout allait bien, nous suivions notre route avant que celle-ci s’arrête… nettement! Éboulement sur la voie. Route barrée. Le fait est que, cela était indiqué mais aucun de nous ne parle norvégien. Seule issue possible, une ultime traversée de ferry à trente kilomètres de là. Il était déjà 21h30 mais les routes norvégiennes sont assez désertes en mai. Ainsi, lancé à une vitesse de croisière assez “élevée” (oui nous allions plutôt très vite), nous croisions les doigts pour espérer avoir ce dernier ferry. Verdict, arrivée aux alentours de 21h45 au quai. Nous avons vu le ferry s’approcher de nous, on s’était dit “alléluia, on a de la chance il va effectuer sa dernière traversée”. Et… Raté. Il nous fallait maintenant attendre le lendemain à 7h du matin afin de rallier l’autre rive. Nous avons donc garé la voiture juste en face du quai. Ça nous a également permis de se poser, rigoler, et sortir encore plus de notre zone de confort. Une baraque de pécheur était juste à côté du quai, nous avons également donc pris le temps de se promener. Nous n’étions toujours pas pressés. Enfin il faut le dire… maintenant un peu plus que les jours précédents.










Fifth Day – From Levang Fergeleie to Fredvang

Au mois de mai en Norvège, le jour se lève tôt, très tôt. Surtout que petit à petit, on se rapproche du grand Nord. En ayant loupé à quelques minutes prêt le ferry la veille, nous embarquions dès l’aube aux alentours de 7h à bord de notre fameux ferry. Étrangement, nous étions bien loin d’être les seuls à embarquer à cette heure si matinale. Bien qu’en étant en retard, le cadre et le paysage étaient des plus agréables. Rien de mieux pour commencer une journée. Arrivé à bon port, nous commencions clairement une course contre la montre sans précédent afin de rallier les Lofoten par les terres. En enchaînant kilomètre par kilomètre, en passant finalement le Cercle Arctique au milieu d’un désert rocheux, la fatigue fût vite fait de se faire ressentir. Finalement arrivés proche de Bodo, nos organismes furent tellement à bout que la décision fût prise : on prend le ferry à Bodo. Environ deux heures et demie de traversée à mes souvenirs qui passèrent bien mieux que six à sept heures de trajet par la route (traversée coûteuse pour 150€). Sieste obligée et en ouvrant les yeux, nous distinguions les premières impressionnantes montagnes de ces îles uniques. Nous avons dû toucher terre aux alentours de 18h, le temps de faire quelques courses à la première supérette du coin à la ville Moskenes (Moskenes étant également le nom de cette île de l’archipel des Lofoten). Fini les sandwiches emmental salami, pas cher mais écœurant. Place maintenant à des bons plats de pâtes chaudes, glaces, chocolat, céréales. Dans ces situations, il en faut peu pour être heureux. Prise de possession de notre appartement pour trois nuits également. Un endroit que nous avions trouvé via Booking, pas cher, et vraiment pas déçus du résultat. Tout ce qu’il faut pour passer trois bonnes nuits reposantes et se mettre à jour sur les réseaux sociaux. Parce que c’est bien beau de passer son temps sur la route mais il fallait bien donner des nouvelles aux parents. Maintenant que nous sommes arrivés, autant en profiter, plat de pâtes dans l’estomac, passage sous le douche comme si c’était le premier depuis vingt ans et de retour en ballade. Il devait être aux alentours de 21h30 quand nous avons pris la destination d’une petite plage au Nord de notre île (ce qui devait représenter deux kilomètres de route depuis notre appartement). Une très belle météo et un paysage… juste « wahoo ». C’est à ce moment-là qu’on se dit « ça y est, 2000 kilomètres plus tard, nous avons réussi, nous sommes aux îles Lofoten ». Particularité du lieu, au mois de mai, le soleil ne se couche jamais, il ne fait que longer l’horizon à partir d’une certaine heure. C’est une sorte de coucher de soleil en illimité, un phénomène vraiment sympa à observer. De plus, voir le soleil à son avantage, autour de gigantesques montagnes bordant la mer de Norvège, ça donne quelque chose de plus. D’ailleurs… si nous montions au sommet d’une de ces montagnes ? D’en bas ça n’a pas l’air si haut que cela… Erreur Axel. 22h pétante, nous voilà à gravir une modeste montagne bien plus haute que prévue. Première galère aux Lofoten après que Marin, Thomas et moi fût arrivés au sommet après une bonne heure si ce n’est plus. Mais bon, maintenant la phrase « elle n’a pas l’air bien haute cette montagne » reste omniprésente dans nos vadrouilles et un sacré souvenir de ce voyage. Premières tensions et premiers ras le bol suite à cette péripétie expliqué majoritairement par la fatigue accumulée des derniers jours (et surtout par mon erreur). Retour à l’appartement dans le calme, enfin… des moutons assez sanguins ont bien failli nous retarder encore plus en pensant que nous allions faire du mal à leurs petits.











Sixth Day – Ryten & Kvalvika Beach

Suite aux péripéties de la veille, et plus particulièrement à la fatigue générale, gros dodo autorisé ce jour-là. Enfin, ne croyez pas que nous avons dormi jusqu’à midi. Levé 9h30, premier petit déjeuner avec un bon lait chaud, de bonnes céréales. Le rêve pour tout voyageur qui partent à « l’arrache », comme nous. En plus, dehors il fait beau sérieux ! Quelle chance alors que souvent dans cette zone la météo est capricieuse et change tous les quatre matins. Aucun nuage à l’horizon, il n’y a plus qu’à profiter. Notre randonnée du jour se nommait Ryten, un point de vue assez hallucinant surplombant la plage de Kvalvika Beach. Evidemment, cela ne parle pas à grand monde comme ça. Il s’agissait d’un lieu observé grâce à Instagram où de jolies photos étaient à faire. Tout de suite, quand on nous dit que l’on peut faire de belles photos, on signe. Embarquement immédiat pour effectuer… cinq minutes de voiture. Oui pas plus, le parking était clairement juste à côté de-là où nous logions. Une demi-heure plus tard, nous arrivions au niveau de la plage, et encore une fois, ce fût quelque chose de grand, très grand. La beauté de mère nature représentée en une plage de sable entourée de montagnes rocheuses. Difficile de trouver de nouveaux adjectifs mais sérieusement, qu’est-ce que c’est beau. Le plan était donc de monter au point de vue de Ryten, y boire une bière afin de marquer l’occasion et manger sur la plage en redescendant. Ce qu’il faut savoir c’est que nous partions du point 0, au niveau de la mer, pour ensuite monter de 550 à plus de 1000 mètres parfois. Ça commence à en faire du dénivelé positif… Nous n’étions pas pressé, la météo était somptueuse et nous étions dans un cadre que peu de personne ont la chance de voir. C’était vraiment marcher pour profiter, s’évader et prendre un grand bol d’air. Arrivés au sommet, nous étions loin d’être les seuls, mais cela restait dans la mesure du correct. Cinq à dix personnes, essentiellement des Norvégiens. Comme prévu petite bière, petites photos et évasion la plus totale pendant quelques minutes en contemplant la vue. Ah oui aussi, petite sieste pour Marin qui fût la « tradition » à la fin de chaque randonnée… Sur la redescente, bonne grosse pause sur la plage. Et puis idiots que nous sommes, nous avons eu l’intelligente interrogation suivante: « On irait pas se baigner ? » Marin, Pierre-Alexandre et moi étions clairement en caleçon avant même d’avoir donné une réponse à cette même question. GoPro enfilée en harnais check, trois… deux… un… sprint à toute vitesse dans l’eau glaciale de la Mer de Norvège. Juste le temps de mettre tout notre corps à l’eau qu’il était déjà temps de ressortir tellement le froid coupait et blessait nos pieds et mains (nous nous y sommes pris à deux fois car il y a eu un problème avec la GoPro, la loose mais c’était plus un plaisir qu’autre chose). Donc nous pouvons le dire, nous nous sommes baignés au-dessus du cercle Arctique, pas mal non ? Derniers moments de partage avec ce lieu, dernières photographies visuelles qui resteront à jamais dans nos têtes de gamins de vingt ans. Le retour fût calme, entre handballeurs qui se respectent, le match Veszprem-Kiel nous tendit les mains en rentrant à l’appartement. Juste le temps de faire deux trois courses à la supérette du coin, la journée (qui au final ne finit jamais sachant que le soleil reste omniprésent) touche à son terme. Au lit, de belles choses nous attendent encore demain.










Seventh Day – Munken Peak

Quel-est le plan aujourd’hui? Bonne question. Tellement d’opportunités s’offrent à nous. En trois jours il est impossible de tout faire, si ce n’est un centième de ce qui est possible aux Lofoten. Petit coup d’œil sur Google. Tout le monde parle du point de vue donnant sur le village de Reine, surement le plus réputé des Lofoten. Arrivés sur place, aucune trace d’un potentiel départ de randonnée, à force de tourner tourner et encore tourner en rond c’était à se demander si nous n’étions pas débiles. Par chance, nous croisions la route d’un français, randonnant seul et qui s’apprétait à prendre le départ de cette fameuse randonnée. « J’y vais mais on m’a dit que c’est dangereux et que les sols sont instables, je peux vous donner le plan de la randonnée que j’ai fait hier, pas si loin de là ». De base, je vous dirai que le danger ne nous fait pas vraiment peur mais sachant que nous n’étions pas les mieux équipés (voyage économique signifie aucun bagage en soute) nous décidions de ne prendre aucun risque. Écoutant ce gentil monsieur bien loin de -l’idiotie de nous-mêmes français à l’étranger, nous avons pris le départ du Munken Peak, juste après le village de Moskenes si je ne me trompe pas. Une fois de plus, la météo était présente, et pas qu’un peu ! En Norvège, en mai et en tee-shirt sous plus de vingt degrés. Qui l’eut cru que nous allions revenir avec des couleurs… Problématique de ce parcours, la neige. La neige en elle-même n’était pas un problème majeur, elle cachait tout simplement une grande partie du sentier. Pas facile de voir où nous allions. Premier pépin physique à la moitié de la randonnée, Thomas s’est fait la cheville. Bon, on fait quoi… Nous avons donc choisi de continuer et de se donner rendez-vous au même endroit deux heures plus tard. Le temps pour lui de se reposer et pour nous d’aller au sommet. La neige nous joue une fois de plus des tours. Nous apercevons en quelque sorte la finalité de l’étape du jour mais « où est le sentier ? ». Pas grave, nous grimpons là où nous pouvons. La végétation n’est pas dense à ce niveau du globe terrestre donc tous les « chemins » sont plus ou moins praticables, en revanche, ils ne montent pas tous de la même manière. Touchant presque au but, Pierre-Alexandre et Marin décidâmes d’abandonner, de mon côté je pris la décision de monter. Que d’adrénaline. La fatigue, la difficulté du sentier, la neige, de l’escalade… Bref, j’y suis, juste qu’une envie de crier de joie tellement c’était dur. Aucun témoin mais croyez moi que mon sourire parlait pour lui-même. Rapides photos, contemplation du paysage et redescente pour ne pas trop inquiéter les copains. La seule bad news est que sur le retour nous avons trouvé le fameux sentier qui aurait permis aux copains de monter avec moi. Bon… tant pis… Je suis déçu mais nous avons encore une randonnée qui nous attend demain. Juste le temps de retrouver Thomas que nous étions repartis par un autre chemin afin de voir autre chose sur le retour. Sieste, casse-croûte mais surtout manque d’eau. Mauvais calcul du besoin en eau sous cette chaleur. Ce manque nous pressa clairement un peu plus sur le chemin du retour. Arrêt express à une supérette, achat des besoins nutritifs du soir. Etant seuls sur les routes des Lofoten, il a donc été l’occasion pour Marin de prendre le volant. Oui, bon… à ce moment-là, Marin était encore en cours de conduite en France. Disons que ça s’est vu, on a eu peur mais on s’est aussi bien marré. Retour à la maison, douche et gros dodo après une journée riche en émotions, mais surtout riche en efforts physiques. C’est moche à dire mais demain c’est déjà le dernier jour aux Iles Lofoten. Le temps passe si vite quand on profite autant.












Eigth Day – Himmeltindan
(Après m’être arrêté à la rédaction du septième jour en 2017, je prends le pari de reprendre l’écriture de ce carnet de voyage, quatre ans plus tard).

Troisième journée complète entre terres et mers, au-dessus du cercle polaire. Nous savions que ce voyage allait être intense. Deux mille kilomètres en cinq jours, ça use. Les Lofoten restaient notre destination finale, notre objectif. Ces trois jours sur place représentaient donc beaucoup pour nous. Tout ce que nous avons pu voir sur les réseaux sociaux à propos de ces îles, tout ce dont nous rêvions, nous y étions. Après deux journées de randonnée intenses sous un soleil de plomb, la fatigue se distingue. En revanche, il serait égoïste de notre part de se plaindre tant nous réalisons la chance que nous avons d’être-là. Nous dormons bien, nous mangeons bien, les journées et la luminosité sont omniprésentes. Comme pour Munken Peak, nous faisons le choix de notre randonnée le matin même. Un large panel s’offre à nous chaque jour. Le choix est donc difficile. Nous avions principalement ciblé deux randonnées avant de partir: Ryten / Kvalvika Beach et le point de vue sur Reine (que nous n’avons pas trouvé et qui nous a été déconseillé). De ce fait, lors de ce troisième jour, nous avons scrollé Google afin de voir ce qui pouvait être le mieux pour nous. Notre choix s’est porté sur Himmeltindan, à 40 kilomètres à l’Est de Fredvang, là ou nous logions. Cette randonnée, un peu plus lointaine que les autres, nous a tout d’abord permis de voir une autre partie des Îles et de reprendre un petit peu la route afin de ne pas perdre nos bonnes vieilles habitudes. Nous nous garions sur un parking face à une plage. Un soleil bleu magnifique pour une journée une fois de plus splendide. Marin commença bien la journée en marchant dans une flaque pleine de boue. S’en est suivi une randonnée aussi délicate que les précédentes avec des névés assez importants qui ne nous ont pas permis pas de suivre le sentier. Marin (encore lui) en aura fait les frais après qu’un névé ne put résister à son poids. Au final, c’est le ruisseau qui l’attendait sous cette fameuse neige… Après une longue ascension, nous ne parvenons finalement pas à rejoindre le sommet. Entre fatigue, frustration, énervement, nous faisons une croix les cinquante derniers mètres d’ascension en raison de la trop grosse quantité de neige. Rappelons-le, nous ne sommes pas parti équipé, nous montions avec des running. Ce que nous avons marché et réalisé pendant ces trois jours était peut-être inconscient mais aussi respectable sachant le peu de matériel que nous avions. Arrivé au (presque) sommet, une petite sieste s’imposa pour Marin. Un panorama exceptionnel sur l’île de Moskenes s’offre à nous. Après quelques photos individuelles en guise de souvenirs, nous prenions le temps de redescendre. L’approche à l’aller étant longue et compliquée, nous avons donc pris un certain plaisir à descendre d’Himmeltindan, en étant tout au long de la descente face à cette vue grandiose. Arrivés sur le parking, nous prenons le temps de faire quelques courses à Ramberg, si mes souvenirs sont bons, afin de profiter d’un dernier repas chaud. Une fois nos estomacs rassasiés, nous faisons durer au maximum ces 24 heures en ressortant la voiture le soir-même. Couché de soleil, taureau avec notre ballon sur la plage, l’émotion est immense. Nous avons réussi à atteindre les Îles Lofoten depuis Oslo, sans dormir et se doucher une fois dans un hôtel, quel bonheur. Quelle tristesse également de quitter cet endroit unique, à ce-jour (en 2016) pauvre en touriste et en amateurs des réseaux sociaux. Nous ne savons pas vraiment si nous aurons la chance de retourner ici un jour. L’aventure a été belle, maintenant il faut rentrer à Oslo en 48 heures pour un difficile retour à la réalité.















Ninth Day – From Fredvang to Steinkjer

C’est le retour. Fini les randonnées, le soleil de minuit et les nuits dans un lit. Il est l’heure de rentrer, de prendre la direction d’Oslo pour un retour sur Toulouse pour Marin, Pierre-Alexandre et Thomas, et sur Helsinki pour moi. Nous avions bien précisé sur notre périple que ces derniers jours serviraient essentiellement à rouler, afin de réussir à faire ces 2000 kilomètres en deux jours. Contrairement au trajet aller, nous ne prévoyons pas de prendre le ferry entre  et Bodo. Fin de voyage oblige, notre budget de nous le permet pas. C’est donc par la route que nous planifions de rejoindre Trondheim. Pour donner un ordre d’idée, il est écrit sur le GPS 1221 kilométres. Bon.. nous ne sommes pas pressés, nous avons tout notre temps. Le seul “problème” (qui n’en est pas un) est que je suis, légalement vis à vis du contrat de la voiture de location, le seul à pouvoir conduire la voiture. Seul Thomas a ensuite le permis. De Fredvang, nous devons rejoindre dans un premier temps Narvik, à l’extrémité Est des Îles Lofoten. Après quelques kilomètres je ressens de la fatigue et laisse ainsi le volant à Thomas. Après un virage mal négocié et une grosse frayeur pour tout le monde, je me charge de récupérer le volant afin de que nous rentrions sain et sauf aha… Arrivés à Narvik après (seulement) 350 kilomètres, petit arrêt au MacDonald afin de reprendre des forces et repartir le ventre plein. A un moment, en plein milieu de la Norvège, sur une route semblable à une départementale, nous nous retrouvons bloqués dans un embouteillage. Raison que nous y ignorons encore mais une bonne demi-heure de perdue avant qu’un engin de chantier nous ouvre la voie afin de traverser un tunnel assez flippant. Les kilomètres ne s’arrêtent plus, l’obscurité tombe petit à petit. Les seuls avantages de cette course d’endurance restent les paysages, tous aussi beaux et différents les uns que les autres. Quelques heures après notre arrêt à Narvik, il est déjà l’heure de “dîner” nos habituels sandwichs salami-emmental au bord d’un lac. La météo est belle, il n’y a pas une brise de vent, il n’y a personne, nous profitons encore et encore. Il est maintenant 21h00, 22h00, 23h00, les kilomètres ne s’arrêtent pas. Je commence sérieusement à fatiguer et à piquer du nez. Nous tombons sur une station service pendant la nuit. Je me sens donc obligé pour moi et pour les gars de m’arrêter boire un café pour tenir le plus possible. Marin, sur le siège passager, me fait le plaisir de rester éveillé une bonne partie de la soirée où nous discutons agréablement pendant que Pierre-Alexandre et Thomas dorment à l’arrière. Il est 2h00 du matin, nous arrivons à Steinkjer à 100 kilomètres avant Trondheim. Je suis crevé, les gars sont crevés. Nous décidons de nous arrêter là pour la nuit. Nous avons bien roulé, nous ne sommes pas en retard.
Tenth Day – From Steinkjer to Oslo

Nous sommes le 30 mai 2016, il est 09h00 à Steinkjer, nous sommes sur un parking de supermarché et nous nous réveillons à peine. Dormir jusqu’à 09h00 dans une voiture, ça en dit long sur le degré de fatigue que nous avions accumulé. Le but de notre journée d’hier était, initialement, de relier Trondheim afin de profiter un peu de la ville que nous avions particulièrement apprécié lors de l’aller. N’étant pas bien loin, nous prenons le temps de nous diriger vers la troisième ville du pays afin de s’y promener. Il fait beau, les rues sont pleines de norvégiens, les boutiques sont ouvertes, que demander de plus? Nous sommes réellement dégueulasses et nous ne devons pas sentir très bon mais qu’est ce qu’on s’en fout? Ce sont nos derniers moments en Norvège et nous profitons réellement de ce côté un peu plus citadin que nous n’avons pas côtoyé durant ces dix jours. Après une ballade dans la ville, un café siroté dans un Starbucks et les batteries de téléphones rechargées, nous décidons en milieu fin d’après midi de reprendre la route, après avoir pu se reposer et profiter. Il ne reste maintenant que 500 kilomètres afin de se rendre à l’aéroport des gars. Cette dernière étape se fait paisiblement. Nous roulons de nuit sachant que leur avion décolle aux aurores. Le GPS nous fait notamment passer par des routes de campagne agréables à travers les champs, où l’on croirait se retrouver au cœur de notre Sud-Ouest français. Il doit être aux alentours de 4h00 ou 5h00 du matin, nous voilà arriver à Oslo. 50 kilomètres encore avant de rejoindre l’aéroport au Sud d’Oslo. Les gars me disent au-revoir. Nous nous revoyons maintenant dans moins d’une semaine en France. L’histoire retiendra que leur périple pour eux n’est pas fini. Une nouvelle nuit les attend à l’aéroport de Bruxelles-Charleroi. De mon côté, la voiture est rendu auprès d’Europcar, rien à signaler.
Quatre ans plus tard, je finis d’écrire sur ce voyage. Dans dix ans, vingt ans, dieu sait ce qu’il se passera, mais nous aurons toujours ce privilège de pouvoir lire et sourire face à ce texte, ces photos et nos vidéos. Ce voyage nous liera ainsi jusqu’au bout de notre vie. La preuve, quatre ans ont passé, déjà. Le temps passe, et rien n’a changé.